"A l'origine, l'Estaque n'est même pas un village"
"A l'origine, l'Estaque n'est même pas un village"
Jean-Marie Arnaud Sanchez est un arpenteur d'histoires. Comédien et tchatcheur, il est installé à l'Estaque depuis plusieurs décennies où il y a (ré)inventé le concept de tchatchade : une discussion ouverte et libre entre citoyens humains, jouant des mots qu'ils ont en commun sans s'envoyer des grandes tartes dans la gueule. Depuis quelques temps déjà, Jean-Marie Sanchez offre sa verve en service public dans le cadre de promenades urbaines dans les quartiers populaires de Marseille, l'Estaque et le Panier. "Cela se situe entre la visite de quartier, avec un fond historique, et la promenade littéraire où je conte l'histoire des gens, la petite histoire, celle qui nous lie. Je suis assez fasciné par la façon dont nous percevons notre quotidien à la fois dans le temps et l'espace".
Le comédien revendique l'influence de Georges Pérec, "celui d'Espèces d'espaces. Mais je suis aussi très influencé par les situationnistes". Au fil des pas, il invite les participants à remettre en cause l'idée de la rue, du trottoir. Autant d'objets urbains qui jalonnent notre réel alors qu'on en a oublié l'origine et la fonction première.
"A Marseille, il y a une mythologie du quartier, du noyau villageois avec son clocher, analyse Jean-Marie Sanchez. Or, à l'Estaque, ce village n'existait pas. Au départ, seul le littoral était occupé par un village de pêcheurs. Le village proprement dit s'est constitué peu à peu avec l'industrialisation des abords du massif de la Nerthe". Cette urbanisation par couches successives a façonné le paysage : entre la frange littorale et les courées ouvrières offertes par les patrons paternalistes dont on peut voir les vestiges dans Marius et Jeannette.
Habitant avisé, Jean-Marie Sanchez suit de près les changements et les tensions qui accompagnent la mutation de son quartier : entre les néo-estaquéens qui souhaitent vivre là dans la tranquillité et les anciens ouvriers qui tiennent à conserver le lien au labeur industriel. "Cette tension est très palpable en ce moment autour des projets du port. Je suis moi-même très partagé sur ces questions : entre le droit à la tranquillité et la nécessité que le port se développe et apporte du travail". C'est là où la balade littéraire rencontre l'actualité.
Prochaine promenade ce samedi 24 novembre à l'Estaque de 10h30 à 13h30. Réservation conseillée auprès de l'office du tourisme au 0826 500 500.
Commentaires
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titre superbe, je peux vous dire que Marseille au début n’était pas une ville !!!
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D’ailleurs, il y a 15000 ans, L’Estaque n’était pas non plus un port : le niveau de la mer était 100 m plus bas qu’aujourd’hui 🙂
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A l’origine, Renaud Muselier n’est même pas mauricien !
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