Le Velotour ne tourne toujours pas rond

Le Velotour ne tourne toujours pas rond

"Nous ne subventionnons que des associations, pas du privé. Et ça passe toujours au conseil municipal". Lorsqu'on l'interrogeait l'année dernière sur le soutien de la mairie de Marseille, la ligne de Maurice Di Nocera, adjoint aux grands événements, était claire. Il se trouve, comme l'a montré notre article à l'époque, que ni l'une ni l'autre de ces conditions n'étaient remplies pour le Velotour.

C'est désormais clair et assumé : ce circuit à vélo payant qui passe par de nombreux bâtiments historiques et insolites est organisé par une société privée basée à Paris, Event etc. Ça n'empêche pas la mairie de reconduire son soutien pour cette édition, à hauteur toujours de 40 000 euros. "Il n'y a jamais eu de subvention, c'est une aide en communication", nuance Maurice Di Nocera. Pour être précis, la collectivité signe – sans vote des élus – un marché public "d'achat d'espace et droits d'image".

Bref, du sponsoring. "Est-ce que c'est une belle opération, qui profite à l'image de la ville, au tourisme, à l'économie, oui ou non ?", interroge Maurice Di Nocera. Ce financement public d'un événément privé n'est pas isolé, du Paris Roubaix à l'Open 13. "Les autres villes (Dijon, Orléans et depuis cette année Grenoble, ndlr) aident aussi le Velotour", souligne d'ailleurs l'élu. Soucieux de montrer que les doutes ont été entendus, il insistait lors de la conférence de presse sur "le changement du président de l'association", dont nous avions retrouvé le nom dans plusieurs sociétés sous-traitantes. Et de toute manière, "c'est Event etc qui organise à Marseille. L'association Velotour, c'est à Dijon", rappelle l'organisateur dépêché pour présenter la journée du 29 septembre.

Marchés ici, subventions là-bas

Ces virages serrés ne clarifient pas tout. Lorsqu'on achète un billet en ligne pour Marseille (la participation coûte entre 8 et 15 euros suivant la date) l'association Velotour est toujours présente. Erreur de mise à jour ? Plutôt un signe de plus que les structures (la société Event etc et l'association Velotour) sont interchangeables au gré des circonstances. L'opération ne partage-t-elle pas dans les quatre villes un même chargé de projet, un même portail internet, les mêmes prestataires liés aux fondateurs originels de l'association ? Et en définitive, la marque Velotour, puisqu'elle a été déposée, n'est-elle pas propriété de ces derniers ?

D'où un problème persistant : à Dijon et Orléans, c'est toujours l'association Velotour qui est mentionnée officiellement sur le règlement. Ce qui lui permet de récolter des dizaines de milliers d'euros de subventions – pas des marchés publics – de la part des collectivités. Quant on connaît les liens commerciaux que nous avions mis à jour, il y a de quoi douter de la validité de ces subventions… Ce n'est, on l'a vu, pas le cas à Marseille. Ni à Grenoble, où c'est une autre société, Full Time Sports, qui a racheté les droits pour endosser le maillot d'organisateur, avant de signer des marchés d'achat d'espace avec les collectivités locales.

Dernière embûche : la ville de Marseille va tout de même faire bénéficier le Velotour du renfort de 180 volontaires, via l'opération Tous bénévoles mise en oeuvre pour accompagner les évènements de la capitale culturelle. Si le bénévolat pour une société commerciale n'est pas strictement interdit, il est très fortement encadré. En jouant les intermédiaires, la mairie de Marseille roule donc sur des chemins de traverse. Elle a bien pris soin de préciser dans une charte que la participation "est librement choisie ; il ne peut donc exister de lien de subordination, au sens du droit du travail" entre collectivité et bénévoles. On espère quand même que tous seront pleinement conscients qu'ils n'oeuvrent pas en faveur d'une association.