Transports : l’équipe Joissains conteste les priorités de la métropole pour Aix

Actualité
le 14 Nov 2022
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La ligne de bus à haut niveau de service à Aix-en-Provence va être prolongée par la métropole dans le cadre du volet transports du plan Marseille en grand. Mais la municipalité émet des réserves sur le projet choisi, d'aller vers le quartier du Val Saint-André, et privilégie un autre trajet, vers le pôle d'activités des Milles.

La première ligne de l
La première ligne de l'Aixpress à la gare routière Belges. (Photo : ML)

La première ligne de l'Aixpress à la gare routière Belges. (Photo : ML)

Marseille, Aix, même combat ? Après la bataille pied à pied de Benoît Payan pour infléchir les projets de transports de la métropole, c’est au tour de Sophie Joissains d’élever le ton. “Le plan Marseille en grand est pour rattraper le retard de Marseille, mais nous avons également des propositions”, pose-t-elle auprès de Marsactu. Aix attendait plus du groupement d’intérêt public (GIP) créé pour répartir les aides financières du plan Marseille en grand et n’est pas satisfaite du projet posé qui a été défini comme prioritaire sur son territoire.

En septembre, le prolongement de l’Aixpress vers le quartier du Val Saint-André a été retenu par le groupement d’intérêt public pour recevoir le soutien financier de l’État. Ce bus à haut niveau de service (BHNS) a été lancée en 2019 pour relier le centre-ville avec le parking relais du Krypton et les facultés avec des véhicules électriques. La métropole souhaite maintenant prolonger cette ligne vers l’Est, parallèlement à l’autoroute A8, sur environ 2 kilomètres pour desservir 9 000 nouveaux habitants, selon les données présentées par le GIP. Ce chantier représenterait un coût de 17,7 millions d’euros, dont 1,48 seraient pris en charge par l’État. Cette extension du réseau aixois pourrait être mise en service en 2026, selon les estimations de la métropole.

La carte du prolongement de l’Aixpress vers le quartier du Val Saint-André. (Source : GIP)

“Cela ne représente que 2 % d’investissement du GIP pour Aix”, a regretté la majorité municipale de Sophie Joissains à l’occasion du conseil municipal du 14 octobre. “La métropole a tendance à oublier tout ce qu’il y a autour de la ville de Marseille”, détaille la maire en aparté de la séance.

Chargé pour la métropole de suivre l’avancée du plan Marseille en grand, l’élu LR Yves Moraine juge “la critique injustifiée” de la part des Aixois. “L’effort du président de la République pour Marseille va bénéficier aux autres communes car quand on aide Marseille on aide tout le territoire, indique le conseiller métropolitain à Marsactu. Il précise également “ne pas avoir entendu ces critiques de la part d’Aix lors de la dernière réunion du GIP”.

La Ville d’Aix et son réseau de transports ont déjà fait l’objet d’investissements considérables de la part de la métropole depuis 2016.

La métropole

En complément, la métropole indique dans une réponse écrite que “la Ville d’Aix et son réseau de transports ont déjà fait l’objet d’investissements considérables de la part de la métropole depuis 2016”, à commencer par les 70 millions d’euros de l’Aixpress et les deux parkings relais associés, ainsi que “la conversion vers une flotte zéro émission de la quasi-totalité du parc de bus”.

Une solution pour “désengorger” tout le territoire

Mais pour la Ville, le projet qu’elle avait en tête est autrement plus urgent que celui retenu par le GIP. Il s’agit encore une fois d’une ligne de bus à haut niveau de service, comme l’Aixpress, mais cette fois-ci vers les Milles pour transporter les 30 000 salariés du pôle d’activités. Le coût estimé n’est pas non plus le même : environ 80 millions d’euros, contre 17,7 millions pour aller jusqu’au Val Saint-André. “Car si on reste comme ça le pôle d’activités des Milles va perdre de son attractivité”, justifie Kayané Bianco, adjointe en charge de la mobilité douce et représentante de la Ville d’Aix-en-Provence au sein du GIP.

“Les bouchons sur cette zone impactent d’autres communes, cela désengorgerait tout le territoire”, continue l’élue. Du côté de l’opposition municipale, Marc Pena, élu du groupe Aix en partage, a aussi regretté le choix du GIP et rappelé au dernier conseil municipal que la zone est “un territoire métropolitain, pas qu’aixois, la métropole doit en faire un enjeu”. “Le BHNS vers le pôle d’activités aurait dû être le premier à Aix, a déploré à son tour Anne-Laurence Petel pour le groupe d’opposition Aix au cœur. La première erreur a été d’avoir commencé par une ligne Est/Ouest.”

L'organisation du GIP critiquée par la municipalité

"On a demandé deux fois que cela soit inscrit à l'ordre du jour" des réunions du GIP, assure pourtant Kayané Bianco. Dans un courrier du 27 juin 2022, consulté par Marsactu, Sophie Joissains a sollicité en ce sens Fabrice Levassort, directeur du GIP, sans succès. Ce document avait été cosigné par Jean-Luc Chauvin, président de la chambre de commerce et d'industrie Aix-Marseille Provence, Bruno Cagnol, président du club top 20 Aix-Marseille Provence, et Phillipe Korcia, président de l'UPE 13. "La non-inscription veut dire refus", nous traduit son adjointe.

"Il est trop tôt pour commenter, indique-t-on à Marsactu du côté de l'État. Ces sujets-là peuvent être évoqués à différents moments." Et surtout plus tard, indique la métropole, pour qui le projet défendu par la majorité aixoise n'était pas suffisamment mûr pour être présenté. Si elle y "travaille activement", il est encore "en phase d’études de faisabilité et son coût n’est aujourd’hui pas connu dans la mesure où le programme de cette opération n’est pas défini pas plus que son calendrier de réalisation", souligne l'institution.

Alors que la métropole demande déjà plus de subventions à l'État pour le plan Marseille en grand, elle assure que ce projet aixois serait susceptible d'être inclus, mais dans un second volet de financement. Pour l'heure, Aix a tout de même voté favorablement à l'allocation des fonds arrêtée lors de la dernière réunion. Même si elle craint de voir s'éloigner son projet vers Les Milles, la municipalité n'est en effet pas prête à renoncer à l'aide financière déjà acquise par la métropole pour le prolongement vers Val-Saint-André. "Pour nous ce n'est pas une priorité, mais on ne va pas cracher dans la soupe !", résume Kayané Bianco.

Pas de BHNS sur la voie ferrée
Avant que l'Aixpress ne puisse aller jusqu'aux Milles, des problématiques techniques restent à régler. L'élue d'opposition Anne-Laurence Petel a, lors du conseil municipal du 14 octobre, émis des critiques sur le projet. "Le tracé altère la possibilité pour la ligne Aix/Rognac d'être réouverte car il utilise son foncier", estime la députée Renaissance. De son côté, la majorité municipale affirme que le bus ne roulera finalement pas sur la voie ferré ,"mais passera juste dessus" selon Éric Chevalier, adjoint en charge de la voirie. L'élu affirme que cette hypothèse antérieure a été abandonnée par la maire en juin dernier lors d'un comité de pilotage de la métropole. Cette idée figurait pourtant dans le programme électoral de l'ancienne maire Maryse Joissains en 2020 et dans le plan de déplacements urbain métropolitain. "C'est la métropole qui voulait mettre le BHNS sur la voie ferrée", défend maintenant celle qui a pris sa suite, Sophie Joissains.

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Commentaires

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  1. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Et qui voit-on à nouveau pour incarner la métropole dans ce dossier ? L’indispensable et omniprésent “élu” (battu, en réalité) Moraine. Quels sont les dossiers qui échappent aux multicompétences de ce personnage qui s’occupe des éboueurs un jour, de la mobilité le lendemain et de la Soleam pour tuer le temps qui lui reste ?

    Plus sérieusement, il va falloir que les Aixois se posent un peu et définissent leurs vraies priorités prioritaires. Pendant que certains mettent en avant, pour desservir la zone des Milles, un projet de BHNS à 80 millions d’euros, d’autres souhaitent la remise en service de la ligne ferroviaire Aix – Rognac, dont le coût serait de 87 millions d’euros.

    Ça va être difficile de se battre pour ces deux projets à la fois. L’avantage de la ligne Aix – Rognac, c’est qu’elle permettrait de relier Aix à l’ouest du département, mais aussi à la zone aéroportuaire. Et de faciliter la création d’un RER métropolitain.

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  2. Duchateau Duchateau

    Utiliser enfin pour la mobilité quotidienne l’axe ferroviaire structurant Pertuis-Venelles-Aix-Rognac
    Il n’existe qu’un seul projet de BHNS de la Métropole pour desservir le pôle d’activité des Milles, c’est celui d’une route à établir sur la ligne SNCF Aix-Rognac qui est fermée aux voyageurs depuis 1939.
    Cette ligne SNCF a été construite en 1856 avec une plateforme à double voie, mais jusqu’à ce jour une seule voie ferrée a été posée.
    L’emplacement « libre » de la deuxième voie serait utilisé par le BHNS, ce qui nécessiterait la construction d’une plateforme goudronnée de faible largeur (85 M€), mais utilisée dans les deux sens ! Cela pose des problèmes de génie civil délicats et des problèmes de sécurité liés au croisement avec les trains qui ont été soulignés par la FNAUT dès Novembre 2021 dans une lettre détaillée à SNCF réseau.
    De nombreuses associations du pays d’Aix, les députés Anne Laurence Petel et Jean-Marc Zulesi et le Conseil Consultatif de la Société Civile du pays d’Aix, s’opposent à ce projet de BHNS. Ils soulignent tout au contraire les aspects structurants de l’axe ferroviaire Pertuis- Venelles-Aix Rognac pour la mobilité quotidienne et le fret. Il ne faut surtout pas toucher à l’intégrité des deux voies qui sont extrêmement précieuses pour l’avenir.
    Il existe à moyen terme un projet de tram train qui s’appuierait sur cette ligne SNCF et sur la ligne SNCF Aix-Marseille existante, en les raccordant en mode tramway. Ce projet rappelle beaucoup le tram train T13 entre Saint Cyr et St Germain qui vient de démarrer dans la région Parisienne (voir Wikipedia).
    A court terme également, et à faible coût, il est possible très vite de remettre en service aux voyageurs la ligne SNCF simplement entre Aix et Plan d’Aillane en ré-ouvrant les gares de Venelles et de la Calade. Cette phase 1, permettrait de connecter les territoires du Nord du Pays d’Aix, pour la mobilité quotidienne liée au pôle des Milles, ce que ne permet pas le projet de BHNS.
    En fait il faut réaliser simplement ce qui était programmé en détail dans le PDU 2015 du territoire du pays d’Aix et qui n’a jamais été réalisé à la création de la Métropole en 2015. Il reste d’ailleurs à souligner qu’un tel projet contribue au développement indispensable d’un RER pour la Métropole. Il concerne à cet égard, toute la Métropole et pas seulement le pays d’Aix. Le développement d’un tel lien est crucial y compris pour Marseille.
    Jean-Luc Duchateau (FNAUT-PACA et Tram-train du pays d’Aix)

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    • PierreLP PierreLP

      Les travaux réalisés en gare d’Aix-en-Provence en Provence dans le cadre de l’opération dite MGA2 comprennent l’augmentation de capacité pour permettre la réouverture d’Aix-en-Provence Rognac, la modernisation de la signalisation sur cette ligne et la pose d’une seconde voie entre la sortie de la gare d’Aix et la séparation des lignes vers Rognac et les Alpes. Outre que faire passer un BHNS sur cette ligne serait un gâchis de qqs dizaines de M€, la réouverture jusqu’à Plan d’Aillane ne devrait pas coûter trop cher…

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  3. ilacladere-coutiaux ilacladere-coutiaux

    aucune utilité pour les habitants des quartier sud.
    ce projet de prolongation avait ete refuse par la population.
    de plus ce projet mettra l’abattage de plus de 50 pins de plus de 40 ans , la mort des commerces et la disparition des parkings .

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  4. kukulkan kukulkan

    un scandale la gestion et planification des transports urbains à aix.. Une seule ligne de BHNS quand les autres villes comparables en compte 3 ou 4 voire souvent du tramway !

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      A Aix, il y a environ 12 millions de voyages par an sur le réseau de transport public… pendant qu’à Tours ou Orléans, villes à peu près comparables, il y en a entre 35 millions et 40 millions. Et en effet, il s’agit de villes dotées d’un tramway.

      Il y a donc au moins un point commun entre les équipes municipales qui ont géré Aix et Marseille ces dernières décennies : les transports collectifs étaient un non-sujet pour elles. Et à Aix, il n’y avait pas le prétexte de la pauvreté de la ville pour ne rien faire.

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  5. Alceste. Alceste.

    8e vous êtes dur ,vous n’avez jamais une pensée pour les propriétaires des concessions Audi,Mercedes,Porsche, BMW,Ferrari et autres Maserati. Si les gens riches et les trafiquants de drogue sont obligés de prendre les transports en commun, que vont-ils devenir? 😇

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    • Elpa64 Elpa64

      Et les hordes de pauvre qui risquent de s’abattre sur les paysages cezanniens à bord du RER vous y pensez ?

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