L'autopartage sort de l'ombre à Marseille
L'autopartage sort de l'ombre à Marseille
"Si on ne trouve pas de solution, on n'arrivera plus à rentrer dans Marseille ou en sortir, et de toute façon on ne pourra plus se garer". Vice-président du conseil général chargé des Transports, André Guinde (PS) parle en connaissance de cause : bloqué dans les bouchons, au lieu du mot d'ouverture de la deuxième journée des rencontres nationales de l'autopartage ce jeudi à Marseille, il a dû caser son intervention en fin de matinée. Le message et l'anecdote résument bien l'attitude des élus face à ce système de location de véhicules : ce n'est peut-être encore qu'une pratique marginale, avec 1300 abonnés à Autopartage Provence, mais chaque contribution est bonne à prendre. Surtout vu les lourds investissements demandés par les transports en commun…
"Nous devons utiliser l'ensemble des possibilités pourvu que l'on se débarrasse des voitures", a confirmé André Guinde. Son homologue du conseil régional Jean-Yves Petit (Europe Ecologie-Les Verts), avait la veille insisté sur "le contexte sanitaire et social. La congestion routière a des conséquences en terme de santé, de pertes d'heures de travail et le fait qu'avoir une voiture coûte de plus en plus cher".
Voitures de secours
Comme les 13 autres membres du réseau France Autopartage, la coopérative Autopartage Provence repose sur le même principe que les vélos en libre-service, la possibilité de rendre le véhicule à un autre endroit en moins et la réservation nécessaire au préalable en plus. Elle propose actuellement 60 voitures (dont deux électriques depuis la semaine dernière, c'est la mode) réparties dans 22 stations, avec trois nouvelles prévues dans les mois qui viennent, en plus d'une extension à Avignon (sept stations).
L'intérêt : séparer l'usage de la propriété, et ainsi pouvoir utiliser une voiture sans en avoir. L'effet a été chiffré par une enquête auprès de 2000 utilisateurs du réseau et présentée jeudi : "Suite à leur adhésion, 70% des ménages qui avaient une voiture s'en sont séparés. Pour ceux qui en avaient deux ou plus, 20% n'en ont plus du tout, 43% n'en ont plus qu'une", a détaillé Sylvanie Godillon, du bureau d'étude 6-t. Ce qui fait autant de places de parking libérées (dit autrement une voiture partagée en remplace une demi-douzaine). "Pour nous, cela permet de se réapproprier l'espace public", a souligné Pierre Semeriva, vice-président de la communauté urbaine de Marseille (EELV).
MPM s'abonne, les autres y pensent
Marseille Provence Métropole (MPM) a testé le service pendant 2 ans avec une centaine d'employés. Bilan positif : 80% souhaitent poursuivre l'expérience. MPM, qui devrait en faire un des éléments de son plan de déplacement interne que la loi lui impose, a donc lancé récemment un marché à bon de commandes pour permettre à ceux de ses 4500 agents qui le souhaitent de s'abonner et l'utiliser pour leurs déplacements professionnels (tout ça pris en charge par la collectivité) ou personnels (cette fois-ci de leur poche). "La participation du monde du travail permettra d'atteindre une masse critique", a avancé Pierre Semeriva.
Avec un avantage supplémentaire, a estimé Sylvain Pontier, du cabinet d'avocat Abeille et associés, grand utilisateur de la station Estrangin pour sa trentaine de collaborateurs : "L'utilisation par des entreprises et des particuliers est complémentaire. Nous utilisons les voitures de manière intense entre 6 heures du matin et 7 heures du soir, très peu plus tard et le week-end".
Les locations professionnelles représentent déjà "plus de la moitié pour 35% des adhérents, surtout des TPE et PME" (dont Marsactu), indique Yvon Roche, directeur d'Autopartage Provence. Parmi les acteurs publics, outre MPM, citons la société d'économie mixte Marseille Aménagement, et peut-être bientôt Pôle Emploi, qui pourrait s'inspirer de son homologue de Rhône-Alpes. Et le conseil général ? "Il faudrait qu'on y travaille, MPM est en avance", a reconnu André Guinde. Et le conseil régional, dont la flotte dépasse la centaine de véhicules ? "Je pousse, même si je n'ai pas encore réussi, il y a un problème de méconnaissance", répond Jean-Yves Petit. La mairie de Marseille semble elle privilégier la piste covoiturage avec Green Monkeys.
Le frein des mauvais transports en communs
Mais les collectivités peuvent aussi aider autrement que comme clientes au développement de l'autopartage. Les élus partagent l'idée d'aider à sa visibilité, un des problèmes rencontrés par les services, par exemple via les maisons de la mobilité qui vont se développer ces prochaines années. Jean-Yves Petit évoque une possible tarification combinée TER + Autopartage. Le plan de déplacements urbains en cours de préparation par MPM devrait aussi préconiser que des places de parking lui soient davantage réservées (par exemple près des gares comme à Bordeaux ?).
Le principal levier est cependant au coeur des compétences publiques : "La mauvaise offre de transports en commun est un frein", a rappelé une intervenante lyonnaise aux Rencontres. Car que font ses utilisateurs, qui ne prennent les voitures dans une grande majorité que quelques fois dans le mois, selon l'étude de 6-t ? Ils se reportent sur les transports en commun. Mais aussi le vélo et la marche. Autant de modes qui à Marseille ont bien besoin d'un coup de pouce. Il n'y a pas de miracle…
Déclaration d'intérêt : l'auteur de l'article est personnellement sociétaire de la coopérative Autopartage Provence.
Commentaires
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Pratiquant le vélo et la marche dans Marseille, et la voiture le moins possible sauf obligation, je trouve la situation souvent scandaleuse : le vélo est quasiment interdit de cité, sauf à être téméraire et parano, une vraie prise en compte du vélo comme moyen de transport à Marseille est à imprimer dans le cerveau des décideurs en la matière – Les trottoirs sont souvent minuscules et mangés par les voitures, circuler en poussette est très dangereux pour les nourrissons
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A l’époque ou nous nous étions inscrits avec mon amie, l’abonnement mensuel était gratuit pendant une année pour les abonnées RTM. J’ai l’impression que la formule n’existe plus, pourquoi? En tout cas, je pense que les utilisateurs de l’autopartage utilisent le reste du temps les transports en commun, le vélo et la marche… mais aussi les taxis!!! Il n’y a pas d’etude par rapport à cette question. En tous cas, je pense que les chauffeurs de taxis ont tord de s’opposer à tout ce qui represente une alternative à la voiture individuelle, à savoir Le Velo, les vélos taxis, l’autopartage… Quand on aura réussi à leur faire comprendre qu’ils ont toute leur place dans une ville avec moins de voitures individuelles, alors on aura fait une grande avancée!
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Dans le centre-ville et à proximité, il est plus commode de se déplacer en vélo qu’à pied. Les espaces piétons sont squattés, détériorés : trous, couvercles de regard manquants, supports métalliques arrachés et coupés un peu au dessus du sol (il y en a un devant la mairie du 1/7 près de l’entrée du parking …..). Ajoutons les feux et passages piétons violés au quotidien par les bagnoleux.
Par contre, l’insécurité que peut ressentir le cycliste dans Marseille est surtout une insécurité ressentie, elle n’est pas corroborée par l’accidentologie dans les faits.
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L’autopartage permet de retirer du stationnement en ville des voitures “ventouses” rarement utilisées par leurs propriétaires et en mauvais état. Une voiture partagée remplace 7 voitures personnelles…
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