Les enquêteurs du parquet national financier s’installent à l’hôtel de ville de Marseille
Depuis plusieurs jours, les gendarmes en charge de l'enquête du parquet national financier réalisent leurs auditions directement à l'hôtel de ville. Agents des bibliothèques, des musées, des cimetières, chauffeurs et secrétaires d'élus se succèdent dans ce petit bureau situé à quelques mètres de celui du maire.
Les enquêteurs du parquet national financier s’installent à l’hôtel de ville de Marseille
Ce n’est ni une métaphore, ni une métonymie. Depuis plusieurs jours, des gendarmes de la section de recherche de la gendarmerie auditionnent des agents territoriaux de la Ville de Marseille dans un bureau de l’hôtel de ville, à quelques mètres à peine du bureau du maire.
Cette présence régulière a été directement confirmée à Marsactu par des agents de la Ville, entendus ces derniers jours par les gendarmes. De source proche de l’enquête, on indique que l’installation des gendarmes dans d’autres bureaux que les leurs est une pratique courante que rien n’interdit, quelle que soit la proximité desdits bureaux avec la haute hiérarchie municipale.
Elle est également confirmée par la gendarmerie qui évoque toutefois des auditions menées “ponctuellement” sur place “pour des raisons pratiques”. Du côté de la Ville, on écarte la question de la formule lapidaire “les enquêteurs poursuivent leur travail” sans plus de commentaire sur cette présence au “château”. Pourtant plusieurs sources distinctes indiquent que ces auditions se déroulent depuis au moins deux semaines avec toujours le même modus operandi.
Agents cueillis en plein service
Ainsi, mercredi et jeudi dernier, certains agents ont directement été convoqués par un représentant de la section de recherche venu les chercher sur leur lieu de travail. “Un gendarme en civil, arme de service à la ceinture, qui vous accompagne pour une audition en qualité de témoin, ça n’est pas banal”, explique l’un d’eux sous couvert d’anonymat. Ainsi escortés, ces agents ont dû ainsi se rendre à l’hôtel de ville, souvent pour la première fois.
Là, les attend une batterie de questions “essentiellement centrées autour de la question de l’organisation du travail, les congés et récupérations et les heures supplémentaires”, explique une autre agent, elle aussi convoquée ces jours derniers. Ils seraient ainsi près d’une centaine entendus dans ce cadre depuis 15 jours.
Opérations funéraires, musées, bibliothèques, parc automobile, les enquêteurs semblent avoir ciblé un certain nombre de services où ils effectuent des auditions d’agents en apparence choisis de manière aléatoire. “Ils agissent comme par sondage en prenant des agents avec de l’ancienneté et d’autres plus récemment arrivés. On retrouve également tous les grades avec des agents de catégorie C, des cadres intermédiaires et des chefs de service”, détaille l’un des témoins entendus.
“Trois heures d’audition, ça secoue”
Dans le même temps, d’autres agents de la Ville ont été convoqués au siège de la section de recherche, avenue de Toulon. C’est le cas de plusieurs agents et chefs de service notamment des musées, du service logistique ou du parc auto municipal. “Les gendarmes qui nous ont interrogés connaissaient précisément le fonctionnement des musées, indique un agent, toujours sous couvert d’anonymat. Leurs questions portaient notamment sur les dimanches travaillés, les jours fériés et leurs compensations. Ils donnaient l’impression d’avoir lu le rapport de l’inspection général des services qui pourtant n’a pas été rendu public par la haute administration.”
D’après plusieurs sources concordantes, les enquêteurs centrent une partie de leurs investigations sur les heures supplémentaires et particulier sur un volant fixe d’heures supplémentaires dont bénéficieraient certains agents. C’est notamment le cas des chauffeurs et secrétaires d’élus particulièrement concernés par ces dépassements horaires systématiques. “Nous avons été contactés par plusieurs secrétaires d’élus qui ont été entendus ces jours derniers, indique Luc Bedrossian secrétaire général de la CTFC, allié à la CFE-CGC. Elles s’inquiètent de voir supprimer le volant de 25 heures supplémentaires qui leur étaient accordés tous les mois, ce qui est le maximum autorisé. Pour beaucoup d’entre elles, cela fait partie de leurs salaires. Nous tentons de les rassurer en leur indiquant qu’il y a la possibilité d’obtenir d’autres types d’indemnités en compensation”.
“Bientôt il y aura plus de gendarmes à l’hôtel de ville que de policiers à la Busserine, grince Patrick Rué, secrétaire général de Force ouvrière. Cela crée une ambiance désastreuse chez les agents. J’ai reçu une secrétaire qui ne dort plus depuis deux nuits. Les 3 heures d’audition se sont bien passées mais quand même cela secoue.” Revient alors la petite phrase prémonitoire de Jean-Claude Gondard dans la Provence : “Pour les agents, c’est bien simple : ou bien ils discutent avec nous, ou bien ils le feront devant la police judiciaire”.
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Commentaires
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Cela commence à vraiment sentir le roussi, ce coup ci.
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Peut-être la montagne accouchera-t-elle d’une souris, en attendant, je ne sais pas pourquoi, mais c’est assez jubilatoire… J’imagine JC les avoir juste à côté…
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Dernier paragraphe, « les 3 heures d’audition se sont bien passées « et PAS CE…
Sinon la dernière phrase est sortie de son contexte, quand JC Gondard dit que les agents devront s’expliquer devront s’expliquer devant la police. Cela a été dit concernant la mise en place bâclée des nouveaux temps de travail à la ville. Ici il s’agit d’une enquête sur l’incapacité de la ville de Marseille à assurer la gestion de ses agents qu’elle a délégué à un syndicat ce qui n’est pas tout à fait pareil…
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On aimerait être une mouche pour assister au choc des cultures entre les incorruptibles gendarmes policés et les zamis, les collèègueus, les zarrangements, les feignasses, les truands, le glauque des habitudes de certains agents municipaux, la “force ouvrière” quoi
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Quelle “ambiance désastreuse” , Patrick Rué ? Pathétique pour FO, co-gestionnaire d’une administration bancale depuis 40 ans, et couvre la marmite pour que rien ne soit su.
Oui, je suis d’accord, il faut autant de policiers à la Busserine qu’à la Mairie….
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Il en faudrait même peut-être plus, vu le nombre de dossiers illégaux imaginables et le coût pour la collectivité. L’ingénieur Rué peut bien grincer tout son soûl, ce doit être du reste l’essentiel de son activité laborieuse, commenter, grincer et menacer.
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Qui ne dort plus depuis 2 nuits ?
l”‘ingénieur” où ceux et celles qui n’ont rien à se reprocher ?
Si, il y a quand même un rapport avec la Busserine : une concentration de voyous …
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Des voyous en col blanc
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Superbe, il est grand temps que l’Etat reprenne la main sur ce panier de crabes et ces (très) mauvaises “habitudes” institutionnalisées de façon hallucinante “grâce” à FO notamment depuis des décennies. La rigueur de la loi ça va leur faire bizarreu, et tant mieux pour la collectivité, grand bonheur.
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Je ne suis pas sûr que les choses changent fondamentalement, ce syndicat a une capacité de nuisance importante localement et il sera très difficile de s’en dépêtrer. Ces individus peuvent bloquer le fonctionnement de la collectivité. Ils se sont engouffrés dans la faille créée par les calculs et la faiblesse des élus successifs.
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Tout système a une faille . FO Marseille sûrement aussi . Il suffit d’y tomber dessus.
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Enfin le PNF met son nez dans ce panier de crabes, un secret de polichinelle depuis des décennies…des impôts locaux exorbitants pour un service public désastreux, trop de passes-droits, de piston, de clientélisme, il est temps de passer à autre chose.
Rien qu’à voir l’état des jardins publics ça donne un aperçu de la gestion municipale entre autres choses…
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Il y a sûrement des failles, du reste on peut facilement imaginer ce glorieux syndicat être très informé de tous ces excès et déviances par rapport à la loi. Conforté par des élus couards et peu compétents il se posera en victime si des mesures contraignantes devaient être prise pour l’avenir avec subséquemment une perte d’avantages, nous aurons alors une jolie grève des éboueurs, des cantonniers, des musées, des tatas, des chauffeurs, du Samu social, des piscines , etc etc. et là…
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Tous ces commentaires fort à propos me rappellent une certaine époque : Car malheureusement le fonctionnement de la Mairie n’est que la partie visible de l’iceberg des dysfonctionnements, des passe-droits et du piston qui gangrène, faute à leurs élus, l’ensemble des collectivités du Grand Marseille…On n’est certes pas à GothaM mais des fois on se pose des questions…;-)
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le PNF a t’il auditionné dans les mairies d’arrondissement également? ce n’est pas stipulé…..
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Cher Monsieur GILLES,
Avez vous des nouvelles, informations ou bien quelles suites sont données aux perquisition du parquet national financier depuis mai dernier auprès de l’hôtel de ville de Marseille ?
Bien à vous
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