Soupçons d’emploi fictif à l’AP-HM : l’élu municipal Daniel Sperling face à ses juges
Procès Sperling, 2e acte. Après qu'un complément d'enquête a été ordonné par le tribunal judiciaire de Paris en juin 2022, le conseiller municipal apparenté LR Daniel Sperling comparaît à nouveau jusqu'au 6 mars. Accusé de recel et complicité de détournement de fonds publics, il devra convaincre ses juges de la réalité de son emploi à l'AP-HM.
Daniel Sperling lors de la campagne des municipales 2020. (Photo : JV)
Le 5 février encore, Martine Vassal (DVD) s’affichait à ses côtés pour une rencontre avec les membres du conseil de développement de la métropole dont elle est présidente. Daniel Sperling, conseiller municipal de son camp, et président dudit conseil regroupant des représentants de la société civile a pourtant la particularité d’être l’objet de soupçons de recel et de complicité de détournement de fonds publics. Son procès, qui s’ouvre ce lundi au tribunal judiciaire de Paris, doit permettre de déterminer si son emploi comme cadre à l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) de 2007 à 2017 revêtait un caractère fictif. La loi prévoit dans ce cas une peine maximale de dix ans d’emprisonnement, un million d’euros d’amende et une inéligibilité.
Il s’agit en réalité d’un deuxième acte devant la 32ᵉ chambre correctionnelle, spécialisée dans l’examen des délits économiques et financiers. En juin 2022, Daniel Sperling s’était déjà présenté à la barre. Mais la défense de l’ex-adjoint de Jean-Claude Gaudin avait découvert des manquements dans l’enquête : un ordinateur professionnel dont il avait usage avait été recueilli en perquisition à l’institut de formation des aides-soignants Houphouët-Boigny, dépendant de l’hôpital, mais n’avait jamais été inspecté.
Le problème était de taille puisque les enquêtes pour emploi fictif ont la particularité de se construire en creux. C’est en ne trouvant pas de preuve de l’effectivité d’un travail que se construit l’accusation. En l’occurrence, le parquet national financier (PNF) et les enquêteurs de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières (OCLCIFF) ont dû décortiquer ce nouveau disque dur. Et c’est donc d’un dossier plus étoffé encore qu’hérite le tribunal ce lundi.
Une enquête complémentaire qui “satisfait” la défense
Forcément, ce complément sera l’objet de discussions à l’audience. Contacté par Marsactu, l’avocat de l’élu marseillais, Jean Boudot, se dit “tout à fait satisfait du supplément d’information”, “venu accréditer la réalité d’une activité professionnelle de Monsieur Sperling”. L’avocat, qui a déposé une requête en nullité contre cette enquête, estime qu’elle a été menée de manière “déloyale”. “Il y a eu une volonté absolue de démontrer que l’hypothèse de départ était la bonne”, note-t-il.
De source judiciaire, on estime au contraire que l’exploitation de ce disque dur supplémentaire n’a pas permis de mettre en doute la thèse initiale de l’accusation. La même source conçoit tout de même que, quelques éléments et notamment des mails ayant été retrouvés, “il pourra y avoir matière à débat” à l’audience. Ceux-ci sont prévus pour durer cinq après-midi jusqu’au 6 mars. La décision devrait être mise en délibéré.
On ne parlera donc probablement plus d’un emploi fictif, mais d’un emploi pas suffisamment occupé. Un examen minutieux des présences va s’imposer puisque Daniel Sperling occupait entre 2007 et 2017, une fonction politique chronophage : adjoint au maire (LR) Jean-Claude Gaudin, chargé de l’état civil. En conséquence, il disposait en tant qu’élu de nombreuses heures de délégation lui permettant d’exercer son mandat. Lui a toujours dit qu’il effectuait son quota d’heures au service de l’hôpital.
Le PNF et l’OCCLIFF ont une première fois réalisé ce travail. À leurs yeux, il convient bien de considérer que rémunérer Daniel Sperling a coûté près d’un million d’euros à l’hôpital, dont la moitié environ a fini dans le portefeuille de l’intéressé. Durant l’enquête préliminaire, le PNF a procédé à des saisies conservatoires sur les avoirs de Daniel Sperling. De source proche de l’enquête, celles-ci avoisinent 750 000 euros, incluant notamment la saisie d’une maison d’une valeur de 360 000 euros. “Cela peut couvrir le fruit de l’infraction et le montant d’une éventuelle amende”, explique un spécialiste des infractions financières à Marsactu.
L’AP-HM, de son côté, s’est portée partie civile. Elle pourra ainsi demander des comptes à ceux qui sont accusés d’avoir recruté ou reconduit Daniel Sperling. Trois anciens directeurs, Guy Vallet, Jean-Paul Segade et Jean-Jacques Romatet ainsi que l’ex-directeur adjoint Jean-Michel Budet, accusés de détournement de fonds publics, seront, eux aussi, jugés lors de ce procès.
1 million d’euros en 10 ans sur le budget de la sécu, même charges comprises, il ne s’agit pas d’un petit salaire, mais d’un salaire exorbitant réclamant des responsabilités, des capacités et des productions énormes !
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1 million dont la moitié dans sa poche, cela signifie que l’autre moitié part en charges. Cela nous fait à la fin un bon petit 4000 à 4500€ net le mois.
Plus l’indemnité d’adjoint au maire : 3200 net par mois
Cela ne suffit pas à faire vivre un homme, il faut ajouter l’indemnité de conseiller régional : 2500 net par mois
Le minimum vital quoi
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On peut lire sur le site internet de cet individu :
« En tant qu’adjoint au Maire de 2001 à 2020, j’ai répondu tous les jours à des besoins concrets, que ce soit en matière de passeport, de carte grise, d’accès au Wifi, à la 4 G et 5 G, de réduction de la fracture sociale ou numérique. J’ai également modernisé le service de l’Etat civil, en permettant à tous les marseillais d’accéder à leurs papiers d’un simple clic. »
Voir : Biographie – Daniel SPERLING
On peut aussi lire dans Marsactu 2016 : Sperling est conscient de la complexité de sa situation d’homme politique, fonctionnaire territorial détaché dans les hôpitaux de la ville où il est élu : “Je savais pertinemment que c’était un schéma très compliqué et je le préservais à fond. J’envoyais des notes, des rapports, tout ce qui marquait mon travail.”
Voir : Élu et fonctionnaire, le cas Daniel Sperling embarrasse la région – (Marsactu le 8 Mar 2016 )
Il déclare ici que d’une certaine façon il faisait semblant de travailler pour laisser des traces qui apparemment n’ont pas convaincu les enquêteurs. Il devait sans doute y avoir beaucoup de copier / coller.
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Merci lecteur électeur pour ces petites pépites. 😊
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mais, saisie conservatoire….ce serait étonnant que les sommes éventuellement récupérées (à voir après procès) retournent dans les caisses de l’aphm…..
par contre, on est tranquille pour lui, c’est vrai on s’inquiétait pour son train de vie, martine vassal était près de lui…et en tant que président d’un “conseil théodule” il a pu continuer sans souci ! ouf relax !
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Beaucoup trop de personnes de la gaudinie et de la vassalie sont pris la main dans la confiture jusqu’au coude pour de médiocres histoires de gros sous in fine. Médiocre pas tant que cela à la vue des sommes en jeu.
Quasiment tous les services sont touchés . Au décompte il manque encore peut être les cimetières , question de temps sans doute.Et là nous seront vraiment dans le sordide.
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Déjà fait pour les cimetières
https://marsactu.fr/lelu-aux-cimetieres-accumule-plus-de-8000-euros-damendes-avec-sa-voiture-de-fonction/
Heureusement Martine sait remercier ses “amis”
https://marsactu.fr/les-anciens-elus-du-conseil-departemental-retrouvent-des-emplois-publics-en-toute-discretion/
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Il avait un corbillard de fonction?.
Merci de se rappel ,je l’avais oublié, cela est vraiment sordide.
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“se rappel” ou ce rappel ?
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Un des effets pervers(parmi d’autres) des lois de décentralisation alias lois Defferre
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