Métro Gèze : la métropole sort les rames
Après la consternation suscitée par la révélation du nouveau retard de l'extension du métro, la métropole s'est livrée à une séance d'explication ce vendredi. Avec 30 000 branchements électriques défectueux, la vérification du système de signalisation devrait occuper l'entreprise Colas Rail jusqu'à la fin de l'année. Quant à la date de septembre 2019 pour la mise en service, c'est "un objectif, pas une garantie".
Le vice-président aux transports de la métropole Jean-Pierre Serrus entouré de techniciens.
Non, on ne verra pas les fameuses armoires électriques car “le métro fonctionne en ce moment”. À l’origine du retard considérable de la livraison de la station Capitaine Gèze, elles sont situées dans le poste de maintenance Zoccola, utilisé le jour par les équipes de la RTM. “Ce n’est pas spectaculaire, c’est un local technique avec 27 panneaux et des milliers de connexions”, décrit le vice-président délégué aux transports de la métropole Jean-Pierre Serrus. Pas spectaculaire, mais son rôle de signalisation et de régulation du trafic est central dans la sécurité du métro.
Ce vendredi, la collectivité avait rassemblé presse et principaux responsables du chantier, au sein de ses services comme des entreprises prestataires. Objectif : expliquer ce qui a conduit à ce dérapage de près de cinq ans du calendrier, dans le cadre paradoxal d’un pôle d’échange (station de métro, gare routière et parking relais) prêt à l’emploi. Mais aussi répondre aux usagers, mobilisés une nouvelle fois la veille à l’hôpital Nord :
Je comprends et j’entends leur exaspération. Mais c’est aussi assez facile sur ce terrain de l’exaspération de voir fuser tout un tas de mauvaises informations, qui rendent d’autant plus difficile notre travail d’explication. Ce n’est pas un problème de budget !
Le démenti fait notamment écho aux déclarations du conseiller municipal PCF Jean-Marc Coppola, qui y voit “le résultat d’un marché moins disant. Dans un autre quartier, le même problème trouverait une solution”. “Il faut accepter qu’il y a des sujets technologiques où il faut plus de monde, plus d’hommes que prévu”, insiste encore Jean-Pierre Serrus.
30 000 anomalies à vérifier
En l’occurrence, si les premiers retards ont connu des causes multiples (archéologie, adaptation au projet Euroméditerranée…), “l’incident majeur intervient lorsque nous faisons rentrer les premières rames d’essai [le 30 mars]. Cela gèle toute l’année 2018 !” L’incident, et ses conséquences, est raconté plus en détails par Laurent Herbulot, directeur de l’agence énergie de Colas Rail, en charge de cette partie du chantier. “2017 a été une année intense de travaux de câblage, qui se sont terminés début 2018 comme prévu par le calendrier. Ensuite est venue la période d’essai, qui est importante pour valider que tout est conforme à la conception en bureau d’étude.”
C’est là que le poste Zoccola entre en scène. Au passage des premières rames d’essai, l’agence Colas Rail vérifie que le système de signalisation, composé de plus de 400 000 branchements électriques, réagit comme prévu. “Lorsque l’on a constaté que le nombre d’anomalies dépassait les us et coutumes, on a considéré en accord avec la métropole que cela nécessitait un point d’arrêt.” Le chiffre avancé donne le tournis : 7 % d’anomalies, soit environ 30 000 problèmes à résoudre.
Depuis le mois d’avril, Colas Rail entreprend donc de vérifier l’ensemble des connexions. “Huit experts en signalisation, le nombre maximal que permet le local, travaillent la nuit. Le jour, les équipes du bureau d’étude valident ce qui a été fait la nuit”, précise Laurent Herbulot. Pour étendre la plage de l’équipe de nuit, qui démarre après la fermeture du métro et doit tout remettre en ordre avant la reprise au petit matin, la métropole a demandé à la RTM de fermer le tronçon Joliette – Bougainville à partir de 20 h 30. Cette mesure, annoncée du 14 mai au 31 juillet, sera “prolongée autant que nécessaire”, précise Bertrand Robin, directeur de la mission métro-tramway de la métropole.
Septembre 2019, “un objectif, pas une garantie”
Quant à la prévision de mise en service en septembre 2019, il confirme mais ne s’engage pas : “Attendons la fin de cette année pour fiabiliser cette date. Pour l’heure c’est un objectif, pas une garantie.” Le mois de décembre doit en effet marquer la reprise des essais d’entrée de rames en station, une fois les branchements remis au carré. Si tout se passe bien, le chantier pourra alors reprendre là où il s’était arrêté.
Comment a-t-on pu en arriver là ? Chez Colas, Laurent Herbulot souligne que la mission se déroulait dans un cadre inhabituel, celui d’un ancien poste de maintenance installé il y a 40 ans. “Dans un système neuf, on teste les chassis [les panneaux de connexion] en usine. Là, on vient mettre des chassis neufs sur des chassis existants et on teste sur site.” Le tout dans des conditions contraintes par l’exiguïté du local. “Les choix techniques et économiques avaient conduit à reprendre le local existant. A posteriori, et c’est toujours plus facile à dire, il aurait été plus simple de créer un nouvel espace”, reconnaît Bertrand Robin à la direction métro tramway.
Mais l’autorité politique, Jean-Pierre Serrus, refuse d’ouvrir la boîte à gifles. “Il y a forcément des erreurs d’appréciation, on a tous l’humilité de le reconnaître. Des fautes, sûrement pas. Une faute, c’est quand on s’est planté quasi délibérément ou par manque d’expérience.” Ceci étant dit, “on est tellement mobilisés pour terminer qu’on préfère rester en pack”. Pas sûr que cette attitude demeure après la livraison.
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Commentaires
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Le non verbal est magnifique: entre un, tête baissée, qui a l’air morfondu, désolé et un autre, droit dans ses bottes, qui a une attitude hautaine, dédaigneuse voir même jupiterienne…
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Quand certains admirent le sol, comme des écoliers espérant ne pas avoir à répondre..
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Cette affaire “d’armoire” n’est semble-t-il que la cerise sur le gâteau. Aucune explication de fond n’est véritablement donnée pour justifier les cinq années passées pour en arriver là….
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Deux choses à la lecture de l’article:
– Colas qui dit: « Dans un système neuf, on teste les chassis [les panneaux de connexion] en usine. Là, on vient mettre des chassis neufs sur des chassis existants et on teste sur site. » Le tout dans des conditions contraintes par l’exiguïté du local. « Les choix techniques et économiques avaient conduit à reprendre le local existant. A posteriori, et c’est toujours plus facile à dire, il aurait été plus simple de créer un nouvel espace »
– L’élu qui dit “Une faute, c’est quand on s’est planté quasi délibérément ou par manque d’expérience. »
Au final, il n’y a pas un peu des 2 ?
Question subsidiaire: “ce ne sont pas les mêmes qui s’occupent des pistes cyclables à Marseille? “
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Sans trop me tromper, j’affirme que si cette problématique “cablage” concernait une importante entreprise privée, il est clair que la solution aurait été trouvée depuis longtemps. Malheureusement, c’est encore une collectivité publique (et quelle collectivité!) qui est à la manoeuvre. Il est consternant de réaliser que personne n’est ni étonné, ni dépité, ni même désespéré. L’habitude et la répétition de ces “ratées”, mettant en jeux l’argent public, sont solidement encrées dans tous les esprits. Ce message même en est la triste illustration.
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s ‘en foute c’est pas leur pognon
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Deux questions : la première où en sommes nous des pénalités de retard ?.
La deuxième ,leurs diplômes d’ingénieurs , ils l’ont obtenu dans un paquet de “BONUX”?
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On est dans la constante habituelle marseillaises : on s’exonère de toute responsabilité quand une difficulté technique le permet et on jette un voile pudique sur leste, mêlant pele même “archéologie, euro Méditerranée, géologie” dans un gloubigoulbz qui permet à personne d’y comprendre quoi que ce soit.
Marsactu, j’admire votre travail. Allez plus loin: posez la question du budget, des clauses de pénalité en cas de retard. C’est la ou il faut aller. Mette en lumière l’incompétence la ou elle se cache.
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On peut également rajouter les frais d’entretien et de maintenance du site et des équipements qui est annoncé à 10 000 € minimum par mois. Imaginez un seul instant que l’addition (c’est le cas de le dire) de ses fourvoiements et incompétences se déroule ailleurs que dans une structure publique… Serrus est envoyé au charbon avec tout l’équipement en termes d’écrans de fumée et de noyage de poisson. Ce dossier est un nouveau fiasco métropolitain agrémenté d’une pitoyable pantomime. La “collectivité” paiera tout cela et certains élus conserveront leur siège, c’est beau la politique vu d’ici.
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Bravo pour cette belle photo de l’enterrement. On est vraiment touché par la très grande peine de tous les participants.
Manifestement le capitaine Gèze ne connaissait pas beaucoup de femmes ou bien elles n’ont pas toutes été invitées.
On peut faire quelque chose pour eux ???
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le titre est excellent 😉
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“Une erreur d’appréciation, pas une faute”, c’est aussi beau que le fameux “responsable, mais pas coupable”.
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Je rajoute un commentaire moins persifleur mais plus accusateur. Ces histoire de 400 000 connexions et 30 000 erreurs c’est du pipeau, de l’enfumage. On n’est plus au temps de l’électronique cablée mais de l’électronique programmée. E,n gros ce genre de dispositif ça se contrôle avec des micro contrôleurs et des “bus”. Pour assurer la sécurité on double ou on triple les canaux de transmissions (les info passent par le réseau internet ou intranet. En cas de problème on a des paires torsadées qui assurent un service de secours minimum). Pour faire simple ça marche comme si on pouvait crier très loin les ordres aux sosu fifres (les micro contrôleurs locaux). Le poste central envoie ses ordres (par fibre optique, cable wifi, … ) aux éléments du système qui exécutent. Mais en cas d’extinction de voix, on a prévu de garder une ligne de téléphone et en plus, au cas où c’est vraiemnbt le bmack out une ligne de télégraphe. Bref ce genre de chose on sait faire et depuis longtemps. Donc le problème n’est pas là. Pour a part j’incrimine des changement de décisions tardif et inavouable. Il se pourrait que ces retards résultent d’une reprogrammation complète du système. Si l’on veut faire un métro totalement automatique il y a du boulot et, effectivement il faut revoir complétement l’architecture logicielle et matérielle car la disparition du conducteur nécessite d’autres stratégies et beaucoup de capteurs supplémentaires. La RTM a-t-elle évoqué l’automatisation complète de la ligne ? S’en est-elle ouverte aux conducteurs – futur reconvertis ? On aimerait en savoir plus.
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Finalement Pascal L , et en exagérant un peu et en poussant le bouchon un peu loin sans doute , faut tout raser et recommencer .
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