Politiques, syndicats, citoyens : la nouvelle donne après le conflit

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le 16 Déc 2010
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Et maintenant, que vais-je faire ? Réunis à Marseille mercredi soir, syndicats et partis politiques de gauche étaient tous d’accord : le mouvement social contre la réforme des retraites a été massif. Reste à savoir quelle sera sa « portée politique », comme le résumait le thème du meeting commun. Mais plutôt que simplement passer le relais aux élus, les syndicats ont pris acte d’une nouvelle donne : pour Jean-François Longo (FSU), « alors que les organisations syndicales étaient affaiblies, elles se sont retrouvées investies par l’opinion d’un rôle d’opposant, amenant une porosité entre les mondes politique et syndical. Et les réflexions portées par l’intersyndicales sur l’emploi ou encore la fiscalité marquent encore plus cette porosité. »

Mouvement social continu

« La mobilisation reste très forte. Je pense qu’on est encore dans la séquence, qu’on va vers un mouvement social continu », a analysé Gilles Aspinas (PCF). Une idée reprise par Sébastien Fournier (Snuipp), instituteur à la Busserine : « On ne va pas attendre 2012. La bagarre est maintenant. Dans l’éducation, on a des contrats précaires à 800 euros par mois qui n’ont pas été renouvelés, puis on a proposé 600 euros… Certains ont même reçu des SMS leur disant : ne venez plus on n’a plus de quoi vous payer ! »

De l’avis de beaucoup, « le syndicalisme est sorti de son lit. On débordé les cadres », s’est félicité Jean-François Longo (FSU). « Non seulement on constate un mouvement de syndicalisation, mais il y a eu beaucoup de discussions interprofessionnelles, comme entre profs et personnels de l’éducation ce qui n’était pas toujours le cas », a témoigné Françoise Risterucci, représentant l’intersyndicale des Territoriaux.

Passerelles

Autre élément marquant : les passerelles créés avec les clients par les grévistes de Monoprix à Marseille, ou avec les usagers du 2e arrondissement, qui ont mis sur pied un comité de soutien, par les postiers. « On souhaiterais que les gens qui sont dans cette salle viennent nous rendent visite au bureau », a appelé Daniel Carnazza, en grève depuis 70 jours avec ses collègues. « On ne revendique pas pour ce qu’on a, mais parce qu’on veut être reconnus dans notre métier de facteur, avec derrière la question de quel service public nous voulons », a complété Michel Pirrottina (CGT), affirmant que l’interim se développe surtout « dans certains quartiers (3e, 14e, 15e, 16e). Pourquoi ? Car demain c’est le désert, ce n’est pas assez rentable ».

Des ponts nécessaires pour Sébastien Fournier car « les revendications sociales des salariés toutes seules ne font pas grand chose ». Quelques profs de plus dans les quartiers Nord ne résoudront pas tous les problèmes… D’où la nécessité pour Charles Hoareau, animateur de Rouge Midi, d’« aller dans les quartiers populaires, pour faire le lien avec la question de la précarité, montrer en quoi les gens sont concernés, comme la casse de l »assurance chômage ». Car « ce mouvement a surtout mobilisé des travailleurs à statut », a-t-il constaté, nuançant un peu l’enthousiasme.

PS secoué

Mais in fine, la traduction se fait toujours dans les urnes. Les attentes exprimées dans la rue sur des questions comme « l’injustice, le sens du travail ou la répartition des richesses appellent des traductions claires au niveau politique », a estimé Avelino Carvalho, de la CGT13. En réponse les partis de la gauche de la gauche – le PS et Europe Ecologie-Les Verts n’ayant pas donné suite à l’invitation – se sont surtout livrés au classique débat sur la perspective de 2012, l’unité, l’alliance ou non avec les socialistes…

Des socialistes dont la position floue à Marseille pendant les grèves a clairement laissé des traces. Voulant réagir à ces rappels, le militant socialiste Jean-Paul Nail, venu à titre personnel, a d’ailleurs été chahuté par la salle. Pourtant, « le mouvement social a renforcé la gauche du PS », et notamment le courant « Un monde d’avance » auquel il appartient, nous assure-t-il. « Ce n’est pas un hasard si c’est Benoît Hamon qui est venu à Marseille », à l’invitation du premier secrétaire de la fédération Jean-Noël Guérini. Malin, il appelle à se saisir des primaires du PS, ouvertes à tous, pour déplacer encore un peu plus le curseur. Encore une nouvelle passerelle.

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Commentaires

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  1. Casanovette Casanovette

    Vraiment, on parle de “loup ravi”, pour décrire Muselier, mais on a vraiment l’impression d’une “innocence” au PS, ce PS, victime du virus libéral, qui pose une véritable question. Mais peut-être faut-il considérer les choses à leurs justes mesures ? Peut-être en effet, faut-il au PS , représentant tout de même d’une majorité de la gauche, dans un pays clef de la Zone Euro … avec tout ce que cela recouvre,, d’un extrême courage, peut-être plus important encore que celui qu’il faut aux tenants d’une politique de gauche en Amérique latine (Le Vénézuela, la Bolivie, l’ Équateur …) … dont nous pourrions nous inspirer … pour se projeter dans l’idée et l’action réelle, d’un changement de société.

    Moi je me pose honnêtement la question … : comment trouver des méthodes et des outils appropriés à un peuple donné, le peuple Français ( unique en son genre), si nos politiques … et plus précisément les représentants du Parti socialiste Français, ne sont pas eux même convaincus du bien fondé d’une politique qui se doit de reprendre toute sa place au centre, au détriment des marchés financiers ? Peut-être faut-il du courage, plus qu’ailleurs, à ce parti, pour enfin, dans cette période propice s’il en est, se déniaiser et donner le “la” à une future musique de Lully …
    Mais, rêvons un peu, au milieu de fontaines ineffables ! ( j’évacue totalement dans cette affaire et cette évocation, la monarchie, bien sur …, à la rigueur un despote éclairé ? … non, même pas. Mais, des individus qui aient bien compris les besoins réels de leur peuple … Oui, sans doute.)

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