Un parc agricole vient donner le coup de grâce à l’éco-quartier inachevé de Sainte-Marthe

Décryptage
le 15 Oct 2020
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La métropole veut créer un parc agricole au pied du massif de l’Étoile. Un projet qui s’étend jusqu’à la zone d'aménagement concerté (ZAC) des Hauts de Sainte-Marthe. Une partie des terrains de cet éco-quartier va être rachetée par la collectivité afin d'y installer des exploitations. Pour l’instant, le flou demeure sur les zones concernées.

Zac des Hauts de Sainte-Marthe
Zac des Hauts de Sainte-Marthe

Zac des Hauts de Sainte-Marthe

Le plus beau pour la fin”. L’affiche 4×3 au bord de l’avenue du Parc Mongolfier l’annonce, l’immeuble qui s’apprête à être construit sera l’un des derniers de la zone d’aménagement concerté (ZAC) des Hauts de Sainte-Marthe. Cette ZAC située au pied du massif de l’Étoile, dans le 14e arrondissement, va être en partie amputée par la métropole Aix-Marseille. La collectivité doit voter ce jeudi un rapport d'”approbation des principes et objectifs du projet de parc agricole des piémonts de l’Étoile” qui nécessite de réduire le périmètre de la ZAC.

Un parc agricole doit s’étendre jusqu’au vallon Giraudy sur une surface totale de 300 hectares. “Le projet est ambitieux, nous aimerions récupérer 40 hectares sur toute la zone des Hauts de Sainte-Marthe”, avance Christian Burle, vice-Président LR à la métropole délégué à l’agriculture. Soit presque un tiers de la ZAC mais surtout “le quart du potentiel (agricole) de Marseille”, d’après le rapport de la métropole. Pour donner un ordre de grandeur, le parc Borély s’étend sur 18 hectares. Le projet s’inscrit dans le « plan d’action en faveur de l’agriculture urbaine » de la métropole présenté en novembre dernier.

Les contours de l’agri-parc voulu par la métropole. Carte issue du comité de suivi de la ZAC des Hauts de Sainte-Marthe de juin 2019.

C’est un projet qui est bien en cours, mais actuellement nous répertorions tous les hectares pour savoir qui en sont les propriétaires, nous en sommes encore aux pourparlers pour les terrains, notamment pour la ZAC”, confirme l’élu, également maire de Peynier. Les zones évoquées dans le rapport de la métropole sont celles réservées à l’U4d. Une route censée relier feu la Linea – une rocade entre Sainte-Marthe et Allauch enterrée par la justice – aux Aygalades. Ces espaces représentent 20 hectares, il faudra donc en grignoter autant sur la ZAC pour atteindre l’objectif.

Des exploitations espérées dès 2020

En tant qu’agence d’aménagement de la ZAC, la Soleam (Société locale d’équipement et d’aménagement de l’aire marseillaise) ne se prononce pas sur les terrains potentiellement concernés. Elle nous explique par courriel que “la modification et la réduction d’un périmètre de ZAC doit faire l’objet d’une procédure de modification des documents cadre de la ZAC (…). Il s’agit d’une procédure administrative lourde que la Soleam est en train d’engager”. L’agence ajoute que “la suppression au PLUi (plan local d’urbanisme, ndlr) des emplacements réservés pour des équipements publics qui étaient prévus dans le secteur Nord du périmètre de ZAC actuel a été une première étape“.

Les périmètres de la ZAC et du parc agricole se superposent. En jaune, le parc, en rouge la ZAC.  Voir en plein écran

Un éco-quartier toujours en chantier

Les Hauts de Sainte-Marthe et ses 2000 logements construits sur 150 hectares devaient devenir le premier éco quartier de Marseille. Un label autoproclamé qui s’affiche en grosses lettres marron, une auto-labélisation qui faisait grincer les dents des habitants quand nous les avions rencontrés il y a trois ans (Lire notre article). Sa conception est le fruit d’une politique d’urbanisation entamée dans les années 2000 qui passait par l’abandon de vastes zones naturelles et agricoles au Nord et au Sud de la ville.

Zac des Hauts de Sainte-Marthe. Photo : RB

Dans ce quartier, les récents immeubles en béton côtoient des rues villageoises, des bastides domaniales classées et des terrains agricoles. Et donc bientôt un agri-parc. Dans le dossier de presse, il est écrit que des appels à projets sont prévus sur le “foncier SOLEAM destiné à une rétrocession métropole pour installation de trois à cinq exploitations professionnelles”.

Une transformation que la métropole espère “dès 2020” rappelle le rapport qui va être adopté ce jeudi. “Si nous rachetons les terrains, nous voulons aller très vite avec des exploitations qui tournent économiquement”, prévient Christian Burle sans donner plus de détails sur ce qui pourrait pousser sur les Hauts de Sainte-Marthe. Le dossier de presse de la métropole évoque tout au plus un “verger expérimental”.

Il faudra modifier le plan local d’urbanisme

Pour l’instant, seule une étude pour définir ce qu’il est possible de faire sur ce parc agricole, et l’investissement que cela nécessitera, est prévue. Elle doit débuter en février 2021. “À la suite des résultats de l’étude de programmation, une autorisation de programme spécifique à ce projet sera créée afin d’assurer la lisibilité de son coût pluriannuel“, indique le rapport. “Pour l’instant, nous votons des lignes de crédits pour acheter”, résume Christian Burle.

Pour mener à bout son projet, la métropole devra également modifier le plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi). En effet, une grande partie du nord des Hauts de Sainte-Marthe est classée AU1, c’est-à-dire qu’il s’agit d’une zone à urbaniser pour de l’habitat en priorité. L’extrait du PLUi ci-dessous montre que cela concerne presque toute la partie entre le canal de Marseille (en bleu) et les habitations.

Extrait PLUi sur la ZAC de Sainte-Marthe, la partie hachurée en vert clair est classé AU1.

Planche complète du PLUI

La réduction de la ZAC n’enthousiasme pas le comité d’intérêt de quartier (CIQ) de Sainte-Marthe. Mohamed Berchiche, le nouveau président, a “appris ce projet l’année dernière, mais sans être consulté”. Il regrette surtout que le projet de parc agricole condamne les aménagements routiers prévus, nécessaires pour désengorger le quartier. “Les routes sont déjà surchargées et nous avons des immeubles qui ne sont pas encore terminés donc encore plus de monde, la circulation n’a pas été anticipée”, juge-t-il. “Ce projet de parc agricole n’est qu’un moyen de valoriser les terrains de la ZAC”, estime-il. Sur ce sujet, Christian Burle botte en touche : “Moi je suis là pour les agriculteurs”.

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Commentaires

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  1. Richard Mouren Richard Mouren

    La seconde partie de la ZAC et la continuation de la Linéa après le rond-point de l’IUT ont été abandonnés. L’habitat existant est desservi par une ligne de bus qui fait la navette avec le métro La Rose et par une nouvelle voie, l’avenue du Parc Montgolfier (lequel parc est encore dans les limbes). Cette voie débouche sur le croisement de l’avenue Raimu ( sur laquelle se situe Carrefour le Merlan) et du bd Anatole de la Forge. L’engorgement de cette voie qui, via Audisio débouche sur la traverse Camp Long et le rond point de l’IUT, est le fait d’une véritable marée (montante ou descendante suivant les heures) de véhicules qui vont vers le centre ville le matin et remontent vers Chateau Gombert et autres le soir. Si par malheur cette voie avait été reliée à l’Alinéa, c’eût été un des plus beaux aspirateurs à voitures de Marseille et je doute que les habitants des Hauts de Ste Marthe auraient apprécié. Pour information, l’Alinéa devait connecter Allauch avec l’autoroute nord à la hauteur des Aygalades via St Joseph. C e parc agricole pourrait utiliser très rapidement les grands terrains (agricoles) réservés pour l’Alinéa abandonnée. Il y a même des habitations expropriées qui sont toujours en bon état. Je crains que ce projet hyper ambitieux de parc agricole de 300 hectares ne devienne qu’une usine à gaz qui n’accoucherait (peut-être) que d’une souris.

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  2. Richard Mouren Richard Mouren

    Jacques 89, ayant ces prés tous les jours devant les yeux, je vous assure qu’ils étaient encore cultivés ou fauchés il y a très peu d’années. Ce sont des terrains plats très anciennement cultivés et irrigués par des “rigoles” et qu’ils pourraient être remis en culture à très peu de frais. Le village de Sainte Marthe était réputé pour la qualité du lait de ses vaches précisément élevées sur ces terrains. Plusieurs maisons expropriées il y a quelques années pour le passage de la Linéa pourraient même être réhabilitées pour l’installation de jeunes agriculteurs que je verrais bien maraîchers. Je vous soupçonne d’être systématiquement négatif, dénigrant un projet (délirant?) que vous ne connaissez pas.

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    • Jacques89 Jacques89

      Je raisonne sur la base du parcellaire de l’article Richard et de l’expérience que j’ai de la ruralité (surtout en ce moment). Par ailleurs, il me semble avoir lu qu’il s’agissait de vergers. Une vingtaine de traitements par an à proximité d’une zone urbaine, on n’a pas fini de voir les boucliers se lever…
      Etant jeune je parcourrais le secteur 2 fois par jour. Jamais vu la queue d’une vache. Le seul laitage marseillais à ma disposition c’était les brousses du Rove… mais on n’est peut-être pas de la même génération.

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  3. Jean Luc Jean Luc

    Le talus”, près de la L2 et du cimetière St Pierre, est un bel exemple de reussite…

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