Un an après les municipales, Bruno Gilles et Martine Vassal se rabibochent aux Chutes-Lavies

Reportage
le 12 Juin 2021
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Dans son secteur d'implantation des 4/5, l'ancien dissident LR aux municipales affiche ses bandeaux en soutien aux candidats de la présidente du département. Scellée symboliquement par une visite commune dans son quartier des Chutes-Lavie, cette réconciliation se double d'une vision commune : à leurs yeux, la survie électorale de la droite passe par le centre.

Bruno Gilles et Martine Vassal avec le binôme candidat dans ce canton, Denis Rossi et Nora Preziosi.
Bruno Gilles et Martine Vassal avec le binôme candidat dans ce canton, Denis Rossi et Nora Preziosi.

Bruno Gilles et Martine Vassal avec le binôme candidat dans ce canton, Denis Rossi et Nora Preziosi.

ll a toujours en tête ses scores au premier tour des municipales, dans ce quartier qui l’a vu naître – “c’est là”, au-dessus de la pharmacie. 52 % et 48 % des électeurs des deux bureaux de vote des Chutes-Lavie ont porté Bruno Gilles dans le combat de sa vie. Du boucher au fleuriste, de la maison de la presse au restaurant arménien, il sait où s’attarder et où il vaut mieux suggérer à son invitée du jour de se contenter d’un passage courtois. Car, moins d’un an après cette dissidence soldée par une quatrième place à l’échelle de la ville, l’ancien sénateur-maire des 4e et 5e arrondissements est de retour sur les affiches et dans les rues, pour mettre ce poids au profit de Martine Vassal. Les candidats de la droite dans ce canton de Marseille-5, Nora Preziosi et Denis Rossi, sont eux bien plus implantés dans les 13/14, qui regroupe la majeure partie du périmètre électoral, jusqu’aux confins de la Batarelle.

Aux côtés de la présidente LR du département, candidate à sa réélection, la mémoire de Bruno Gilles flanche en revanche à propos du score de la liste Vassal dans ces bureaux. “Agresti a quand même fait 10 %”, souligne-t-il, comme pour justifier d’en avoir laissé un peu à son ancien parti. C’est en réalité la moitié, et le doyen de la fac de droit y a perdu une partie des 63 voix qui lui manquaient pour être au second tour, mettant la candidate à la mairie en position de faiblesse.

Deux rendez-vous et un “accord technique”

Finalement on revient à la normale. Je pense que c’est plutôt aux municipales que les gens étaient déboussolés.

Ali Yatsou, adjoint à la maire LR des 13/14

Mais le 15 mars 2020, c’est loin. “Nous nous sommes dit ce que nous avions à nous dire”, pose Martine Vassal. “Deux fois”, en juillet et en septembre, s’amusent l’une et l’autre. C’est que le ton était monté haut lors de la campagne. “Récemment, Martine Vassal a reconnu sa part de responsabilité dans la défaite, admettant une forme d’arrogance. Jamais en 40 ans de vie politique je n’ai assisté à de tels débordements de la part de concurrents. C’est une honte pour la démocratie. Ces agissements de voyous sont un grand danger pour l’avenir de Marseille qui se joue aujourd’hui”, fustigeait le candidat après le premier tour, s’émouvant “qu’une candidate laisse ses équipes se comporter de cette façon”.

Par deux fois, les deux rivaux ont donc refait le film et plus récemment ont conclu un “accord technique” pour ces départementales. Aux “amis” de Bruno Gilles, désormais cadre du parti Agir, composante de la majorité présidentielle, la droite laisse deux cantons difficiles du centre de Marseille et une investiture sous ses couleurs à deux fidèles, Josepha Colin et Marine Pustorino. Cette dernière, sortante, dispose de nettes chances de victoire.

Alors à la Blancarde et Montolivet, d’autres quartiers du secteur dont il a été maire pendant 22 ans, Bruno Gilles colle pour le binôme Pustorino-Collart. Et aux Chutes-Lavies et aux Chartreux, ses bandeaux viennent soutenir Nora Preziosi et Denis Rossi, lui-même transfuge du PS. Une mayonnaise digeste pour les militants et les électeurs ? Devant le bureau de poste, Lilou et Micheline, deux militantes qui rivalisent d’ancienneté dans le quartier, se disent heureuses de cette paix des braves. “La désunion nous a coûté cher. Finalement on revient à la normale. Je pense que c’est plutôt aux municipales que les gens étaient déboussolés”, appuie Ali Yatsou, élu sur les listes LR dans les 13/14. Quant à Denis Rossi, il lui reconnaît son “combat contre le FN” et sa connaissance fine du canton.

Limiter les dommages collatéraux du vote Mariani

“Vous avez vu, personne ne nous a tranché la tête et pourtant c’est rempli de “brunogillistes””, sourit le natif des Chutes-Lavie quand on lui soumet la question, au terme du tour des commerces. On y parle stationnement anarchique, voirie, circulation, compétences mêlées de la mairie et de la métropole, présidée également par Martine Vassal, on bifurque sur les collèges lorsqu’on rencontre une mère et sa fille, en classe de 4e. Ce qui tiraillerait l’électorat, ce serait plutôt le vote Mariani aux régionales, après l’alliance tapageuse de Renaud Muselier avec la majorité présidentielle.

L’ancien sénateur tâche de rester policé sur son ancien ami, son frère, avec qui il a partagé 35 ans de vie politique, dans ce secteur même des 4/5 où aucune affiche Muselier ne surnage. “On n’a plus de relations.” Là, la fracture des municipales où son soutien lui a fait défaut ne s’est pas résorbée. Chacun sa campagne et Bruno Gilles tente de panser les plaies pour Martine Vassal auprès de cet électorat tenté par le RN. Et tant pis s’il fait lui-même désormais partie de la majorité présidentielle et si l’ouverture prônée par la candidate qu’il soutient va jusqu’à la gauche, aux Chutes-Lavie, Bruno Gilles est né au-dessus de la pharmacie.

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Commentaires

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  1. Alceste. Alceste.

    La main sur le coeur a t’il dit lors de ses réunions d’appartements, en qualifiant Vassal de jolis
    nom d’oiseaux, je ne ferais jamais d’alliance avec elle.
    Encore un homme de parole et de conviction. Femme varie mais Bruno Gilles aussi, il est comme Felicie

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  2. Delphes Delphes

    Pour info, la différence entre PM et LR sur les tous BdV du canton 7 (Pustorino) au second tour des municipales est de 300 de voix (1% des voix)… Aussi parler de “nettes chances de victoire” me paraît disproportionné.

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    • MarsKaa MarsKaa

      Oui mais… la dynamique qui existait à gauche pour les municipales n’est plus là. Tous ceux qui ont voté PM voteront ils ? et voteront ils à gauche ? pour les départementales et les régionales.
      Pustorino a sa chance, par défaut…

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  3. barbapapa barbapapa

    La queue basse, comme on dit

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  4. leb leb

    Quand l’homme au projet de parking sur le parc longchamp rencontre la victime de l’agression à la bûche de chèvre sur la plaine, on a juste envie de fuir.

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  5. MarsKaa MarsKaa

    BG a rejoint Agir, un parti de la majorité présidentielle, Vassal prône le rassemblement le plus large incluant le centre, LREM, et ils reprochent à Muselier de.. faire pareil ? Ils sont incompréhensibles ces LR.

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