Pour remplacer Corinne Versini à La République en marche 13, un duo se prépare

Actualité
le 11 Sep 2018
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La cheffe d’entreprise, contestée au sein de la machine locale LREM, a annoncé aux adhérents qu’elle démissionnait de son poste de référente départementale. Un binôme formé par le maire de La Roque d'Anthéron Jean-Pierre Serrus et la membre de la société civile Violaine Richard pourrait lui succéder.

Corinne Versini lors de la campagne des législatives. (LC)
Corinne Versini lors de la campagne des législatives. (LC)

Corinne Versini lors de la campagne des législatives. (LC)

Un “oui” clair et sec. Corinne Versini confirme au téléphone sa démission du poste de référente de la République en marche. Elle l’a annoncé quelques minutes auparavant via la messagerie cryptée Telegram aux adhérents du mouvement. “Les raisons sont avant tout personnelles”, pose la cheffe d’entreprise, fondatrice de la société Genes’ink basée à Rousset. “Il faut que je me consacre à mon entreprise : à son développement à l’export et à son entrée en bourse. J’ai de gros dossiers sur mon bureau…” Elle poursuit, manifestement émue : “C’est ça, faire de la politique autrement. Vous en faites un jour ; ensuite vous retournez à vos affaires si vous en avez ; et puis vous revenez au politique si on a besoin de vous.”

Il y a un an tout rond, déjà, la grogne avait fendillé l’euphorie post-électorale. Corinne Versini, très critiquée dans les rangs de la machine LREM, faisait face à un sérieux vent de fronde. Ses opposants la décrivaient volontiers “autoritaire” et “incapable de travailler en équipe”. Le 6 octobre 2017, le bureau exécutif national de la République en marche la confirmait néanmoins pour trois années supplémentaires à son poste. Christophe Castaner, délégué général du mouvement – et très attentif à son implantation dans le département – a d’ailleurs salué “l’engagement” de Corinne Versini par un tweet suite à l’annonce de sa démission.

Elle n’aura finalement tenu qu’un an de plus. Un adhérent marseillais de la première heure soupire de soulagement : “Elle avait mis en place un système de caporalisation. Elle gérait la structure départementale comme si c’était sa boîte !” Yves Delafon, militant à Aix enfonce le clou : “Enfin ! Ce n’était plus viable. C’est un secret pour personne que Corinne avait du mal à se faire aimer. Elle n’avait pas les compétences managériales et humaines pour ce poste. Soyons clairs : elle ne démissionne pas, elle est démissionnée.”

Contestée ? “Oui, je l’ai été”, reconnaît celle qui a été battue par Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France Insoumise dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône. “Mais on ne peut pas plaire à tout le monde. Et puis, c’est un peu le rôle du chef face à ceux qui veulent prendre sa place. Des Iznogoud… il y a plein.” Corinne Versini confesse que cette pression-là “a sans doute inconsciemment joué” dans sa décision.

“Si vous ne changez pas le système ce sera pareil !”

“Mais Corinne, au fond, ce n’était qu’une partie du problème. Les adhérents de base attendent  notamment dans la perspectives des municipales une clarification en matière de stratégie, de structure…”, analyse de son côté Jean-Marc Maini. Comme d’autres à Marseille et Aix, cet animateur d’un comité local pointe la trop lourde verticalité du mouvement et son manque d’ossature solide. Il pronostique : “Vous mettez quelqu’un d’autre à sa place mais si vous ne changez pas le système ce sera pareil !”

Se pose désormais la question de la succession au poste de référent départemental. “Il y aura sûrement quelqu’un de très bien pour me remplacer”, grince une Corinne Versini, non pas “amère” mais “triste”. Plusieurs noms circulent. Parmi lesquels ceux de Jean-Pierre Serrus et Violaine Richard. Le premier est maire de La Roque d’Anthéron et vice-président de la Métropole Aix Marseille ; la seconde ancienne directrice générale adjointe en charge des finances et de l’administration Euroméditerranée.

Vers un binôme

Pour l’heure Jean-Pierre Serrus se borne à réaffirmer “son intérêt pour l’aspect local du développement de la politique de la République en marche”. La possibilité d’un binôme entre ce politique passé des Républicains à La République en marche il y a moins d’un an et la représentante de la société civile est clairement évoquée. “Ce sont des choses qu’on peut imaginer”, poursuit celui qui est aussi vice-président à la Métropole. Un adhérent séduit par l’idée prolonge : “L’idée est d’avoir quelqu’un de politique, qui maîtrise le département, et une autre figure qui a plus le profil d’une madame projet.”

Violaine Richard s’était vue préférer Hugues Parant au poste de directeur général d’Euroméditerranée en février 2017. Elle a quitté son poste en avril dernier. Celle qui a reçu les insignes de Chevalier de la légion d’honneur des mains du ministre de l’Economie, du Numérique et de l’Industrie… Emmanuel Macron en mars 2016, était présente en outre, dans le premier cercle des marcheurs, en novembre 2016 aux Pennes-Mirabeau lors du premier meeting du candidat Macron. Pour Philippe Véran, suppléant du député LREM Jean-Marc Zulesi, elle incarne “ce qu’on a envie de voir dans le renouvellement du paysage politique”.

La date de désignation du, de la ou des remplaçants à Corinne Versini n’est pas encore connue. “Les instances nationales, nos amis députés et les marcheurs vont prendre le temps de la décision”, assure Jean-Pierre Serrus. Avant d’ajouter, l’air de rien : “Elle peut être assez rapide.”

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Commentaires

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  1. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    “Les adhérents de base attendent notamment dans la perspectives des municipales une clarification en matière de stratégie, de structure…” Je ne fais partie ni des adhérents de base, ni des sympathisants, mais cette clarification m’intéresse aussi.

    Je sens une forte tentation, du côté de LREM, de faire des mamours à la majorité nullicipale gaudiniste de Marseille. Si le “nouveau monde” contribue à faire perdurer le vieux monde incompétent et corrompu dans cette ville, au moins les choses seront-elles claires : tout cela aura été de bout en bout une simple tromperie marketing.

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  2. Alceste. Alceste.

    Nous sommes dans une recherche typique de quadrature du cercle.
    LREM est inexistante sur le terrain marseillais . S’allier à Mélanchon , inconcevable. Les Socialistes , vu le stock de casseroles qu’ils ont , ils peuvent fournir la Maison EMPEREUR pour dix ans.
    Alors ils cherchent avec les nullités de la mairie à trouver mutuellement et réciproquement un accord présentable aux électeurs et bénéfique aux deux parties.
    Double avantage à ce dernier , les Gaudinistes qui vont passer leur temps maintenant à démolir Jean Clôôôôôôde veulent se racheter une virginité et prendre le train en marche pour faire du neuf avec du vieux. Pour les LREM , sans outil de campagne ni implantation locale, vont gagner ainsi des années de travail terrain. Et puis le temps passe très vite.
    Alors oui , nous allons assister au mariage de la carpe et du lapin entre des professionnels de la combine et une clique d’opportunistes qui ont bien sentis le coup en souhaitant profiter de l’instant présent.
    Marseille est dans une impasse et qui est en train de se transformer en voie sans issue. (Oh ! la belle formule).
    Mais si quelqu’un à la solution , faites vite cela urge.

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    • VitroPhil VitroPhil

      Formule pour formule “prendre le train en marche pour faire du neuf avec du vieux” est pas mal non plus.

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  3. julijo julijo

    La recherche de la quadrature du cercle peut donner une idée de l’infini….(la bêtise aussi il parait)
    Par contre dans la réalité objective que nous vivons dans notre belle ville, on s’aperçoit rapidement que rien n’étonne plus personne, dans le cas des alliances bizarres, il y en a eu, il y en aura encore, et bien évidemment des nouvelles se préparent….ça reste le but.

    Que les « marcheurs » se soient baptisés eux même le « nouveau monde » m’amuse depuis plus d’un an, continue à me réjouir de façon inversement proportionnelle à ma déception de penser que les électeurs ne voient pas plus loin que le bout de leur nez…..macron annonce que « toutes » ces réformes étaient dans son programme (qui restait malgré tout très « vieux monde »), à sa décharge, il n’a pas tort….ce n’est pas à mon avis une tromperie, c’est du marketing et de la communication purs sucre. Largement relayés par les éditorialistes et journalistes qui nous abreuvent largement et nous expliquent comment penser et quoi penser.
    C’est en train d’évoluer… la pauvreté dans notre pays, les nominations difficiles de nouveaux maîtres de l’Etat, les dérapages d’affidés, l’ensemble des affaires judiciaires, les résultats économiques qui ne sont pas au rendez-vous, les cadeaux publics faits aux entreprises privées…etc. tout cela commence à peser, à se savoir, et les professionnels des combines, corruptions ou opportunités diverses se retrouveront toujours.
    Même si nous avons l’impression, (et si on nous dit que), ce sont des carpes d’un côté et des lapins de l’autre, nous comprenons rapidement que non : ils sont tous prédateurs et qu’il est quand même normal que ces gens-là se retrouvent un jour ou l’autre où que ce soit, le côté, la couleur et l’habit importent peu.

    Ils partagent des intérêts communs. Sur notre dos. Le tout est de savoir si les électeurs marseillais ont le dos large et solide…..
    Il est quand même très souhaitable que les marseillais se réveillent.

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  4. Félix WEYGAND Félix WEYGAND

    Hélas il est difficile de ne pas partager ce pessimisme… Les couches sociales qui auraient intérêt à s’allier (parce qu’elles ont ensemble besoin de développement économique, social et culturel ainsi que d’un d’un redressement du fonctionnement normal et de la qualité du service public rendu par la ville et les autres collectivités) n’ont pas de représentation politique, ni de représentants politique, qui s’adressent à elles.
    Le vote populaire est éclaté entre l’abstention pure et simple, le FN et les derniers lambeaux du clientélisme.
    Le vote de la “classe créative” n’existe pas à Marseille même s’il a pu il y a un an se coaguler provisoirement sur LREM et dans une moindre mesure sur a LFI…
    Alors espérer que ces publics se réveillent et impulsent ensemble une dynamique politique…

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    • Regard Neutre Regard Neutre

      Félix, vous êtes apparemment un adepte de la thèse de Florida, mais sur un territoire aussi immobile que l’aire Marseillo-marseillaise, je crains malheureusement comme vous que la “classe créative ” — plutôt endogène—a déjà montré ses limites…http://www.laviedesidees.fr/La-classe-creative-au-secours-des.html

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