Revivez le débat présidentiel depuis les QG marseillais

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le 3 Mai 2012
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Revivez le débat présidentiel depuis les QG marseillais
Revivez le débat présidentiel depuis les QG marseillais

Revivez le débat présidentiel depuis les QG marseillais

Chacun de son côté, deux reporters de Marsactu ont plongé au coeur des QG pour quivre le débat Hollande/Sarkozy. Récit chronologique : en bleu, l'ambiance chez les Bleus de l'UMP, en rouge l'ambiance chez les Roses du PS (oui, on sait, c'est pas très logique mais le rose était pas joli). En noir, ça se passe aux deux endroits.

20 h 20 : Eva et Aurélie, deux trentenaires sympathisantes de gauche parlent d’une seule voix lorsqu’il s’agit de raconter leurs attentes sur le débat à venir : "L’enjeu ce n’est pas la joute verbale mais les thématiques abordées comme l’économie et l’éducation. Il n’y a pas d’arguments en face parler du vote des étrangers c’est trop simple. Il faut d’autres sujets. Nous on attend qu’ils s’affrontent sur le terrain des idées."
20 h 30 : Tout le monde est en place après avoir dévalisé le buffet rue Sainte-Cécile. Des affiches aux tracts dans le couloir, tout respire l'air (im)pur de la campagne. La tension est palpable. Jeunes hommes et sexagénaires apprêtées se disputent la majorité de l'assistance.
20 h 35 : La salle se remplit doucement. Des militants organisent une collecte de fonds pour acheter des pizzas. Marie-Arlette Carlotti passe dans les rangs, elle est très confiante.
20 h 47 : Charles-Louis, un MJS très tendu, fait les cent pas. "On est un peu tendu. C’est le point fort de l’entre deux tours. Au quotidien on est confiant, quand on vient expliquer le programme de François Hollande une partie de la population est derrière nous. Hier, on était à la manifestation du 1er mai avec les militants, les syndicats, les Fralib… Et derrière de "faux travailleurs" on a vu de vrais électeurs !"
20 h 53 : Réunis autour du député Renaud Muselier, du sénateur Bruno Gilles et de la conseillère générale Marine Pustorino, la centaine de militants est stressée. Leurs élus aussi. Pas de slogans de chants ni de drapeaux.
21 h : La salle est quasiment pleine. Marie-Arlette Carlotti chauffe la salle en brandissant une affiche de François Hollande. La tension monte. Les gens font signe de s’asseoir. "Chuuuuut". Les premiers tweets sont lancés. François Hollande se lance : "C’est le sens du changement que je propose." Premiers bravos. À Sainte-Cécile, la concentration est la règle. Une militante caresse frénétiquement sa croix.
21 h 02 : Hollande parle depuis dix secondes : "Connard", lance une habituée des réunions UMP connue pour ses excès de langage.
21 h 07 : Nicolas Sarkozy cite en contre exemple les retraits du CIP et du CPE. Renaud Muselier fait grise mine. Parce qu'il les avait défendus à l'époque ?
21 h 10 : François Hollande s'adresse à Nicolas Sarkozy, "vous aurez du mal à passer pour une victime !" La salle rit et applaudit de manière unanime. "Mais il nous la joue à la Calimero !" se moque un militant resté debout près des boissons. "Ce match-là, ce sera 2-0", réplique un quinquagénaire visiblement fan de l’OM.
21 h 14 : "Muso" toujours : "Ça part fort !" Hochement de tête franc de ses voisins. Le député remonte ses chaussettes, il est prêt au combat.
21 h 20 : La thématique de l’emploi est lancée. Silence dans la salle. Beaucoup attendait la question. Un bruissement court dans l’assemblée, "BIT ? Mais qu’est-ce que c’est ?" François Hollande affirme que les Français ont vu leurs conditions de vie se dégrader. "Oui ! Tout à fait ! Il a raison !", acquiesce une jeune femme assise devant et qui se tourne dans tous les sens pour voir si tout le monde la suit.
21 h 21 : Avec sa dénonciation du contrat de génération "effet d'aubaine", Martine Aubry réussit à faire sourire les sarkozystes. Belle perf.
21 h 22 : Marine Pustorino dégaine ses Kinder Pingui pendant que "Flanby" parle. Muselier décline son offre. L'expérience sûrement.
21 h 35 : Travailler plus pour gagner plus. La phrase clé de Nicolas Sarkozy ne fait pas mouche du côté PS. "Ah bah oui on a vu ce que ça a donné", ironise la salle. "Oh lalala t’es lourd ! Mais arrête de parler de l’Allemagne !", grogne un jeune à côté de moi. Sarkozy contrecarre de manière incisive le candidat socialiste. "Oulala, ça y est, il s’emballe ! Moi je ! Moi je ! Mais quelle répartie !"
21 h 37 : Depuis le début du débat, Liliane, assise au deuxième rang est déchaînée. "Pantin", lance-t-elle face au candidat socialiste. "Arrête tes conneries", rétorque son voisin avant d'être recouvert par les "Chuuuuut" d'une assistance toujours aussi concernée.
21 h 41 : Gros mouvement dans la salle. Ça chahute, ça discute. Le ton monte. C’est l’arrivée des pizzas. "Chuuuuut !"
21 h 47 : On attrape Renaud Muselier pour un premier débrief : "Il n'y a pas eu de round d'observation. J'ai trouvé Hollande assez faible sur les chiffres, déstabilisé." Pas question d'en dire plus, il faut retourner au premier rang pour n'en perdre une miette.
21 h 49 :  Medhi, un jeune militant est agréablement surpris de la tournure du débat. "Il a la tchatche Sarkozy, je pensais pas qu’Hollande serait à ce niveau. Il maîtrise le débat, il est calme, il est sûr de ce qu’il avance."
21 h 57 : Dans la salle, on compte quelques militants particulièrement studieux. Sylvie, carnet de notes en main, s'explique : "Je note la substantifique moelle des oppositions/développements, pour ma culture mais aussi pour après, sur le terrain, ça permet d'argumenter."
22 h : La question de l'enseignement est abordée. "Oulala, il ramasse ses dents !" s'exclame un jeune socialiste animé depuis le début de la soirée. Nicolas Sarkozy affirme : "Moi je protège les enfants de la République". La salle hue en masse. "Tout le monde veut que tu t’en ailles", s'écrient un groupe de copains. Le président-candidat continue sur l'école et les postes d'enseignants qu'il faut diminuer. "Il rigole lui ? Avec des classes à 40, il les a vu où les profs en trop ?!"
22 h 07 : Entracte spontané : le buffet pourtant bien amaigri retrouve des adeptes.
22 h 13 : Marine Pustorino a trouvé quelqu'un avec qui partager ses Kinder Pingui.
22 h 19 : "On a compris qui était le président, lance le maître de la télécommande. Plus la peine de regarder !" Il ne mettra pas sa menace à exécution.
22 h 36 : "Aaaaah !" L'immigration arrive dans le débat. Les tweetos de l'UMP sont à bloc depuis le début de soirée. La France tapote. Mouss dégaine son smartphone. "Je reprends des petites phrases, des petites réflexions", explique-t-il avant d'entrer un hashtag préenregistré pour identifier son message.
22 h 38 : Le silence revient. Nicolas Sarkozy affirme se souvenir d’où il vient. "Ahaha ! Retour à la maison!" Nicolas Sarkozy dénonce les tensions ethniques, les difficultés d’intégration dans la société française. Le groupe de jeunes socialistes s'agitent "Mais grâce à qui ?? C'est toi le problème, c'est toi." "L’islam de France" finit d'outrer la salle. "Son bilan ce n’est pas un bilan mais un dépôt de bilan", lance Medhi amer. Nicolas Sarkozy insiste et rentre dans des explications sur l’immigration française. Il décline les différents pays du Maghreb… "Représente !", lance le jeune derrière moi.
22 h 40 : Eva et Aurélie s’en vont et tombent toujours d'accord : "Sarkozy se fait marcher dessus. C’est un très bon débat. Hollande montre sa supériorité intellectuelle, il va dans le fond des choses. Sarkozy n’a pas de programme et Hollande se tient à ses propositions.  C’est un phénix il est parti de loin, il était démoli et pourtant…"
22 h 47 : Le débat sur le droit de vote des étrangers bat son plein. Liliane est à fond : "Et la polygamie ?", s'époumone-t-elle. Même Bruno Gilles est las de ces réflexions.
22 h 48 : Sarkozy intime de regarder le sort réservé aux Chrétiens d'Orient. Ce sera la phrase la plus applaudie de la soirée.
23 h 02 : Marie-Arlette Carlotti se promène dans les rangs tout sourire et s'arrête ici et là parler aux gens. On fait un point d'étape avec elle : "je pense que ce soir beaucoup de Français découvrent un homme d’Etat. Je trouve qu’il a un excellent niveau. Il a enfilé le costume de présidentiable."
23 h 03 : Marine Pustorino a encore de la réserve. Muselier craque et s'enfile un Kinder Pingui.
23 h 08 : La Une de Libé tourne dans les rangs sur un smartphone : "Hollande préside le débat". "La désinformation, c'est maintenant", raille un militant.
23 h 16 : Nicolas Sarkozy s’exprime au sujet de la fonction de président de la République. "Il a assumé lui ? Il l’a surtout appris à sa femme !", lance un militant en colère. François Hollande énonce ses projets : gouvernement paritaire, nouvelle décentralisation… Un grand enthousiasme circule.
23 h 28 : Nicolas Sarkozy tente une nouvelle attaque contre le candidat Hollande. "On s’en fout c’est pas la question !", s'exclament des gens déçus du peu d'argumentaire de Nicolas Sarkozy. "Il perd les pédales ! Mytho !" Le toujours président de la République passe par le sujet DSK. Huées générales. "Lâche ! Tu vas devoir en rendre des comptes, toi !" A l'UMP, une militante s'exclame peu de temps avant le candidat socialiste : "Il a nommé Strauss-Kahn au FMI". Pas sûr que ça aide son champion…
23 h 39 : Un drame se prépare : la télé affiche un message suivant : "Sans action de votre part, votre téléviseur se mettra en veille dans deux minutes". Mais où est le maître de la télécommande ? Après une minute de silence, son suppléant finit par rétablir le signal dans l'agitation. Quasiment au même moment rue Montgrand, on connaît exactement, au détail du message près, le même souci. Mais on évite l'interruption de programme. Victoire des socialistes.
23 h 47 : François Hollande conclue son intervention. Une partie de la salle est debout, les yeux sont rivés sur l'écran. Le mot de la fin est prononcé sous les acclamations, "Il est fantastique ! François Président !"
23 h 50 :  Muselier "reste très confiant. J'ai trouvé Hollande très arrogant, suffisant. Il a fait une faute de prétention."
Minuit : Au PS, les spectateurs sortent, discutent, traînent… Tous ont le sourire aux lèvres. Anthony du MJS ne tient pas en place, "Convaincus ! On attendait ce débat, on se demandait qui allait mettre les points sur les i et les barres aux t à Sarkozy. Ca y est on l’a !" Marion analyse de manière sereine la soirée : "C’est très clair, il y a un choix qui s’offre aux Français : consolider le système actuel ou changer de politique. Ce soir Hollande a montré qu’il y a encore des marges de manœuvre en politique, il y a une autre voie possible. La possibilité d’une société plus équitable, sans stigmatisation comme l’a fait Nicolas Sarkozy depuis 5 ans". Même sentiment pour Gwen : "Hollande a dominé le débat, il a été très offensif mais avec beaucoup d’argumentation. Il a parfois même amené Sarkozy sur ses propres thèmes. Hollande a été très clair sur ses objectifs, sur ses grandes orientations, son ambition pour la France. Et il a démontré qu’il n’est pas mou contrairement à ce que tout le monde a dit." Côté UMP, on s'est rapidement éclipsé. Renaud Muselier fait la fermeture. Les piles de tracts dans l'entrée n'ont pas trouvé preneur. "Ça sera distribué demain", espère un permanent.

Et en bonus track, revivez en images la soirée à la fédération socialiste. Magnéto Aurélie :

 

 

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Commentaires

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  1. Le drôle de Bordeaux Le drôle de Bordeaux

    Vidéo de bonne facture !

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