"Mieux vaut des artistes critiques que des artistes dévots"
"Mieux vaut des artistes critiques que des artistes dévots"
C'est en toute conscience et certes pas innocemment que Pierre Sauvageot et son équipe artistique de Lieux publics ont fait le choix des Métamorphoses. Un nom légèrement galvaudé, un peu à la mode pour baptiser leur édition de 2013 : "Cela nous a intéressés de piquer ce mot là parce qu'on s'est aperçu que les politiques l'emploient de plus en plus. On sent bien que cette ville un peu spéciale, qui n'a pas le même destin que les autres villes subit une mutation très forte. Accompagner cette mutation par le terme des métamorphoses, je trouve que c'est beau."
Le deuxième acte de Métamorphoses se déroule devant la Gare Saint-Charles. Un lieu qui n'a pas été choisi au hasard, "un escalier monumental qui ne mène absolument nulle part, une scène de théâtre extraordinaire […] C'est une gare centrale en impasse, ce qui n'est pas rien, il n'y a pas une seule grande ville française dans cette situation. Les artistes qui travaillaient avec nous sont arrivés à la même idée, Marseille est une impasse, c'est une grève, une sorte de bord de mer où les choses viennent se poser les unes derrière les autres et y restent."
Pour le compositeur, l'année capitale aura eu le mérite de propager une tendance, celle d'amener l'art dans l'espace public. Ce que défend d'ailleurs Lieux publics depuis quinze ans. "Je suis frappé de voir à quel point la question de la présence des artistes dans l'espace public est devenue une question clé de cette année capitale. Au-delà de ce que peuvent faire les arts de la rue, énormément d'artistes aujourd'hui veulent travailler dans la ville, avec la ville. […] Pas simplement parce qu'il y aurait plus de public, car parfois il n'y a pas tant de monde que ça, – même si c'est gratuit dehors -, mais parce que tout à coup ils ont le sentiment d'être en prise directe avec la réalité, avec les gens avec lesquels ils vivent."
Renoncer aux quartiers nord
Dernièrement, Pierre Sauvageot regrettait dans une interview donnée à Libération que l'on connaisse davantage les structures que les artistes : "On est à une période où l'on parle peu des artistes, on s'en méfie, on se réfugie beaucoup derrière les structures culturelles, on ne leur fait pas assez confiance." Mais n'est-il pas inquiétant pour les institutions de lâcher les artistes dans cet espace public, d'abolir les barrières matérielles qu'offrent les structures ? "C'est vrai que souvent, celui qui donne l'autorisation est celui qui finance la manifestation. Il veut donc naturellement s'y retrouver. Mais les artistes ne sont pas là pour que les gens s'y retrouvent. Souvent, les politiques qui ont le plus réfléchi à ces questions savent qu'il faut mieux des artistes critiques que des artistes dévots qui ne servent à rien."
Alors que beaucoup regrettent une quasi absence de projets de Marseille-Provence 2013 dans les quartiers nord, Pierre Sauvageot explique pourquoi Lieux publics en particulier a fait le choix du centre-ville : "Nous avons renoncé aux quartiers nord. Au moment où l'on s'est recentré sur le centre-ville, on s'est dit qu'on ne pouvait pas faire de l'éphémère dans ces quartiers. Il faut y travailler dans la durée. Évidemment débarquer dans des cités, dans des quartiers où il n'y a pas d'espaces publics, de place publique, où les gens ne se retrouvent pas, lâcher des confettis n'aurait pas été particulièrement passionnant."
Commentaires
L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.
Vous avez un compte ?
Mot de passe oublié ?Ajouter un compte Facebook ?
Nouveau sur Marsactu ?
S'inscrire
Bonjour, ça modère sévère chez Marsactu ! bon, c’était très joli les pestacles de 2013, ça passe ça ?
R
Se connecter pour écrire un commentaire.
La géographie ferroviaire n’est pas le fort de M. Sauvageot. Outre les 6 gares en cul de sac de Paris, il y aussi Orléans, Tours, Bordeaux, Brest, etc. On veut tellement faire de Marseille une ville différente…
Se connecter pour écrire un commentaire.