Réforme des retraites : les éboueurs marseillais entrent en scène

Actualité
le 22 Mar 2023
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Après plusieurs semaines de mobilisation contre la réforme des retraites, les agents de la collecte des déchets à Marseille ont commencé des blocages depuis lundi. Une entrée tardive dans le mouvement, avec des syndicats poussés par leurs bases.

Les agents de la collecte et du nettoiement ont rejoint le mouvement de grève contre la réforme des retraites, le 21 mars 2023, Marseille. (Photo C.By.)
Les agents de la collecte et du nettoiement ont rejoint le mouvement de grève contre la réforme des retraites, le 21 mars 2023, Marseille. (Photo C.By.)

Les agents de la collecte et du nettoiement ont rejoint le mouvement de grève contre la réforme des retraites, le 21 mars 2023, Marseille. (Photo C.By.)

Pendant que les Parisiens découvrent les effets d’une grève de la collecte des déchets sur plusieurs jours, les Marseillais commencent à peine à voir certaines poubelles déborder. Dans le centre-ville, d’une rue à l’autre les bacs vides côtoient ceux qui sont ensevelis sous un tas de sacs et d’immondices. La situation est encore loin des montagnes de déchets qu’a pu connaître la ville par le passé. “Cela va commencer à se voir d’ici un ou deux jours”, prévient Serge Tavano, secrétaire général du syndicat FSU-Territoriaux.

Il faut dire que cette fois, la mobilisation a commencé sur le tard. Ce n’est qu’en début de semaine que les agents marseillais de la collecte d’Aix-Marseille-Provence métropole ont décidé de se lancer dans le mouvement de lutte contre la réforme des retraites, après des votes en assemblée générale. D’abord au centre de transfert Nord, à La Cabucelle (15e), où “sur 25 bennes seulement trois sont sorties”, assure Serge Tavano qui annonce que “le mouvement doit durer jusqu’à mercredi”. Ce mardi 21 mars, c’est le centre de transfert (CT) Sud, le deuxième de la ville situé à la Capelette (10e), qui a connu sa première nuit de blocage. Ces “CT” sont les lieux où les bennes déchargent les déchets avant qu’ils ne soient acheminés vers l’incinérateur de Fos-sur-Mer.

FO appelle à la grève

En fin de matinée mardi, seule une poignée d’agents, des gilets rouge CGT sur les épaules, occupent l’entrée bien déserte du CT Sud. Véronique Dolot, coordinatrice de la section collecte du syndicat, ne cache pas qu’elle aurait aimé plus de soutien de la part des autres organisations CGT bénéficiant d’une meilleure représentativité. Et, sur place, elle évoque “une sensibilisation auprès des agents, pas un blocage”. Une opération suffisante toutefois pour obliger les bennes qui circulent encore à partir vider leur collecte à La Ciotat.

Même si nous n’arrivons pas à tout bloquer, nous aurons le temps de sensibiliser sur l’importance d’aller manifester

Serge Tavano, FSU

Cette alternative va devoir durer au moins jusqu’à jeudi, date après laquelle le mouvement promet de continuer. “Même si nous n’arrivons pas à tout bloquer, nous aurons le temps de sensibiliser sur l’importance d’aller manifester”, souligne Serge Tavano. Depuis mardi, le syndicat majoritaire Force ouvrière est aussi entré en action. Physiquement, avec le blocage de la circulation au niveau du tunnel de Saint-Charles en fin de journée mardi, mais surtout par communiqué en appelant à rallier cette grève. “50% de camions ne circulent pas mais les balayeuses tournent”, chiffre le patron de FO Territoriaux, Patrick Rué. Son organisation n’a pas été l’initiative du mouvement, mais la base, elle, appelait à se mobiliser. “Ce sont les agents qui sont partis tout seuls, c’est allé un peu dans tous les sens”, reconnaît-il.

Après jeudi, le flou

Un retard à l’allumage que les différents syndicats expliquent par les fortes mobilisations de la filière à l’automne 2021 et début 2022. À l’époque, il s’agissait d’un enjeu local autour des conditions de travail des agents de la métropole. “La grève a duré plusieurs mois, elle a laissé des traces et aujourd’hui, il y a en plus les difficultés sur le pouvoir d’achat”, rappelle Serge Tavano. Des propos qui laissent penser que le mouvement sera de courte durée. “On verra, on conduit au jour le jour”, balaie le syndicaliste.

Plus offensif, Patrick Rué voudrait au contraire voir la mobilisation se durcir après la journée de grève nationale de jeudi 23. “Nous procédons par roulement donc nous pouvons tenir“, assure-t-il. Avec la pénurie d’essence, les bennes pourraient être à l’arrêt de fait, qui plus est si les véhicules doivent se rendre à La Ciotat pour vider leur collecte. Un moyen de mettre la pression sur le thème de la réforme des retraites mais pas seulement. “Au fur et à mesure il n’est pas impossible que les revendications s’élargissent à d’autres sujets“, glisse le patron de FO qui “aimerait négocier à l’échelle nationale un vrai statut pour les éboueurs“. Ce qui permettrait de jouer sur les deux tableaux : les retraites comme les revendications locales.

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Commentaires

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  1. Alceste. Alceste.

    Cela ne change pas grand chose avec l’état permanent de saleté de dette ville.

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  2. Alain M Alain M

    Merci pour ce joli commentaire, fin, argumenté et surtout original ! Je vois plus clair sur le fond des problèmes, tellement il va loin
    . Merci pour ce rayon de soleil !

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    • Alceste. Alceste.

      Et oui , Marseille est sale , et oui les éboueurs ne font pas le boulot, et oui rien ne s’améliore, et oui nos impôts augmentent , et oui le but est d’en foutre le moins possible , et oui ils se disent fatigués sauf pour le “black”, et oui le syndicat est pour rester courtois, “trés particulier” .
      En revanche , trés doués pour les courses de vitesse , le quartier de la Belle de Mai est traversé- et nettoyé à la vitesse de “Guy l’Eclair” ou de “Flash Gordon”.Spectaculaire à voir.
      Mais , si cela vous rassure , ils ne sont pas “plus pire” que leurs cousins les dockers.
      La pénibilité est déjà reconnue , ils veulent quoi ?. Rester à la maison , encaisser sans rien faire ?.
      Qu’ils fassent le boulot déjà , après ……..
      Vous voilà éclairé en ésperant que vous n’ayez pas pris un coup de soleil à la lumière de ce dernier.
      Mais vous devriez vous pencher ou du moins demander un avis à la Faculté concernant cette pathologie trés locale qui pourrait expliquer ces comportements récurents , celle de la PDLM, autrement dit celle du “Poil dans la Main”.
      En insistant je suis convaincu que cette pathologie du “poil dans la main” pourrait être reconnue et donner droit à une pension.Leur rêve enfin réalisé.
      Trêve de plaisanterie , métier pas facile, mais au bout d’un moment il faut arréter les délires.
      J’espère une réquisition avant d’en arriver au même résultat de saleté que la dernière fois ( janvier et février 2022).

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    • Alain M Alain M

      Je vous trouvais lumineux…en fait, le compte n’y était pas : vous êtes éblouissant. Vous êtes un même un spécimen, un mètre – étalon.Il n’y a rien à jeter, vous cochez toutes les cases et vous sauvez ma journée….Un grand MERCI !

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  3. Dark Vador Dark Vador

    Ouf je respire, j’étais étonné que, face à tous ces mouvements de grève, nos “amis” les éboueurs ne se manifestent pas! C’est fait. Vont-ils faire la démonstration aux “parigots” qu’ici on sait ce que monstruosités d’ordures veut dire… 😓

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  4. Patafanari Patafanari

    Pitié pour nos surmulots; ils sont déjà bien assez gros. Vous voulez les faire crever d’obésité?

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  5. Alceste. Alceste.

    Être à Sèvres est une consécration cher Alain M, cela n’est pas donné à tout le monde, et cela est quand même mieux que d’être au milieu des ordures.

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  6. Philippe 20270 Philippe 20270

    Difficile de se mettre en grève quand on se souvient des propos dans Marsactu (13/12/2022) d’un aspirant éboueur. Vu l’attrait du job il avait décidé de candidater en payant un syndicaliste FO : ” C’est la planque, on ne va pas se le cacher. Le travail n’est pas trop fatiguant, tu fais pas beaucoup d’heures, et tous tes crédits passent à la banque”.

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  7. letropezien letropezien

    on est jaloux de paris alors bloque tout,merci pour la saleté de la ville,merci.
    c est honteux tout simplement ol faut rapidement requisitionner.vite mrle prefet.

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  8. julijo julijo

    comme la plupart des gens, c’est horriblement génant une grève des éboueurs, et ça me gène.
    j’habite une maison, et en principe, je les garde dans mon jardin, comme j’ai pu le faire pendant la crise de la covid et franchement, pas super.
    en même temps, si une grève ne gène pas, elle tape un peu à côté !

    je propose aux détracteurs de faire un stage de quelques jours sur et autour d’un camion de poubelles….pour vérifier la balade de sante ..
    et ça permettrait à certains de délirer en toute connaissance de cause.

    qu’un éboueur, ait un statut particulier, améliore ses revenus en travaillant au noir (c’est mal !!!) ça me choque beaucoup moins que pouyané à total ait son revenu augmenté de 10 %

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    • Alceste. Alceste.

      Les éboueurs n’ont pas le monopole de la difficulté.
      Qu’ils aillent travailler réellement, avec de vrais horaires, avec de vraies cadences de productivité dans des entrepôts frigorifiques à – 20 ° ,7.35 heures par jour.
      Un petit stage chez ces gens là et ils reviennent à la benne sur les mains.
      Et en sus,les gens des frigos n’ont pas de statut particulier,eux et n’ont pas le rabais de 15 % sur le temps de travail ou de finis ,partis .
      Alors les grèves au bout d’un moment….

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    • julijo julijo

      absolument, mais enfin là, on parlait des éboueurs….

      la pénibilité au travail est largement partagée par ce que macron en 2020 appelait “les essentiels”, les invisibles, les indispensables !!
      pour revenir aux éboueurs, peu d’entre eux profitent (!) d’un départ à la retraite à 57 ans, la moyenne c’est plutôt 62-63 pour avoir une pension un peu correcte et leur espérance de vie est largement plus courte.

      prévert disait : Quand les éboueurs font grève, les orduriers sont indignés.

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  9. Alceste. Alceste.

    Votre citation finale est injurieuse ,aucune importance, je la prends de qui elle peut venir.
    Comme disait Chirac ,je marche dessus,cela porte chance paraît-il.

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    • julijo julijo

      jamais de la vie !
      je ne me permettrai pas d’injurier qui que ce soit. c’est une citation que j’ai trouvé amusante. et très sincèrement je suis navré que vous l’ayez lu dans ce sens. ce n’était pas mon but.

      vous savez brallaisse, dans mes commentaires, même ceux en réponse aux vôtres, vous n’êtes pas directement et personnellement, visé.
      en général. je conteste, en quelque sorte, vos arguments, et j’expose les miens. c’est tout.
      mes propos ne vous sont pas formellement destinés.

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  10. Alceste. Alceste.

    Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme !
    (Cyrano.)
    Les mots ont un sens , vous ” oubliez” toujours les majuscules des mots ou des noms ce qui est votre droit ,mais essayez au moins de ne pas en oublier le contenu.C’est un minimum.

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