L’ex président de CIQ s’accroche à sa villa illégale dans les calanques

Info Marsactu
le 7 Fév 2018
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Depuis six ans, la justice tourne en rond autour d'une ruine de l'Escalette, rénovée sans autorisation. Condamné en appel le mois dernier, en son absence, l'occupant réclame un nouveau procès et s'oppose à son expulsion. Le propriétaire et le parc national des Calanques dénoncent une "zone de non-droit".

L’ex président de CIQ s’accroche à sa villa illégale dans les calanques
L’ex président de CIQ s’accroche à sa villa illégale dans les calanques

L’ex président de CIQ s’accroche à sa villa illégale dans les calanques

“Beaucoup d’énergie a déjà été dépensée dans cette affaire.” En ce lundi de décembre à la cour d’appel d’Aix-en-Provence, l’avocat général est las des circonvolutions de ce qui pourrait être un banal dossier de droit de l’urbanisme. Sauf qu’il a pour cadre le cœur du parc national des Calanques, plus précisément la friche polluée de l’Escalette.

Le prévenu, Thierry Marcadé, est l’ancien président du comité d’intérêt de quartier. Il se prévaut d’un “bail emphytéotique” sur ce terrain que la justice ne reconnaît pas. Sur la foi d’un procès-verbal dressé par la Ville de Marseille, elle lui reproche au contraire d’y avoir retapé une ruine et de l’avoir dotée d’un toit-terrasse, le tout sans autorisation. Thierry Marcadé multiplie les esquives depuis l’ouverture de l’enquête il y a six ans.

Comme en 2016 puis en 2017 lors de son passage au tribunal correctionnel, où il avait été condamné à six mois de prison avec sursis et 10 000 euros d’amende [lire notre article], le prévenu était absent lors de l’audience en appel. Dénonçant quelqu’un qui “s’assoit tranquillement sur la loi”, l’avocat général a donc requis que la peine soit portée à un an de prison, dont six mois ferme.

Bis repetita

Dans un arrêt rendu fin janvier, la cour d’appel n’a prononcé aucune peine de prison. Elle a préféré doubler l’amende à 20 000 euros, assortie comme auparavant d’une obligation de remise en état du site, dans l’année sous astreinte de 75 euros par jour après ce délai. Lors de l’audience, Georges Anselme, le propriétaire du terrain, avait réclamé par la voix de son avocat la fin d’une “zone de non-droit”. Le parc national des Calanques approuvait et relatait même la “peur des coups de fusil” de ses agents face à un homme déjà condamné pour menaces de mort dans un autre dossier en 2006.

Malgré cette nouvelle décision, ils ne devraient pas obtenir satisfaction tout de suite. Contacté par nos soins, Thierry Marcadé plaide une nouvelle fois la bonne foi et réclame justice. “Je n’ai reçu aucune convocation, aucun acte d’huissier”, certifie-t-il. Le dossier devrait donc faire un nouveau tour par la cour d’appel à la faveur d’une procédure dite d’opposition à l’arrêt rendu en son absence. La même qu’il avait déjà utilisée après sa première condamnation en 2016.

“Il ne remettra jamais rien en état, il est insolvable !”, grinçait à l’audience l’avocat du propriétaire du terrain. Pour ce dernier, l’essentiel est de voir partir Thierry Marcadé, contre qui il a engagé une procédure d’expulsion. Malgré une décision d’expulsion définitive, après cinq ans de procédure, l’avocat explique que son client n’a pas “trouvé les services de police pour [y] prêter main-forte” avant une nouvelle trêve hivernale.

“La préfecture ne peut rien faire”

Contactés, les services de l’État, seuls à même de procéder à l’expulsion, ne nous ont pour l’heure pas livré de réponse dans ce dossier. “La préfecture ne peut rien faire”, assure de son côté Thierry Marcadé, arguant de la présence de locataires, dont sa propre société. Pas décidé à livrer les armes, il indique même avoir déposé plainte pour “escroquerie au jugement” dans le volet expulsion, estimant que les règles de procédure ont été bafouées.

La ruine, remise en état, n’a pas été agrandie mais a été dotée d’un toit terrasse. Photo : Thierry Marcadé.

Il y voit un combat contre un projet hôtelier déguisé, porté par le galériste Éric Touchaleaume, locataire “officiel” du domaine, lui même mis en examen pour contrefaçon par diffusion dans une vieille affaire qui secoue le marché de l’art parisien. “Il n’y a pas de projet immobilier déguisé, pas de projet de camping, pas de pizzeria, pas de projet hôtelier. Mais rien ne m’empêchera d’ouvrir une table d’hôte familial pour mes clients, amis et visiteurs”, démentait ce dernier dans La Marseillaise en juillet 2017, alors que s’ouvrait une seconde exposition estivale dans ce lieu atypique.

Au parc national des Calanques, le président Didier Réault (LR) recadre le débat : “On a accordé exceptionnellement une autorisation pour une activité artistico-culturelle, mais des chambres d’hôtes c’est une nouvelle activité commerciale et probablement des travaux, qui nécessitent un accord. Pour l’heure il n’y a pas de projet de quoi que ce soit.” Dans un courrier adressé en 2014 à Éric Touchaleaume, que Marsactu s’est procuré, le directeur du parc le prévient bien que “l’exercice des activités commerciales projetées (exposition et vente de sculptures, visite guidée du site, restauration rapide de type food-truck, chambre et table d’hôtes, organisation de concerts) est subordonné à une autorisation du directeur après avis du conseil scientifique et du conseil économique social et culturel.” De son côté, Thierry Marcadé promet de se “battre jusqu’au bout. S’il y a la moindre autorisation pour un projet commercial d’Éric Touchaleaume, on fera la ZAD de l’Escalette !”

Actualisation le 7 février à 18 heures avec une photo de la villa fournie par Thierry Marcadé.

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Commentaires

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  1. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    “La ZAD de l’Escalette”… Ce Monsieur n’a peur de rien, et notamment pas du ridicule. Pas de doute, ça se passe à Marseille, où la préservation d’intérêts (très) particuliers peut se cacher derrière un concept, la ZAD, né pour défendre l’intérêt général.

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  2. Dark Vador Dark Vador

    Ce qui est avéré dans cette affaire (que l’article ne mentionne pas, pardon Julien) c’est “l’amitié” entre Monsieur Réault et Monsieur Touchaleaume… Dès lors, le projet de ce dernier, petite restauration et tables d’hôtes, se transformera très vite en un projet évidemment beaucoup plus conséquent. Si Monsieur Marcadé doit partir, plaise à la justice d’en décider, la place sera libre pour les amis politiques. Le massif “protégé” des Calanques a déjà connu quelques coups de canif, avec ce projet, une véritable blessure lui sera infligée. Oui @Electeurdu8eme, nous sommes bien à Marseille…

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  3. petitvelo petitvelo

    Il semble que M Marcadé soit beaucoup plus affuté juridiquement que ses opposants…

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