Un plan anti-pollution de l'air qui sent le réchauffé

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le 26 Fév 2013
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Un plan anti-pollution de l'air qui sent le réchauffé
Un plan anti-pollution de l'air qui sent le réchauffé

Un plan anti-pollution de l'air qui sent le réchauffé

Et de 8. Depuis le 19 février, les Bouches-du-Rhône sont sous une chape de particules fines, ces poussières microscopiques responsables de problèmes respiratoires et cardiovasculaires. Au total, le seuil réglementaire a déjà été dépassé 19 fois cette année. Comme en 2012 (38 pics de pollution), le département est donc encore très mal parti pour respecter la norme européenne qui impose un maximum de 35 jours par an.

Difficile dans ces conditions d'éviter une forte condamnation de la France par l'Europe (100 millions d'euros par an), vraisemblablement courant 2013. "Un contentieux est très probablement à venir sur le NO2 [dioxyde d'azote, autre bête noire des poumons, ndlr], car là encore on ne respecte pas les normes pour 2010, 2011 et 2012", a reconnu Fabienne Fournier-Beraud, chef de la mission qualité de l'air à la direction régionale de l'environnement (Dreal).

Un aveu lâché lors d'une réunion de concertation sur le plan de protection de l'atmosphère (PPA) des Bouches-du-Rhône actuellement soumis à enquête publique pour une adoption au printemps. Dans ce contexte, cet ensemble de 37 mesures imposées ou proposées par la préfecture prend un relief particulier. Mais avant même l'aspect financier d'une amende, l'enjeu est d'abord sanitaire : une étude récente chiffrait à 7,5 mois la perte d'espérance de vie d'un Marseillais à cause des particules, le pire résultat en France. Plus globalement 20% de la population des Bouches-du-Rhône sont exposés à des concentrations dangereuses de particules fines et de dioxyde d'azote. Au final, les deux sont tout de même liés : le coût pour le système de santé de cette pollution hors norme de l'air est évaluée à 460 euros par habitant et par an.

Cheminées interdites

Que va changer le PPA pour les habitants du département ? À part l'invitation à moins prendre leur voiture, ils sont directement concernés par deux mesures. Le brûlage des déchets verts sera interdit, sauf pour ceux qui doivent respecter des obligations de débroussaillement. Les acheteurs de poêles à bois et autres chaudières devront choisir des modèles à haute performance. Par contre, la bonne vieille cheminée sera proscrite "sauf à des fins d’agrément". Le plan ne dit pas si quelqu'un sera chargé de vérifier la différence entre une flambée esthétique ou un chauffage au coin du feu…

"Des grandes actions de communication pour expliquer les enjeux de santé publique" liés à ces obligations sont prévues, a indiqué lors de la réunion publique Fabienne Fournier-Beraud. Mais rien n'est arrêté pour aider les particuliers à investir dans des matériels de chauffage plus coûteux et accompagner le développement du compostage à la place du brûlage. "En hiver, la part du chauffage dans les émissions est considérable – jusqu'à un tiers – on ne s'y attendait pas pour une région comme Marseille", a en tout cas souligné Alexandre Armengaud d'Air Paca.

L'organisme a fait tourner ses machines pour évaluer l'impact global du plan et prévoit la réduction de 90% de la population exposée – resteraient 10 000 habitants, majoritairement le long des axes routiers – entraînant un retour dans les clous européens. Ouf. Avec toutefois cette nuance : "Cela suppose que l'ensemble des mesures soient correctement et entièrement mises en oeuvre".

Beaucoup de réchauffé

Ça va mieux en le disant. Car la principale faiblesse du PPA de 2006, qui permet de mieux comprendre la situation actuelle, c'est son application très partielle. Curieusement, la version 2013 passe très rapidement sur son bilan. Une évaluation détaillée a sans doute été faite, mais le silence de la préfecture opposé à nos demandes répétées ne nous a pas permis de la consulter.

Une chose est sûre : l'industrie constitue la principale réussite avec un quart d'émissions en moins entre 2007 et 2010. De nouvelles mesures sont prévues à destination des carrières et de la production d'énergie. C'est dans les transports, qui constituent encore le gros du plan en 2013, que l'on retrouve nombre de mesures abandonnées ou restées lettre morte. Exemple : le contrôle antipollution annuel, en complément du contrôle technique imposé tous les deux ans, retiré du plan en 2010. L'étude de faisabilité avait montré "que cette mesure n’apporterait pas un gain significatif sur la qualité de l'air et qu’elle implique des modifications lourdes du contrôle technique sur l'ensemble du territoire national". Tout le monde peut se tromper.

Ça cale sur les transports

Autre cas de figure : les flottes d'entreprises. La mesure figurait déjà dans le PPA de 2006, avec l'obligation pour tous les parcs de plus de 20 véhicules d'un renouvellement tous les 5 ans comprenant au moins 40% de "véhicules sobres". Elle est reprise, sans aucune indication de son succès ou non, avec un seuil désormais à 50 véhicules et un taux de 30% d'achats "basses émissions".

Des idées tellement bonnes qu'elles sont de nouveaux proposées, le PPA 2013 en fourmille. Dernier exemple : l'obligation de mettre en place un plan de déplacement "pour les entreprises et établissements publics ou privés de plus de 250 salariés" et "pour les maires des communes accueillant des groupes scolaires de plus de 250 élèves". Il s'agit, à l'image de France Télécom, de faire l'état des lieux des déplacements de ses salariés et de leur proposer des alternatives à la voiture : réductions négociées sur les transports en commun, parkings à vélo, développement du covoiturage…

Point positif : sur ce sujet crucial des déplacements domicile-travail, qui représentent 70% des émissions liées aux transports, un bilan a bien été tiré : "46 établissements sur les 90 concernés ont respecté leurs obligations". Peut mieux faire… Côté scolaire, l'évaluation se fait moins précise : "peu de démarches" de plans sont recensées, même si les communes ont sporadiquement créé des pédibus. Ça ne risque pas de s'arranger : contactée, la mairie de Marseille nous a soutenu que c'était à la préfecture de s'en charger pour ses écoles…

Dernier sujet d'inquiétude pour nos poumons : si les Bouches-du-Rhône vont profiter du coup de pouce du "plan d'urgence" national – qui comprend lui aussi beaucoup de réchauffé et d'"incitations" – la principale interrogation reste le développement des transports en commun. Espérons que le plan d'investissements de la communauté urbaine de Marseille, voire de la future métropole, soit réellement suivi d'effets. Voici la liste des chantiers sur lequel le PPA de 2006 tablait. Sans commentaire.

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Commentaires

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  1. Aaa Aaa

    La diminution de la vitesse à 90km/h autour de Marseille a surtout entraîné une baisse du portefeuille des contrevenants, comme toujours…

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  2. Vieux-Port Vieux-Port

    Les transports sont le gros point noir de la métropole. Quand on voit les objectifs fixés en 2006 et ce qui a été réalisé, c’est à pleurer. Pendant ce temps, Lyon a 4 lignes de métro, 5 lignes de tram, 26 lignes de trolley, 26 lignes de bus renforcées.

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  3. titoune titoune

    Nous sommes dans l’un des départements où l’on chauffe le moins en France. Et comme par hazard, on pense à nous supprimer les cheminées à bois!!Si nous sommes la région la plus poluée du pays,cherchez l’erreur!! Faudrait peut-être arretter de déconner!
    Et si on empèchait les gens de pèter??

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  4. Anonyme Anonyme

    à part tuer les vaches qui pètent trop …comme iln’y en a pas sur la caneb il faut trouver autre chose : avez vous “respiré” malgré vous un bus de la RTM au démarrage ? et paf!!! espérance de vie raccourcie .Limiter la voiture ? oui bien sûr , mais ce n’est pas en doublant le métro par le tram au seul centre ville que l’on résoudra les problèmes de pollution liés à la pénurie de transports en commun entre ce centre ville et ses alentours .
    La marche à pied ? oui bien sûr, si ce n’est pas pour aller de la banlieue travailler au centre ou à l’autre bout de l’agglomération et surtout ne pas courir après le bus !!! sinon vie raccourcie .
    Cette bande d’hypocrites toujours contents et fiers de leur nullité à se congratuler entre eux devraient prendre un peu les transports en commun au lieu de décider sans savoir de quoi ils parlent .
    Dans une bagnole-salon bien fermée pour ne pas “sentir ” ni “frôler “la dangereuse plétaille, on peut déblatérer en toute quiétude sur ce qui est bien pour le petit peuple laborieux .

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  5. Anonyme Anonyme

    au fait … ont ils mesuré le taux de pollution provoqué par les “chantiers navals” du vieux port ( face à la mairie justement )vous y respirez à volonté poussières de ponçage et vapeurs de peinture , et le tout en toute illégalité .
    Il existe bien une loi sur les travaux de peinture en extérieur ?
    Ah , j’oublie que la tolérance zéro est une utopie et que certaines corporations sont encore très puissantes dans cette ville .
    Alors venez Marseillais et touristes respirer toutes ces particules cancérigènes sur un vieux port réaménagé à grands frais à l’usage des piétons !!!
    Toutes les particules que vos poumons auront filtrées n’iront pas grossir le bilan catastrophique de la qualité de l’air au moins : c’est ce qui s’appelle une action citoyenne .

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  6. Le Doigt dans l'Œil Le Doigt dans l'Œil

    La vitesse moyenne sur les autoroutes était proche des 90km/h, pas étonnant que cela ne change pas grand chose …

    Ouille

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  7. Le doigt dans l'oeil Le doigt dans l'oeil

    La vitesse moyenne sur les autoroutes était de 92km/h AVANT la baisse réglementaire à 90km/h … Normal que l’effet ne soit pas très visible.
    Ouille !

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  8. Gertz Gertz

    article savoureux …. brulages et chéminées, voilà un vrai sujet à la “campagne” chez nous (Fuveau) : Tout le monde se met au poile à bois pour cause d’augmentation du tarif d’électricité, encouragé par des crédits d’impôts et autres primes bleues ciel. Et du coup, c’est trop ? On le constate d’ailleurs dans les campagnes qui deviennent irrespirables comme au bon vieux temps du poile à charbon à Gardanne. Les brulages : pas de problème pour les diminuer, à condition d’instaurer des services municipaux de ramassages de déchets verts,car qui peut pas composter la taille d’une haie de 50 metres ?

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  9. Gertz Gertz

    composter d’avantage, OK, mais l’individuel montre ses limites quand on à 30 mètres de haies …. Il faut des ramassages de déchets verts avec compostage par municipalités.

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  10. Marseil Marseil

    On a tué toutes les industries de la région presque, donc elles ne sont que peu causes de pollution.

    On n’a pas beaucoup de vaches sur la Canebière, comme mentionné précédemment.

    Il reste le chauffage et le transport.

    Pour le chauffage, il est toujours ahurissant de constater que notre région compte infiniment moins de panneaux solaires que des régions en Allemagne par exemple. Alors que nous ne manquons pas de soleil. De la même manière, de l’éolien individuel apporte des éléments de solution.

    Le vrai problème et celui sur lequel agir est l’automobile:
    . la limitation à 90 km/h sur les autoroutes n’est que partiellement respectée. Plus de radars, plus de répression routière, et la situation va s’améliorer.
    . nous manquons cruellement d’infrastructures efficaces de transport en commun. Un autre commentateur faisait la comparaison avec Lyon, avec 4 lignes de métro, 5 lignes de tram, 26 lignes de trolley, 26 lignes de bus renforcées.
    . on peut aussi se comparer à Barcelone , ou la flotte des autobus des TMB fonctionne au gaz naturel compressé, et là, on parle d’onze lignes de métro.

    A Marseille, on n’en sortira qu’avec une vraie politique de répression contre l’automobile: répression des délits routiers, répression réelle et efficace du stationnement anarchique, réductions des espaces dédiés à l’automobile, augmentation significative du cout de stationnement, et plus globalement du cout de possession d’une automobile, etc… et un vrai développement des transports en commun : RER (Marseille Vitrolles Aix Gardanne Aubagne La Ciotat), troisième ligne de métro (L’Estaque – Pointe Rouge par le Jarret), tramways complétant le métro et non le doublant.

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  11. M4SK M4SK

    Mais heu… Qu’est-ce qui détermine le niveau de pollution généré par une voiture ? La vitesse à laquelle elle est propulsée par son moteur et son élan ? Ou bien le régime de son moteur, indépendant de sa vitesse ?

    Moi j’ai tendance à dire que seul le 2e cas compte…

    Et de fait, avant, à 110km/h sur autoroute, il y avait moyen de rouler au moins en 4e, à un régime inférieur à 3000 tours/min.
    Revenu à 90km/h, on ne peut plus vraiment se permettre de rouler en 4e, la voiture manque trop de répondant, c’est limite dangereux. Alors on roule en 3e… Et on se retrouve facilement au-dessus des 3000 tours minute…

    Donc on brule plus de carburant et on pollue plus.

    M’est avis que le vrai soucis avec les voitures ici, ce serait plutôt les bouchons interminables et l’engorgement dû à l’infrastructure (pourrie/débile/ridicule au choix).

    Et probablement aussi que la L2 aiderait un peu à ce niveau.
    ..Plus que la city navette en tout cas ! :p

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  12. Electeur du 8e Electeur du 8e

    Le PDU 2006 pas appliqué (http://www.marsactu.fr/environnement/plan-transports-le-comite-de-suivi-sest-reuni-zero-fois-29716.html), le PPA 2006 pas appliqué… Les deux sont, en ce qui concerne la pollution due aux déplacements domicile – travail, liés.

    Mais tous ces beaux plans, s’ils ne sont pas contraignants, à quoi servent-ils ? Et s’ils sont contraignants, qui est responsable de leur application, et comment les défaillances sont-elles sanctionnées ? Des questions certainement simples, puisque l’on ne sait même pas qui devrait éventuellement organiser des “pédibus” pour desservir les écoles !

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