Petits meurtres métropolitains entre socialistes marseillais

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le 29 Avr 2016
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La désignation de représentants de la métropole dans plusieurs organismes a donné lieu à une lutte ouverte au sein des socialistes marseillais. S'il s'est montré agacé lors de la séance, Jean-Claude Gaudin n'a rien fait pour éviter un conflit qui affaiblit encore son opposition municipale.

Petits meurtres métropolitains entre socialistes marseillais
Petits meurtres métropolitains entre socialistes marseillais

Petits meurtres métropolitains entre socialistes marseillais

“Levez la main, qu’on voie combien vous êtes !” Le ton de Jean-Claude Gaudin est agacé. Face aux socialistes marseillais qui réclament un vote à bulletin secret qui prendrait de longues minutes, il persiste – “et tant pis si c’est illégal” – à faire adopter à main levée la liste des représentants de la métropole dans différents organismes. “Vous n’êtes qu’une poignée de socialistes. Les autres socialistes maires du département n’approuvent pas ce que vous faites et c’est à moi que vous donnez des leçons”, lance-t-il à Patrick Mennucci, son rival lors des municipales 2014. Une manière de rappeler la séance du 17 mars, où l’on a vu émerger deux groupes – l’un marseillais, l’autre estampillé PS 13.

Le maire de Marseille qui se cache derrière le président de la métropole Aix-Marseille Provence aurait pourtant de quoi se réjouir : à la fin de la séance de ce jeudi, son opposition socialiste marseillaise vient de se fracturer sous les yeux du reste du conseil métropolitain. Deux candidats PS, Stéphane Mari et Nadia Boulainseur, s’affrontent en effet pour siéger au groupement d’intérêt public (GIP) politique de la ville.

Le premier figure sur la liste proposée par Jean-Claude Gaudin. “J’avais fait acte de candidature, considérant que je mène un combat difficile, parfois un peu seul, face au FN dans les 13e et 14e arrondissements. Le Front national ne s’intéresse pas aux questions de rénovation urbaine, ma candidature s’inscrit dans l’intérêt des habitants et de ces quartiers”, justifie Stéphane Mari, joint par téléphone dans l’après-midi. Et de regretter son “lâchage en direct” par ses camarades. La maire du 15/16, Samia Ghali, dont Nadia Boulainseur est la première adjointe, s’étouffe : “On avait fait une réunion de groupe, chacun avait exprimé ses desiderata et on avait désigné les gens. (…) Ce n’est pas à Gaudin de choisir au sein de notre groupe qui nous représente !”

Flou artistique

Ce scénario a été facilité par le flottement autour de la mise en place des groupes politiques. “Il n’y a pas de groupe socialiste constitué aujourd’hui”, rappelle Stéphane Mari pour mieux justifier sa candidature personnelle. Explication : lors d’une précédente séance, le nombre d’élus nécessaires pour en créer un a été (habilement ?) fixé à 20. Or, les socialistes marseillais sont 16… Comme les communistes et le FN (également en dessous de 20), ils avaient demandé l’abaissement de ce seuil, mais Jean-Claude Gaudin a tenu bon, promettant de revoir le système à l’occasion de l’écriture du règlement intérieur du conseil métropolitain. En attendant, c’est dans un flou artistique que se sont déroulées les diverses nominations, censées être proportionnelles aux effectifs des groupes politiques…

Pour sa part, le premier secrétaire du PS des Bouches-du-Rhône Jean-David Ciot voit dans cet épisode une nouvelle illustration que “le problème n’est pas entre Marseille et le reste du département, mais qu’il vient de Samia Ghali et Patrick Mennucci”. Bilan : son groupe devrait prochainement enregistrer le renfort de Stéphane Mari et de Garo Hovsepian, ancien maire du 13/14. “Des fois, il vaut mieux trois bons soldats que dix qui sont prêts à vous tirer dessus”, souffle Samia Ghali. Sans prendre l’initiative de démissionner, Stéphane Mari s’attend en retour à être éjecté de la présidence du groupe socialiste au conseil municipal de Marseille. “Je suis conscient que ce n’est pas glorieux pour nous”.

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Commentaires

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  1. Trésorier Trésorier

    On parle de notre avenir métropolitain à tous, de La Ciotat à Salon, de Port Saint Louis du Rhône à Saint Paul lez Durance, et les socialistes marseillais étalent leurs rancunes en plein conseil métropolitain !!!

    Qu’ils s’étripent ailleurs et laissent les élus responsables (y compris les socialistes non marseillais) travailler !!!

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    • VitroPhil VitroPhil

      Certes mais combien d’ élus responsables qui travaillent à notre avenir métropolitain ?

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  2. Blaah Blaah

    C’est un leurre, cette histoire de seuil pour les groupes politiques. Même dans un groupe de un, les socialistes ne parviendraient pas à nommer un représentant.

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  3. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    C’est fascinant de voir en direct un parti qui a été une vraie puissance locale se suicider. Pour des idées ? Non, pour la lutte des places.

    Les municipales de 2020 à Marseille sont-elles déjà pliées ? Pour autant qu’elle soit de droite, même une huître aurait toutes ses chances…

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    • julijo julijo

      Ca tombe bien on est au bord de la mer, et les “chefs” du ps marseillais ont le QI d’une telline !

      On a l’impression de plus en plus souvent qu’ils ont fait entre eux des paris : qui sera le plus idiot, le plus incompétent, le plus addict au fric que lui rapporte sa place…. et le gagnant est : ???

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  4. LaPlaine _ LaPlaine _

    Sont en train de sombrer dans le néant là… Un peu comme l’OM, la descente aux enfers est chaque jour, à chaque occasion, un peu plus marquée. Ce territoire n’est pas près de s’en sortir avec cette concentration d’egos ridicules et d’incompétences avérées sur toute la largeur du spectre politique.

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  5. VitroPhil VitroPhil

    « et tant pis si c’est illégal » Mais comment le président métropolitain peut-il dire cela en pleine séance ?
    Il aurait pu laisser les socialistes se déchirer et garder le beau rôle mais non…

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    • neomars neomars

      Surtout qu’il a déjà perdu pas mal de temps au jeu de la légalité

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  6. Regard Neutre Regard Neutre

    Les petites frappes socialistes se griffent et se tirent le cheveux en pleine séance publique comme des écoliers turbulents dans un cours d’école communale. Le Directeur de l’école les a grondés, voilà l’image qu’il ressortira de ce conseil métropolitain.
    Et certains de ces élèves prétendent être en capacité à diriger la 2ème ville de France et la plus grande métropole. Plus grave encore, ils représentent auprès des citoyens le socialisme, c’est à dire la recherche d’ une organisation sociale et économique plus juste tout en oubliant ses intérêts personnels. Loin de ces idéaux, pour eux seule la lutte pour la Députation qui a commencé compte. les armes sont sorties.—Je veux dire les petits pistolets à fléchettes…—.

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  7. MarsKaa MarsKaa

    juste une chose (parce que y a tant à dire sur le PS et les élus marseillais et la métropole……..passons),
    pourquoi dit-on “Marseille 2e ville de France” ? Lyon est loin devant…Lyon est une vraie métropole de rang européen, en nombre d’hab dans l’agglo, en nombre d’entreprises dans le centre des affaires, en valeur du PUB (produit urbain brut) etc…
    Marseille n’est qu’une grande ville, une commune très étendue, mais c’est tout…

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    • Laurent Lhardit Laurent Lhardit

      Marseille compte 850.000 habitants et sa métropole 1,8 millions.
      Lyon compte 500.000 habitants et le Grand Lyon 1,3 millions.

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    • neomars neomars

      En termes d’aire urbaine, unité INSEE assez pertinente, d’après wikipédia en 2013: Lyon 2 237 676, Aix-Marseille: 1 734 277 …

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    • JL41 JL41

      C’est cela Néomars (et MarsKaa), sur la base aussi d’un environnement économique plus lourd pour Lyon. Marseille aurait pu être la grande ville d’un grand port, mais personne n’a eu cette ambition pour le port, qui aurait pu être le point d’entrée et de sortie de l’Europe pour l’Inde et la Chine.

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