Pour bloquer le boulevard urbain sud, la Ville refuse de céder ses terrains à la métropole

Actualité
le 6 Juil 2021
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Quelques jours après les élections, la mairie de Marseille va voter un blocage du chantier du boulevard urbain sud. En conseil municipal, la majorité de gauche souhaite revenir sur la mise à disposition de milliers de mètres carrés de terrains communaux nécessaires au passage de la rocade urbaine.

Les travaux du premier tronçon du Boulevard urbain sud, reliant Saint-Loup au Cabot, sont sur le point de se terminer.
Les travaux du premier tronçon du Boulevard urbain sud, reliant Saint-Loup au Cabot, sont sur le point de se terminer.

Les travaux du premier tronçon du Boulevard urbain sud, reliant Saint-Loup au Cabot, sont sur le point de se terminer.

En matière d’urbanisme, on peut qualifier la nouvelle de petite bombe, qu’importe le produit détonant qu’elle contient. Avec le rapport 77 présenté au conseil municipal ce vendredi 9 juillet, la municipalité a décidé de mettre fin à la convention avec la métropole qui prévoit de poursuivre le chantier du boulevard urbain sud grâce à des terrains municipaux.

S’il y a un chantier qui cristallise les oppositions depuis l’avènement du Printemps marseillais, c’est bien celui de cette “autoroute urbaine” pour les uns, rocade aux “espaces de circulation apaisées” pour les autres. Sujet d’ardents débats entre candidats durant la campagne des municipales, il a continué à nourrir les discussions entre l’exécutif municipal, dont l’opposition à cette rocade des quartiers Sud fait partie du programme, et celui de la métropole, plutôt favorable à la poursuite des travaux.

Le blocage de chantier

Or, les multiples réunions entre les élus municipaux et leurs homologues du conseil de territoire Marseille-Provence n’ont pas permis d’aboutir à une position médiane. Du coup, la Ville passe à la version coercitive. Et revient sur la décision prise par la précédente municipalité de mettre à la disposition de la métropole les terrains dont elle est propriétaire, bloquant de ce fait le chantier dont une partie est d’ores et déjà achevée.

La délibération n°77 de l’ordre du jour du conseil municipal du 9 juillet est explicite sur la volonté de la Ville :

Par délibérations du 8 octobre 2018 et 16 septembre 2019, la Ville de Marseille s’était engagée à mettre à disposition de la Métropole les terrains dont elle est propriétaire afin de permettre l’engagement des travaux sur la deuxième et la troisième tranches du BUS. A ce jour, la mise à disposition effective des fonciers concernés n’a pas été effectuée. Compte tenu de la nécessité de travailler à de nouvelles propositions d’aménagements, à soumettre à la Métropole, il nous est proposé de mettre fin à ces conventions en vue de porter une réflexion d’aménagement sur les sites concernés.

Projet de contournement urbain inscrit dans les plans de la Ville depuis les années 1930 et le plan Greber, la rocade a impliqué de nombreuses réservations foncières entre l’échangeur Florian sur l’autoroute Est et le port de la Pointe-Rouge. Ces terrains ont pour l’essentiel été maintenus vierges de toute construction en attendant que la municipalité se décide à finir le projet. Sont concernés un terrain de près de 2000 mètres carrés à Sainte-Marguerite ainsi que 49 parcelles sises de part et d’autre des 8e et 9e arrondissements. Cela va d’une lande de 31 mètres carrés traverse Musso pour le plus petit à une autre lande de 21 100 mètres carrés au Roy d’Espagne pour le plus grand.

Trajet à trous

La carte que la Ville annexe à la délibération rend compte de manière imagée du caractère bloquant de cette décision. Qu’elle soit partielle ou complète, cette rétrocession anticipée des terrains empêche la poursuite des tranches deux et trois du chantier.

La carte des emprises municipales que la Ville doit rétrocéder à la métropole pour poursuivre le chantier du boulevard urbain sud. (Document Ville de Marseille)

Après l’échec des discussions, métropole et Ville s’accusent mutuellement d’une posture politicienne. Pour le maire de secteur LR des 9/10 et vice-président du conseil de territoire, Lionel Royer-Perreaut, il s’agit évidemment “d’une mesure dilatoire qui souffre d’une grande fragilité juridique et d’inconséquence sur le plan politique”.

L’opposant à Benoît Payan souligne que la fin de la séquence électorale aurait dû coïncider avec un apaisement des relations entre les institutions de bords différents. “C’est ce qu’il a dit dans un entretien accordé à un grand quotidien [La Provence du dimanche 4 juillet, NDLR], on peut dire que cela commence mal”, commente-t-il, acide.

Pour lui, les contre-propositions des élus marseillais ne constituaient pas un “plan B”, si ce n’est, selon lui, “en reportant la majeure partie du trafic sur des voies qui n’ont pas été conçues pour ça”. Les adjointes aux mobilités et à l’urbanisme, Audrey Gatian et Mathilde Chaboche, n’ont pas souhaité commenter ce sujet avant la présentation à la presse des rapports du conseil, ce mardi.

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Commentaires

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  1. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Donc le BUS serait, selon certains, une “rocade aux espaces de circulation apaisés” ? Sans rire ?

    Il se trouve que j’ai, depuis quelque temps, l’occasion d’emprunter de temps en temps le tronçon existant. Soyons objectifs : c’est une 2×3 voies en pleine ville. Je suis pratiquement le seul à y circuler à 50 km/h, soit la limitation de vitesse qui y est en vigueur : y compris dans le tunnel, la vitesse moyenne apparente des autres véhicules, camions inclus, est située entre 70 et 90 km/h.

    Quand à la voie réservée aux bus, où pas l’ombre d’un service de transport en commun n’existe, elle sert de troisième voie pour bagnoles aux heures de pointe.

    Le greenwashing, ça existe, mais c’est la première fois au monde qu’on entreprend ici de décrire une autoroute urbaine sous la forme d’un bucolique chemin campagnard.

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    • samatak samatak

      bravo …
      Franchement on ne peux pas dire non plus que les pistes cyclable en plein cagnard (bientôt 50 degré) dans ce monument de beton vont servir à quelque chose
      On en reparlera dans 20 ans (ho que l’on a été cons detruire ces espaces naturels) ben ce sont les pauvres qui paierons les riches auront le pole Nord avant de crever plus tard , pas longtemps après…

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  2. Lazarre Lazarre

    Attention, il y a une faute dans l’article (Ces terrains ont pour l’essentiel ÉTÉ maintenus vierges…).
    Voilà.

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    • Benoît Gilles Benoît Gilles

      Bonjour, elle était énorme mais corrigée.

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  3. MarsKaa MarsKaa

    Bloquer le chantier en cours, c’est osé, c’est gonflé. Il fallait le faire. C’est pour cela qu’on a élu le PM. Bravo d’avoir eu le cran.
    Maintenant j’espère qu’ils sont armés juridiquement et politiquement. Parce qu’en face ils ont sûrement prévu l’artillerie lourde.
    Sachant qu’en face il y a les LR locaux, Royer Peraut et Vassal en tête, les entreprises du BTP, les groupes immobiliers etc…

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  4. Alceste. Alceste.

    Lionel Royer-Perrault quand le mouvement politicasrd auquel vous appartenez à de telles casseroles, location de locaux insalubres, brigade financière,fausses procurations l’on ne parle pas de fragilité juridique ,l’on se tait.

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  5. BRASILIA8 BRASILIA8

    la ville a obtenu ces terrains par cession gratuite lors des permis de construire déposés sur l’emprise du BUS elle a deux solutions
    -les transférer à la Métropole
    -les restituer aux anciens propriétaires si l’acquisition date de plus de trente ans dans ce cas le BUS étant déclaré d’utilité publique la Métropole fera exproprier le propriétaire d’où de multiples recours au tribunal pour la plus grande joie des avocats tout cela payer sur nos impôts mais au bout la Métropole aura les terrains ce qui nous amènera vers 2030 date à laquelle tous les véhicules seront électriques donc le BUS sera même défendu par les écolo pour favoriser leur déplacement contre partie deux EPR à Tricastin mais c’est hors de notre vue donc pas de problème
    donc belle manœuvre politicienne qui ravira Barles

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  6. PromeneurIndigné PromeneurIndigné

    Dans moins de neuf ans le projet de BUS sera centenaire. Depuis son inscription dans les plans d’urbanisme ,la situation a évolué,. Par exemple depuis son achèvement, une partie significative du trafic qui transitait par Marseille, utilise la L2..On peut le constater quand une emprunte l’autoroute Nord à partir de la porte d’Aix jusqu’à l’échangeur des Arnavaux Dans ces conditions le BUS présente-t-il encore un caractère d’utilité publique ??

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    • BRASILIA8 BRASILIA8

      la Déclaration d’Utilité Publique est une procédure administrative et seul l’Etat peut l’annuler
      le BUS et la L2 non rien en commun le premier sert au désenclavement des quartiers sud, à l’heure actuelle pour rejoindre l’autoroute Est il y obligation de passer par le Rond Point du Prado ( simple, court, pratique, …..)
      la L2 est un itinéraire de contournement entre l’Est ;Aubagne.. et le Nord
      d’ailleurs la L2 est traitée comme une autoroute le BUS comme une voie urbaine

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    • MarsKaa MarsKaa

      Brasilia8, la L2 est dans le prolongement du BUS : lorsque le BUS arrive à st loup, au carrefour Florian, une partie des véhicules part sur Aubagne Toulon, mais une grande partie s’engouffre dans la L2 direction le nord, Aix.

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    • MarsKaa MarsKaa

      Et inversement, en venant d’Aix ou de Vitrolles, nombreux sont les véhicules qui prennent la L2 pour sortir au carrefour Florian et prendre le BUS (ou des raccourcis parallèles), évitant de traverser tout le centre de Marseille.

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Le BUS est “traité comme une voie urbaine” ? Bonne nouvelle : il n’y a plus qu’à en informer les automobilistes qui l’empruntent, ils ne sont pas au courant et s’y comportent exactement comme sur l’autoroute L2. L’analphabétisme fait des ravages inacceptables à notre époque : tant d’adultes ne savent pas déchiffrer le nombre “50”.

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  7. van cuyck - A2MS van cuyck - A2MS

    1930 …. bientôt 100 ans pour faire une rue strcuturante puisqu’elle désenclave !!!!

    Les politiques sont ils vraiment à l’écoute des concitoyens?

    Jean Paul van Cuyck

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    • PierreLP PierreLP

      Une déclaration d’utilité publique peut être annulée par la juridiction administrative (tribunaux administratifs, Cours administratives d’appel et Conseil d’Etat. La DUP du Boulevard US est actuellement contestée devant le Conseil d’État.

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  8. BRASILIA8 BRASILIA8

    Electeur du 8e
    la nuit ou tôt le matin des motos circulent à 100 km/h et peut être plus sur Michelet qui n’est pas la L2
    peut on refuser de créer des voies parce que des cons vont y circuler ?

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Bonne remarque. Dans le cas du BUS, ce ne sont pas seulement quelques motards la nuit, ce sont 95 % des automobilistes qui sont en excès de vitesse en pleine journée. Mais je peux comprendre : le profil de la voie y incite. Créer des voies nouvelles, pourquoi pas, mais surtout pas avec un profil autoroutier si l’on veut une “circulation apaisée”.

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  9. Pierre12 Pierre12

    Pas trop le sujet qu’on y roule à 50 ou 100 kmh…surtout avec des feux rouges tous les 100 m, ça paraît difficile d’y rouler vite, mais peu importe.

    Sinon, ça fait un peu cour d’école, tu ne veux pas arrêter le projet, je ne te mets plus à disposition les terrains.

    On peut aussi considérer que c’est un engagement de campagne, même si c’est un engagement surprenant puisque ce n’est pas de la compétence de la Ville, mais bon on n’est plus à ça près avec le pm.

    Un peu comme si la ville s’opposait à une décision prise par l’état.

    Tout le monde sait qu’à la fin, le projet se fera puisqu’il est considéré d’utilité publique et que le préfet ira à l’encontre de la décision de la Ville.
    Ca le retardera seulement.

    C’est pas comme ça que Marseille va rattraper ses 30 ans de retard avec les autres grandes métropoles, mais bon c’est de la politique, peu importe si la moitié sud est enclavée…

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Vous semblez très bien connaître le sujet, mais vous sous-estimez nettement les distances : il n’y a pas un seul feu entre le carrefour Florian et la rue François Mauriac. Heureusement que j’y suis passé encore ce matin et ce soir, je suis heureux de voir que votre passion pour la contradiction gratuite ne change pas.

      Et quoi que vous en pensiez, c’est le nœud du problème, qu’on roule sur une voie urbaine à 50 ou à 100 km/h : ça change du tout au tout en termes de débit de la voie, de nuisances sonores et de pollution atmosphérique.

      Pour que les automobilistes ne soient pas incités à se croire sur un circuit de vitesse en ville, il faut faire le contraire de ce qui a été fait pour le premier tronçon du BUS : éviter les voies larges, rectilignes et sans obstacle. Et quand on construit quand même une voie large, rectiligne et sans obstacle en ville, on évite de la qualifier de “zone de circulation apaisée”, sauf si l’on tient vraiment à prendre l’électeur pour un abruti.

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Par ailleurs, il est tout à fait vrai que Marseille a deux ou trois décennies de retard sur les autres grandes métropoles… mais pas en matière d’équipement routier : le retard est dans l’offre de transport en commun, dans le réseau cyclable, et dans l’équipement en pôles d’intermodalité (parkings relais par exemple). Dans une ville hyper-bagnolisée, on n’a pas besoin de faire encore plus de place à la bagnole.

      J’habite depuis longtemps dans les quartiers sud : le seul enclavement dont ils souffrent, c’est celui qui résulte d’une offre de transport en commun sous-dimensionnée, qui contraint trop de gens à prendre leur voiture.

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  10. Alceste. Alceste.

    Pierre 12 ,une collectivité peut tout à fait en droit administratif attaquer ou réfuter l’État.Vassal votre copine, a été battue a Marseille et je ne vois pas pourquoi elle déciderait d’aménagements qui ont été rejetés par le vote malgré les fraudes avec des fausses procurations emises par son camp.

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  11. Regard Neutre Regard Neutre

    @Electeur du 8ème.
    Le système de circulation est ,à mon avis, plus complexe pour vouloir prescrire et réguler la vitesse avec quelques panneaux de limitation à 50, en agglomération — au sens du code de la route— sur ce boulevard qui présente un profil en travers de corridor urbain offrant un confort de conduite d’une rocade.
    Sur ce type d’aménagement, toutes les études montrent que la vitesse moyenne pratiquée sera au dessus de la vitesse prescrite par les panneaux 50 .
    Les zones de “contrainte” (carrefours à feux) sont plus faibles que les sections de “confort” (deux fois deux, ou 1 fois un voie).
    La conduite d’un véhicule est une activité complexe qui nécessite un traitement de l’information permanent de l’automobiliste pour s’adapter aux conditions de conduite rencontrées.
    Une réflexion serait à mener sur la cohérence entre, d’une part, la réglementation, affichée pour le conducteur, et d’autre part, le paysage ou la configuration environnementale auxquels ce dernier est confronté pendant sa conduite.
    Les conducteurs analphabètes, que vous citez, ont certainement regardé le panneau de réglementation à 50 km/h ,mais leur cerveau ne l’a certainement pas vu…

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Je suis d’accord : le profil de la voie telle qu’elle a été conçue est un profil quasi autoroutier. Si le projet doit se poursuivre vers la mer, il faut absolument réduire son gabarit et introduire des obstacles (carrefours, feux, virages…). Le profil 2×2, voire 2×3 voies est pousse-au-crime, surtout ici où l’on connaît le respect scrupuleux d’une bonne partie des automobilistes pour le Code de la route.

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  12. Andre Andre

    Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne décision car le tronçon réalisé entre St Loup et le Cabot induit un surcroît de trafic sur la voie du même nom qui n’est pas dimensionnée en conséquence. Une échappatoire sera nécessaire
    Peut être juste une stratégie pour freiner la fièvre bétonneuse de la Métropole?
    Dans ce cas, il faudra pour l’avenir réfléchir au profil en travers de la section à réaliser. Pourquoi toujours des 2×2 voies?
    Il sera important aussi de s’ interroger sur le devenir des terrains qui bordent le BUS, à commencer par ceux du tronçon déjà réalisé.

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