Nigérians de Marseille : fantasmes, errance et extrême violence

Enquête
par Benoît Gilles & Coralie Bonnefoy
le 31 Mai 2022
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L'expulsion de squatteurs nigérians à Kalliste a mis à nouveau en lumière cette communauté récemment débarquée à Marseille qui suscite beaucoup de fantasmes, jusqu'au racisme. Il existe aussi une réalité sordide, entre errances, violence extrême et traite des femmes, dont les Nigérians eux-mêmes sont les premières victimes.

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L'expulsion de la cité du Petit séminaire, en décembre 2020. Photo : B.G.

L'expulsion de la cité du Petit séminaire, en décembre 2020. Photo : B.G.

La cité Kalliste a rarement connu cela. Plus d’une dizaine de camions de CRS stationnent devant le bâtiment G, avenue de la Bigotte, ce mardi 17 mai. Les hommes en bleu patrouillent sur les sentiers qui sillonnent cette grande copropriété du Nord de la ville. En contrebas, à proximité du petit stade multi-sports, un moulon capte l’attention. L’animateur de CNews, Jean-Marc Morandini a choisi d’installer son “live” au pied des barres. La maire-adjointe, Samia Ghali, la chroniqueuse de la chaîne Rose Ameziane, des habitants, l’avocat Victor Gioïa et des représentants associatifs débattent, entourés de gros bras et d’agents de la BAC.

Dans un brouhaha inaudible, l’émission est censée revenir sur les événements des semaines précédentes qui ont secoué la cité. Comme Marsactu l’a révélé, des heurts avec des squatteurs principalement d’origine nigériane ont poussé des locataires à demander leur relogement immédiat. Une semaine plus tard, en avance sur le calendrier prévu, plus d’une trentaine d’appartements squattés sont évacués par la police sous l’objectif des caméras. La plupart des Nigérians ont préféré décliner les solutions d’hébergement proposées par les pouvoirs publics pour se reloger ailleurs, par leurs propres moyens.

L’équipe de Jean-Marc Morandini, devant l’école maternelle de Kalliste. (Photo : BG)

D’un squat à l’autre, depuis cinq ans

Depuis 2017, Marsactu suit cette errance, de Kalliste au boulevard Daddah, de Bougainville au Petit séminaire, en passant par le parc Corot, les Flamants ou les Rosiers. Après les événements de Kalliste, enquêter de nouveau sur une communauté qui nourrit les clichés et documenter la violence bien réelle dans laquelle ses membres évoluent s’imposait.

Des demandeurs d’asile sans logis
Les ressortissants nigérians de Marseille sont pour la plupart demandeurs d’asile. Ils sont majoritairement originaires des provinces d’Edo et du Delta, au sud du Nigeria. À partir du milieu des années 2010, leurs arrivées connaissent un pic. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM, qui dépend des Nations unies), 1400 sont accueillis sur le sol italien en 2014, 5000 en 2015, 11 000 en 2016. La courbe est la même à Marseille. À compter de 2016 et jusqu’en 2019, ils ont constitué le gros des demandes d’asile avant de voir leur nombre décroître peu à peu. En 2020, ils n’étaient plus que 20% des personnes à faire cette requête à Marseille. À ce titre, ils auraient droit à une allocation et à une place en centre d’hébergement. Nombre d’entre eux ne bénéficient ni de l’un, ni de l’autre. Ils organisent leur survie de squat en squat. Combien sont-ils ? Impossible à dire. La préfecture ne communique pas de statistiques sur les communautés. Sollicitée, l’ambassade du Nigéria à Paris, n’a pas donné suite.

Depuis leur installation à Marseille, ils ont droit à des étiquettes choquantes et dures à décoller, alors que la plupart survit de petits boulots en chantiers au black dans le BTP. Pour beaucoup de leurs voisins, le terme “Nigérian” est associé à l’extrême violence des bagarres à la machette. “À Kalliste, il y a eu des morts, jure une habitante du bâtiment A en marge du live de CNews. Ils se sont attaqués à coup de machettes et l’un d’eux est resté à terre”. Quel jour ? Les faits se perdent dans le brouillard mais elle assure avoir été interrogée “par la brigade criminelle”. Ce que ne confirme pas la police.

Pas de plainte pour éviction à Marseille

À entendre un habitant, les gangs nigérians chasseraient même des locataires pour occuper leur logement. Là encore, cet accaparement d’appartements est difficile à confirmer. À l’échelle de la ville, la police ne recense d’ailleurs aucune plainte pour des tentatives d’éviction de locataires dans d’autres sites où des Nigérians sont présents.

Cette séquence médiatique montée en mayonnaise par CNews raconte d’abord le racisme qui frappe le dernier arrivé. Elle révèle crûment la stigmatisation manifeste dont sont victimes les Nigérians. Les “wakandas”, comme une partie de la population du Nord de Marseille les appelle, trimballent une longue traîne de fantasmes, dont ce nom est le dernier avatar. Il est issu du film Black panther, un blockbuster hollywoodien qui met en scène le Wakanda, un pays imaginaire où se mêle magie traditionnelle et technologie de pointe.

La militante associative Grace Inegbeze discute avec des occupants nigérians avant leur expulsion. (Photo : BG)

Cette Afrique fantasmée et violente qu’on associe aux Nigérians, Grace Inegbeze la déplore. La militante associative vit à Marseille depuis de nombreuses années. Elle consacre son temps à aider ses compatriotes arrivés plus récemment. “Ces a priori ne vont pas changer facilement, constate celle qui est aussi vice-présidente de l’association des Nigérians de Marseille. En ce moment, oui, la communauté souffre du racisme. Un jour je croise une dame et elle m’explique qu’il faut faire des camps pour mettre les Nigérians. Cela m’a profondément choquée. Je lui ai demandé si elle connaissait l’histoire de la Seconde Guerre mondiale…

Aspirer à une vie calme

Dans un appartement du bâtiment G de Kalliste, Mary (*) se tient loin de ce brouhaha médiatique. “Moi, je voudrais juste une vie calme, sans problèmes.” Cheveux finement tressés et visage poupin, elle regarde par les volets entrebaillés de ce squat toujours occupé. Elle ne connaît pas exactement le nom de la cité dans laquelle elle vit mais donne l’arrêt de bus comme point de repère. Passée par de nombreux squats – Saint-Just, les Flamants et un autre bâtiment de Kalliste – elle sait que ce logement-là n’est qu’une des étapes parmi toutes celles qu’elle a connues depuis son arrivée à Marseille en juillet 2018.

Pour entrer dans ce grand T3 elle a payé 500 euros, auxquels elle a ajouté 1000 euros pour refaire la douche et installer un évier dans la cuisine. Aux Flamants elle s’acquittait de 150 euros tous les 9 du mois. “Je voudrais bien rester ici, glisse la jeune femme de 25 ans. Mais je pense qu’ils ne vont pas tarder à nous faire partir.

L’errance de Mary est commune à tous les témoignages recueillis. De squat en squat, les Nigérians se suivent, surtout ceux qui participent au groupe WhatsApp que les déboutés du droit d’asile ont créé.

La violence est aussi la conséquence de l’emprise d’un certain nombre de gangs appelés cults ou confraternités.

Et la vie est compliquée dans ces copropriétés dégradées ou ces cités d’habitat social. Outre les relations tendues avec le voisinage, ils subissent le joug des réseaux de narco-trafic. Faith se souvient de la dureté de la vie aux Flamants : “C’était compliqué avec les dealers de drogue du quartier. Ils nous empêchaient parfois de rentrer dans le bloc, ils nous insultaient. Les enfants n’avaient pas le droit de jouer ou de faire trop de bruit. Et c’étaient les mêmes qui dealaient qui venaient collecter le loyer chaque mois. C’était comme une vie d’esclave.”

Red Berets contre Blue Berets

Cette violence subie est aussi la conséquence de l’emprise d’un certain nombre de gangs, actifs à Marseille comme ils le sont au Nigeria et tout le long de la route de l’exil, assurant le passage des frontières et le contrôle des squats. Ces gangs, appelés cults ou confraternités, sont issus d’organisations étudiantes qui, au fil des décennies, ont muté en groupes mafieux, sur fond de pratiques occultes. Très au fait de ces phénomènes qu’elle décrit plutôt en régression, la police confirme l’importation d’un système clanique, avec ses codes et ses modes d’action.

En 2019, déjà, Marsactu décrivait comment les squats de Bougainville s’organisaient pour se défendre contre les Red Berets. Le même groupe est présent à Corot en 2021, comme nous le racontaient les résidents.

Chaque grand squat a son gang dominant. Les hiérarchies se trouvent à Paris et Rome et les grands chefs sont au Nigéria. L’argent remonte jusqu’à eux.

Grace Inegbeze, vice-présidente de l’association des Nigérians de Marseille

En octobre de la même année, une organisation similaire, la Eiye Confraternity ou Blue Berets, est au cœur d’un procès pour proxénétisme, traite d’êtres humains, violences et blanchiment. “Ils obéissent à des codes stricts, vestimentaires, avec des rites d’initiation et une hiérarchie très organisée, décrit Alain Lhote, avocat de l’association Équipe d’action contre le proxénétisme. Ils prennent en charge la traite des femmes depuis le Nigeria, en passant par la Libye et l’Italie. Ce sont également eux qui s’occupent de la demande d’asile et de l’hébergement en squat.

Plusieurs témoins rencontrés s’accordent sur leur présence, désormais bien ancrée à Marseille. Mais, commente Mary, “tous les Nigérians ne sont pas des mafieux”. Si une minorité de la communauté est engagée dans ces groupuscules criminels, la majorité les subit. Les hommes sont soit recrutés de force, soit rackettés. Les femmes, forcées à se prostituer. Une source policière en atteste, la violence déployée par ces gangs est d’abord tournée vers la communauté elle-même.

Le jugement du procès d’octobre que Marsactu a pu consulter décrit un mode d’organisation extrêmement sophistiqué qui repose pour une part sur des croyances ancestrales, notamment pour assurer l’emprise sur les femmes prostituées et de l’autre sur une violence parfois débridée. “Tout le monde ne fait pas partie d’un gang mais chaque grand squat a son gang dominant, confirme Grace Inegbeze. Les hiérarchies se trouvent à Paris et Rome et les grands chefs sont au Nigéria. L’argent remonte jusqu’à eux.” Ces transferts d’argent informels passent par l’Hawalla, un dispositif basé sur la confiance qui permet de sortir de grosses sommes d’argent sans laisser de trace.

Comme en Italie où ces groupes sont actifs, les cults trouvent un modus vivendi avec les organisations criminelles locales : la mafia en Italie, les équipes de narco-trafic à Marseille, voire quelques marchands de sommeil bien connus localement, notamment à Noailles. Dans les grandes copropriétés et cités du Nord de la ville, la mise en location ou la vente de squats relève de mêmes alliances opportunes. Les appartements squattés peuvent également servir de lieu de stockage. À la Busserine comme à Kalliste, certains jeunes hommes nigérians travaillent comme petites mains du réseau, au guet ou au point de deal.

Des demandeurs d’asile protestent après l’expulsion de leur squat, rue Moncada, à Bougainville en 2019. (Photo : BG)

Dans une autre affaire de traite d’êtres humains en cours d’instruction et dont le procès devrait arriver à l’automne, un second gang ultra-violent, les Aro baga ou Red berets, utilisent ces contacts pour se fournir en armes automatiques, afin de se défendre contre les Blue berets dont ils sont concurrents. Un document judiciaire que Marsactu a pu consulter mentionne une cinquantaine de membres pour les “rouges” quand les “bleus” seraient près d’une centaine. Un décompte sujet à caution, tant le fonctionnement des gangs repose à la fois sur une forme d’hermétisme et une extrême violence, y compris entre membres, parfois enrôlés de force.

Une hiérarchie codifiée

La hiérarchie, particulièrement codifiée, assure également une distribution des rôles très précise comme l’un des Aro baga l’a décrit lors de son audition. Le numéro 1 est le “doctor”. Il prend toutes les décisions et possède tout, argent et appartements. Le numéro 2 seconde son chef, se transformant parfois en concurrent. Le troisième dans la hiérarchie est “l’EKP”, qui est le gardien du matériel, des armes à la sono. Strate par strate, chaque cadre a donc sa responsabilité, de la collecte des cotisations à l’espionnage des autres gangs, en passant par les téléphones ou la sécurité. Ils ont même un “palace”, lieu de réunion peu luxueux, passé de Bougainville au bâtiment C de Corot.

Au sein des Aro baga, les nouveaux membres doivent subir des sévices physiques.

Au sein de ce groupe notamment, la violence est partout : les nouveaux membres doivent passer des épreuves – des sévices physiques pour l’essentiel – pour être acceptés. La collecte des “cotisations” peut être émaillée de coups. Lorsqu’une femme essaye de quitter le réseau de prostitution, les représailles prennent la forment de viols en réunion particulièrement sordides, notamment dans les appartements du Parc Corot où elles sont séquestrées.

Régulièrement présente ces dernières années, dans cette vaste copropriété à la dérive, Elisabeth confirme ce phénomène de réclusion forcée dont elle a été témoin. Comme dans toute organisation mafieuse, lorsqu’un chef perd son rang ou est arrêté, sa vie est en danger. “Lui, comme sa compagne risquent la mort”, certifie Elisabeth, bénévole au sein du collectif Alerte (groupement d’associations et de fédérations nationales de lutte contre l’exclusion) très présente auprès de cette population. Son témoignage est corroboré par le document que Marsactu a compulsé. Un chef des Aro baga a été défenestré à Marseille après avoir été détrôné.

Béret, tunique noire et hache

L’un des membres actifs du gang Aro baga opérait à Marseille comme DJ dans les fêtes communautaires. Derrière cette couverture, le jeune homme de 30 ans gérait à la fois le stock d’armes, la gestion d’appartements squattés et l’initiation de certains membres. En audition, il nie en bloc les accusations d’associations de malfaiteurs. Il conteste également que sa compagne se prostitue, “ce qu’apparaît démentir le fait qu’elle avait été contrôlée exerçant cette activité”, peut-on lire dans le document.

De la même façon, le jeune homme élude lorsque des éléments lui sont présentés durant les investigations : le béret rouge retrouvé chez lui appartient à sa compagne, la tunique noire avec un col doré utilisée pour les cérémonies “est destinée à un mariage” et la hache (symbole de son clan) a été achetée “pour construire des meubles pour sa cuisine”. Lors de l’évacuation du bâtiment G, à Kalliste, un CRS était sorti d’une des entrées en exhibant une semblable hache rouillée, trouvée dans un appartement squatté. De quoi raviver les fantasmes du voisinage.

Dans chaque cité où la communauté est présente, les riverains évoquent ces combats à l’arme blanche, irruption de violences dans un quotidien déjà plombé. Comme si le spectacle d’une telle violence pouvait faire oublier que les premières victimes de celle-ci sont les Nigérians eux-mêmes.

(*) À leur demande, les prénoms ont été modifiés.

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Benoît Gilles
Journaliste
Coralie Bonnefoy

Commentaires

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  1. fondationabbepierre fondationabbepierre

    Bravo pour cet article juste sur un sujet où il est bien difficile de démêler le réel du fantasmes. L’extrême pauvreté de l’Afrique subsaharienne, la dureté de notre politique migratoire doublée d’un aveuglément institutionnel de l’état sur les conséquences de cette impasse pour les nigérians vulnérables et les marseillais des quartiers populaires amènent à ces difficultés insurmontables

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    • patrick R patrick R

      Quelle est la solution ?

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  2. Pussaloreille Pussaloreille

    Merci pour ce vrai journalisme, à l’encontre du sensationnalisme de CNews qui attise la haine de toute la France contre les communautés de migrants… et accessoirement contre Marseille. Tous les crédules nous demandent : « comment pouvez vous vivre dans cette ville ? » !!

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  3. Pelren Pelren

    Sans doute cet article est-il assez complet et intéressant car il explique la réalité que vivent chaque jour la plupart des immigrés.
    Cela étant dit, ce n’est pas avec des bonnes paroles et l’assistance des organisations d’aide aux réfugiés que l’on se débarrassera des gangs et des maffias qui pourrissent la vie de leurs congénères et des pouvoirs publics (j’entends par là, au delà des services de police, l’ensemble des services qui essaient tant bien que mal de gérer la ville de Marseille)

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  4. Alceste. Alceste.

    Ce type de reportage m’ètonne toujours . Reportage bien écrit , trés bien documenté à tel point que les intervenants identifies par les journalistes doivent changer les prénoms afin que ces derniers ne se fassent pas repérer vis à vis des “béréts” qui sévissent dans ces cités et qui font régner la terreur.
    Etonnant car , sans remettre en cause la qualité des journalistes et le sens de l’investigation de ces derniers, Marsactu enquête et en quelques entretiens ( avec un travail préparatoire en amont sans nul doute) arrive à savoir qui fait quoi, comment, avec qui . Si des journalistes arrivent à le faire , comment la police n’y arrive pas ? .
    C’est une question qui me taraude .

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    • Haçaira Haçaira

      Sans doute parce qu’on se méfie moins d’un journaliste que d’un policier.

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    • Court-Jus Court-Jus

      C’est déjà expliqué dans l’article : celui qui est arrêté/interrogé est en danger, il a beaucoup à perdre s’il parle.

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  5. Alceste. Alceste.

    Oui sûrement , j’ai bien lu l’article , mais si l’on se limite à cet état de fait nous aurons le même article, avec les mêmes termes et les mêmes conséquences l’année prochaine.
    Ou bien il faut taper fort . Si ces voyous proxénétes sont bien éradiqués, peut être que cela changera la donne. Ces gens là ne comprennent que la force.

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  6. didier L didier L

    Interessant, mais … il y a fantasme dans votre titre, ce qui signifierait que ce qu’on entend à Marseille sur les Nigerians n’est qu’imagination et affabulation. Après lecture de cet article, finalement n’y a-t-il pas conjonction entre les ” fantasmes” et la réalité que vous évoquez. Je dirai même que la réalité va quelque fois au-delà des ” fantasmes” quand il est question de rituels à base d’ongles et de cheveux coupés pour forcer les filles à se prostituer, de dealer qui vendent la drogue et encaissent des loyers, de réseaux d’etudiants devenus bandes de malfaiteurs, de gangs aux berets rouge et bleux, de chefs de réseaux nigerians à Paris et en Italie et ” d’argent qui remonte jusqu’au ” vrais grands chefs” qui eux sont restés au Nigeria…. bref pas besoin de fantasmer cette réalité là est pire. Et vous la décrivez.
    Alors quoi ? Que fait la justice, la police dans un pays – où le ” droit républicain ” existe encore un peu – face à cet univers glauque que vous décrivez. Elle fait ce qu’elle peut … .mais c’est compliqué, apparemment et ces nouveaux réseaux peuvent saper une société fondée sur le droit et non pas sur la force, les rituels, les allegeances et les appartenances. Evidemment il faut aider ces jeunes femmes, mais en leur disant peut-être que l’occident – tant décrié par ailleurs – n’est pas un pays de cocagne. Que le mirage consumériste occidental est bien un mirage.
    Par ailleurs, n’est-il pas utile de rappeler que le Nigeria n’est pas un pays pauvre. ni en guerre. Ne pas confondre avec le Niger ce que semble faire un commentaire. Le Nigeria anglophone est l’une des premières puissance économique d’Afrique avec d’importante ressources pétrolières, les premières d’Afrique, mais c’est aussi l’un des pays les plus corrompu du continent, sans grande production, ni redistribution de la ” rente pétrolière” sinon dans un entre soi mortifère pour le pays qui compte plus de 200 millions d’habitants. .Le pays de ces jeunes femmes ne leur offre aucun espoir d’avenir, semble-t-il, dans les grands désequilibre mondiaux à l’oeuvre, l’occident peut-il leur en donner un ?

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    • kajac kajac

      Excellent

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    • Coralie Bonnefoy Coralie Bonnefoy

      Bonjour DidierL
      D’abord merci de nous lire et de prendre le temps de réagir à nos articles. Ces échanges sont précieux, pour nous! Votre commentaire, il me semble, appelle une réponse.
      Comme nous le précisons au début de cette enquête, oui, les fantasmes autour de cette communauté sont légion. Dans les grands ensembles dégradés, partiellement squattés, des quartiers Nord, une partie de la population fait des Nigérians la cause de tous les maux. Ils expulseraient les habitants légitimes pour squatter (ce qui est faux nous confirme la police); ils seraient responsables du trafic de stupéfiants (ils peuvent y prendre part mais employés par des réseaux préexistants); ou bien ils se tueraient à coups de machette (la police n’a relevé aucun homicide de ce type). Ces fantasmes et clichés autorisent, parfois, un traitement médiatique caricatural. Nous tenions, sans angélisme, à cette nuance. Comme nous voulions démontrer – et là aussi tordre le cou à une idée reçue – que si la communauté possède en son sein des groupes criminels, la violence perpétrée est tournée dans une très grande majorité vers la communauté elle-même.

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    • ldmk ldmk

      Bonsoir je ne crois pas que le fait que les nigerians expulsent les habitants soit faux Mme Bonnefoy car je me souviens des vidéos du gars lynché l’an dernier (mai 2021 ) a Kalliste car il voulait récupérer son logement et les nigerians l’avaient frappé notamment à coup de marteau et de barre de fer dans la tête. (Vidéos disponibles sur la page fb les anciens du parc kalliste). Et ensuite c’est sur que la plupart des habitants ne déposent pas plainte donc la police n’enquête pas.

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  7. Alceste. Alceste.

    Didier L ,un commentaire qui remet l’église au milieu du village.

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  8. Alceste. Alceste.

    Coralie Bonnefoy, vous défendez votre “papier” mais les violences intracommunautaires ,j’ai vraiment horreur de ce mot communauté, ne se limitent pas exclusivement à la dite communauté, elles ont des incidences sur l’ensemble des habitants proches ou moins proches. Cet argument limitatif ou restrictif est un peu tiré par les tifs.

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    • Benoît Gilles Benoît Gilles

      Bonjour Braillaisse, de fait, nous ne minimisons pas les effets d’une telle violence sur les habitants qui en sont témoins et qui, malheureusement s’ajoutent à ceux des règlements de compte entre réseaux de narco-trafic. Mais nous nous efforçons de partir de faits. L’élément le plus recoupé est celui dont nous faisions déjà écho dans les premiers reportages, rappelant les tensions entre certains Nigérians et le réseau du G. En l’occurrence, nous n’avons pas établi le fait que des Nigérians aient tenter d’évincer des locataires de leurs logements à Kalliste. Or, c’était le point de départ d’un emballement médiatique. Ce que nous pouvons affirmer est que ses violences s’exercent en premier lieu sur les Nigérians eux-mêmes.

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  9. Assedix Assedix

    Bonjour et bravo pour tout le travail et sans doute la prise de risque que représente cet article ! Le résultat est passionnant à lire.

    Depuis mon canapé, je me permets tout de même une remarque de relou parce qu’il y a quand même un petit enjeu derrière :
    vous traduisez “cult” par confraternité et c’est une petite erreur: la confraternité c’est le fait d’entretenir de bonnes relations avec ses confrères. Rien à voir, donc.
    Je pense que vous vouliez dire “confrérie” mais là encore le choix n’est pas idéal parce qu’il minimise la connotation religieuse du terme. “Cult” en anglais c’est grosso modo une “obédience” (la traduction la plus simple c’est “secte”, mais le mot est souvent chargé d’autre chose donc je comprends que vous l’ayez évité).
    Le point important c’est que c’est un terme qu’on retrouve souvent dans un contexte chrétien, notamment protestant, tandis que le terme hawala qu’on rencontre plus loin dans l’article renvoie quant à lui à la finance islamique.
    Ce qui me fait penser que la question religieuse/ethnique n’apparaît pas tellement dans votre article. Est-ce que c’est un choix de votre part parce qu’elle vous paraît secondaire/ inexistante ou est-ce que c’est simplement un aspect que vous n’avez pas eu le temps de creuser dans votre enquête?

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    • Assedix Assedix

      (je suis conscient que la réponse à ma question est sans doute trop longue pour rentrer dans une simple réponse à un commentaire, mais bon, comme vous serez peut-être amenés à reparler de la situation dramatique de cette population, cela pourrait être un angle à creuser — ou à écarter, d’ailleurs, s’il n’a pas lieu d’être)

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  10. Benoît Gilles Benoît Gilles

    Bonjour, pour essayer de vous faire une courte réponse. L’emploi des deux termes cult/confraternity renvoie à l’histoire particulière de ces organisations, nées sur les campus étudiants. On parle bien de confraternité au sens estudiantin du terme qui verse ensuite dans l’occultisme ou cult. On en retrouve partout au Nigeria, en tout cas y compris dans les régions à dominante Yoruba et Igbo. Moins au Nord où les Houassa sont majoritaires.. En revanche, la majorité des personnes qui prennent part à des gangs et sont soupçonnés de traite sont originaire de la région d’Edo qui relèvent de l’ancien royaume du Bénin. Les pratiques religieuses chrétiennes s’y sont mélangées sans peine aux divers cultes chrétiens.
    L’hawala est effectivement un dispositif qui s’ancre dans le monde musulman mais qui, en l’espèce, est utilisé par des non-musulmans. Le chef blanchisseur du réseau condamné à l’automne 2021 était originaire d’Edo comme ses coprévenus.

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    • Assedix Assedix

      Eh bien, on peut dire que vous avez creusé votre sujet!
      Merci pour cette réponse précise: j’en retiens notamment l’idée qu’il n’existe pas de clivage flagrant du point de vue linguistique, ethnique ou religieux entre les gangs et leurs victimes.

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  11. Alceste. Alceste.

    Benoît Gilles, vos réponses ou plutôt votre éclairage additionnel est très intéressant voire instructif. Vraiment.Oui les nigérians voyous tapent sur les nigérians et surtout sur les nigerianes, les plus faibles, c’est tellement plus courageux et facile.
    Alors que les différentes ethnies se retrouvent à Marseille, en conflits, qu’ils règlent ces derniers à coups de poings ou de manchettes, qu’ils maintiennent des coutumes,usages,modes de vie ici à forcement des répercussions sur notre ville,et cela ne se limite pas aux conflits entre ces gens et les trafiquants de drogue ou autre.
    Marseille est déjà très compliquée,nous n’avons pas besoin des voyous de Lagos.

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  12. kukulkan kukulkan

    bravo et merci pour cet article, on aurait aimé qu’il se penche même encore plus sur le quotidien de la majorité invisibilisée de Nigérian.ne.s qui ne font pas parti des bandes violentes !

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    • Benoît Gilles Benoît Gilles

      Merci, c’est aussi une frustration. L’occasion d’une suite, sans doute.

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  13. ldmk ldmk

    Bonsoir je ne crois pas que le fait que les nigerians expulsent les habitants soit faux Mme Bonnefoy car je me souviens des vidéos du gars lynché l’an dernier (mai 2021 ) a Kalliste car il voulait récupérer son logement et les nigerians l’avaient frappé notamment à coup de marteau et de barre de fer dans la tête. (Vidéos disponibles sur la page fb les anciens du parc kalliste). Et ensuite c’est sur que la plupart des habitants ne déposent pas plainte donc la police n’enquête pas.

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