Les candidats marseillais rivalisent de mesures sécuritaires

Décryptage
le 10 Mar 2020
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Parmi les propositions présentes dans tous les programmes, la sécurité figure parmi les premières priorités. Entre caméras et police municipale, passage en revue de ce que proposent les sept listes en lice.

Le maire passe en revue les effectifs de la police municipale, le 28 janvier 2016. Photo : BG.
Le maire passe en revue les effectifs de la police municipale, le 28 janvier 2016. Photo : BG.

Le maire passe en revue les effectifs de la police municipale, le 28 janvier 2016. Photo : BG.

“La sécurité est la priorité des Marseillais”, insiste Jean-Claude Delage, ancien secrétaire général du syndicat d’Alliance police et candidat sur les listes de Bruno Gilles. Sur tous les tons et tous les modes, cette maxime est tenue pour acquise dans une ville où les règlements de compte font entre 20 à 30 morts par an. Mais, dans le cadre municipal, l’action sécuritaire est limitée. “Bien sûr, je n’oublie pas que la lutte contre l’insécurité est d’abord l’affaire de l’État et que la réponse ne peut pas et ne doit pas être que répressive”, écrit ainsi Samia Ghali (divers gauche).

La police municipale a en effet des champs d’action limités et réglementés dans le code général des collectivités territoriales. Elle est notamment chargée de “réprimer les atteintes à la tranquillité publique”, de réguler “la sécurité et la commodité du passage” dans les rues ou encore de gérer “le maintien du bon ordre dans les endroits où il se fait de grands rassemblements d’hommes” comme les marchés.

Pour accomplir ces missions, 438 à 450 policiers municipaux – les chiffres divergent – sont aujourd’hui employés par la mairie de Marseille. Leur nombre a fortement augmenté durant les deux dernières mandatures de Jean-Claude Gaudin mais cela reste insuffisant, jure l’intégralité des candidats à sa succession. Chacun avance un nombre de recrues accru pour mieux accomplir ces missions. Six candidats sur sept demandent d’ailleurs plusieurs centaines de policiers supplémentaires.

“Les habitants sont en demande d’une présence policière permettant de prévenir et dissuader les crimes et délits de toute nature, et de ramener un sentiment de protection”, justifie le programme de Martine Vassal, la candidate qui avec un objectif de 1500 agents prévoit de recruter le plus. D’accord sur le fond, Stéphane Ravier (RN) et Bruno Gilles (divers droite) restent autour de 1000 policiers municipaux, estimant que Martine Vassal donne dans la surenchère, sachant que 100 hommes et femmes en bleu coûtent en moyenne 10 millions d’euros par an à la mairie.

Le septième candidat, Sébastien Barles (soutenu par Europe écologie-les Verts) n’en fait pas sa priorité. Le chiffre que nous avançons, de 20 à 50 policiers supplémentaires sur l’étendue du mandat, n’apparaît d’ailleurs pas sur son programme. C’est Étienne Tabbagh, un de ses colistiers et artisan de son programme, explique le sens de leur réflexion : “Des économies de dépenses de fonctionnement sur la vidéosurveillance et le protocolaire peuvent permettre des embauches. Mais comme les chiffres sont opaques, on n’arrive pas à savoir si on peut recruter 20 ou 50 agents en plus.”

Cette liste baptisée “Debout Marseille !” évoque les règlements de compte pour positionner la ville comme candidate à “une légalisation expérimentale du cannabis qui permettra de faire baisser le trafic et d’empêcher la lutte armée entre les trafiquants”. Une pierre angulaire de son dispositif sécurité que Sébastien Barles a détaillée sur notre plateau. Les autres candidats sont moins diserts sur le sujet et se contentent d’insister sur la coordination avec la police nationale.

Samia Ghali (divers gauche), Stéphane Ravier (RN), Yvon Berland (LREM) et les deux membres de la majorité sortante Bruno Gilles et Martine Vassal y ajoutent les caméras de vidéo-surveillance (entre 1000 et 1500 sont déployées aujourd’hui). “Repenser la vidéoprotection pour traquer racailles et trafiquants, pas les automobilistes”, insiste Stéphane Ravier (RN). Ils comptent poursuivre le déploiement initié par Caroline Pozmentier, adjointe au maire aujourd’hui ralliée à Yvon Berland. Ce n’est pas le cas de Debout Marseille ni du Printemps marseillais, qui annoncent “un moratoire”. “Quatre études nationales successives ont démontré leur inefficacité, et ils sont très coûteux (installation, fonctionnement, personnel mobilisé)”, justifie l’alliance menée par Michèle Rubirola (dissidente EELV) qui regroupe une dizaine de partis de gauche et de citoyens.

Un point semble faire consensus entre les candidats : la nécessité d’une répartition plus équitables des forces sur la ville. Plusieurs candidats entendent spécialiser la police municipale en la sectorisant : “trois bases Nord, Centre et Sud” pour Bruno Gilles comme pour Yvon Berland, “un commissariat par arrondissement” pour Stéphane Ravier, “une base dans chaque secteur” dans le programme de Martine Vassal ou “des commissariats portables” pour Sébastien Barles qui s’installerait pour quelques jours dans un quartier pour y mettre à plat les problèmes et “rétablir une relation de confiance”. L’ensemble des candidats estime aussi qu’il faudra spécialiser les agents dans certains domaines avec des unités dédiées, notamment dans les transports comme l’ont esquissé dans ces derniers mois la mairie et la métropole. Enfin, chacun y va de ses mesures propres dont nous avons retenu un exemple :

 

Les ressources
– Le programme des listes de Michèle Rubirola
– Le programme des listes de Sébastien Barles
– Le programme des listes de Samia Ghali
– Le programme des listes d’Yvon Berland
– Le programme des listes de Bruno Gilles
– Le programme des listes de Martine Vassal
– Le programme des listes de Stéphane Ravier
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Commentaires

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  1. Zumbi Zumbi

    “la sécurité et la commodité du passage” : je n’ai jamais, je dis bien jamais vu un seul policier municipal faire quoi que ce soit pour faire enlever une moto garée en plein milieu d’un trottoir, pour faire respecter la réglementation sur les implantations de terrasses, pour faire enlever illico les voitures ou camions sationnant sur les pistes cyclables (il en existe une ou deux!). Bref, ma sécurité et ma commodité de piéton n’est apparemment pas du ressort de la police municipale selon Gaudin-Vassal.
    Nota bene : apparemment Ravier trouve qu’il y a trop de répression contre les automobilistes ! Souhaiterait-il que soient verbalisé.e.s les piéton.ne.s qui s’en prennent aux motards, patrons de bars et restaurants et automobilistes qui attendent à notre liberté de circulation ?

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    • vékiya vékiya

      sans parler de la fameuse / fumeuse police de la propreté. existe t-elle encore ?

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  2. leravidemilo leravidemilo

    Hou, Hou, Marsactu: Début du 3ème paragraphe après le premier tableau des listes, la phrase “… … et les deux membres de la majorité sortante Bruno Gilles et Stéphane ravier y ajoutent des caméras…”, prête pour le moins à confusion…. et pourrait donner de mauvaises idées à ceux qui n’en manquent pas…
    (Qui plus est, zapper ainsi M Vassal, comme si vous ne l’aviez pas reconnue “facialement” risquerai d’accroitre son addiction à l’affichage, pour le plus grand malheur de notre ville, déjà fort enlaidie.)

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  3. Alceste. Alceste.

    Trois réflexions aux différents commentaires: beaucoup d’affichage avec la course au recrutements et au nombre de caméras . Les candidats parlent peu d’économies et d’emplois , enfin des vrais emplois avec de vraies entreprises ,et non pas ces recrutements en masse dans les administrations. Autrement dit quand il y a du boulot cela va quand même mieux. Enfin , la volonté politique de mettre un bon coup de pied dans la fourmilière des trafics en tous genres n’y est pas. Vous ne me ferez pas croire que la Police , la Gendarmerie ou la Brigade Financière ne savent pas qui est qui, et qui fait quoi dans le milieu de la délinquance marseillaise.

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