Martine Vassal, la stratégie de l’esquive médiatique
La communication abondante de la candidate Les Républicains à la mairie de Marseille contraste avec ses refus successifs de débats ou de confrontations.
Martine Vassal, le jour de la présentation de ses têtes de liste aux élections municipales. Photo JM Leforestier.
L'enjeu
Dans la dernière ligne de la campagne des municipales, Martine Vassal refuse pour l'heure de participer à un débat public avec ses adversaires. Le fruit d'une stratégie de communication.
Le contexte
Les élections municipales sont l'occasion de confronter les propositions notamment lors des débats organisés par la presse audiovisuelle. Or, pour l'heure, les candidats sont chacun dans leur couloir.
La mairie de Marseille mérite-t-elle un débat entre les candidats ? Là où les candidats à la mairie de Paris auront débattu à deux reprises avant le premier tour, les sept aspirants à la succession de Jean-Claude Gaudin pourraient ne pas discuter entre eux avant le 15 mars. La faute à Martine Vassal qui traîne des pieds pour participer au débat programmé de longue date par France 3 Provence-Alpes mercredi 11 mars en première partie de soirée.
Depuis plusieurs semaines, la candidate Les Républicains, présidente du département et de la métropole, répète à l’envi qu’elle ne souhaite pas participer à un débat avec ses concurrents. Elle a ainsi décliné une proposition du syndicat patronal UPE 13 jeudi soir au profit d’une allocution séparée de chaque candidat. Précédemment, RTL n’avait pas davantage réussi à faire dialoguer Martine Vassal avec Stéphane Ravier (RN) sur son antenne. C’est finalement Benoît Payan, tête de liste du Printemps marseillais (l’union de la gauche) qui l’a affronté. “Martine Vassal a répondu négativement. Elle est déjà la copie conforme de Jean-Claude Gaudin qui avait refusé de débattre en 2014”, s’agace le candidat du Rassemblement national.
Même son de cloche pour Samia Ghali : “Je regrette que certains candidats privent les Marseillais d’un débat avant le premier tour alors que Marseille est à un tournant de son histoire“, explique-t-elle dans un entretien à La Provence. “Drôle de conception de la démocratie et du pluralisme que de refuser de débattre sur France 3. […] Vassal doit comprendre que Marseille ne s’hérite pas mais se gagne en convainquant”, y va encore de sa plume sur les réseaux sociaux la tête de liste EELV Sébastien Barles. Les étudiants de l’école de journalisme de l’université n’ont pas davantage vu défiler Martine Vassal, qu’ils avaient invitée à débattre en duel avec une autre tête de liste.
Le “tout sauf Vassal” agace
Depuis plusieurs semaines, l’équipe de Martine Vassal s’agace d’un “TSV, tout sauf Vassal” en formation. Un débat serait sûrement l’occasion de tirs croisés sur la candidate taxée par tous les autres d’être l’héritière du quart de siècle de gouvernance Gaudin. “Ce “tous contre Vassal” est particulièrement injuste, commente Jean-Philippe Agresti, sa tête de liste dans les 4e et 5e arrondissements. Qu’on puisse la contester politiquement, je le comprends. Mais quand c’est le seul argument, ça me dérange beaucoup plus”.
C’est dans cette logique que Martine Vassal exhorte ses adversaires à “parler projet”. La candidate elle-même multiplie les conférences de presse thématiques, quasi quotidiennes, saturant l’espace médiatique, de son “refus de la bétonisation” à ses prises de position sécuritaires, déclinant les propositions d’un touffu et peu digeste programme. “Parler projet” est aussi devenu sa meilleure excuse pour ne pas répondre aux questions des journalistes sur les autres thèmes.
Vassal préfère sa com’ aux médias
C’est ainsi que Martine Vassal esquive toute question sur le bilan Gaudin au son de “je ne regarde pas le passé” ou “regardez le premier mandat Vassal”, voire même “ce n’est pas ma majorité mais celle de Jean-Claude Gaudin”. Elle refuse aussi les interviews dans les médias indépendants du territoire. Martine Vassal a tour à tour dit non à La Grande tchatche, l’émission de Radio grenouille et du Ravi puis au “Face à Marsactu” après en avoir accepté le principe. “C’est une campagne exclusivement sur papier glacé façon Bouteflika. Tout ce qui n’est pas maîtrisé ou maîtrisable est exclu”, dénonce sur Twitter le coordinateur La République en marche de Marseille, Gérard Blanc.
Le contraste est fort avec la communication exponentielle menée depuis son accession surprise à la tête du département. Dès 2015, l’élue a su dépoussiérer la communication institutionnelle en multipliant les supports inédits. Bâches sur les échafaudages, sacs à baguette, cartons à pizzas mais aussi vidéos promotionnelles léchées sont vite devenus sa marque (lire notre enquête). Un mode de fonctionnement répliqué dans sa campagne officielle, chaque déplacement important fait l’objet d’un reportage vidéo maison diffusé ensuite sur les réseaux sociaux. Il n’est d’ailleurs pas rare que ce soit le seul compte-rendu d’une visite où les médias ne sont pas conviés.
Le magazine institutionnel Accents de Provence, diffusé chaque mois à près d’un million d’exemplaires, a largement personnalisé le compte-rendu de mandat. La présidente y est citée à plus de 500 reprises en 21 numéros, apparaissant sept fois en une. C’est bien plus que dans les collectivités de taille comparable, comme nous l’avions démontré. Couplés à l’achat de publi-reportages, des contenus publicitaires à l’allure d’articles publiés dans la presse locale, ces actions ont permis à une élue méconnue de se faire un nom à Marseille. Elles lui offrent aussi la possibilité de contourner les médias pour imposer sans filtre son discours. On n’est jamais mieux servie que par soi-même.
Commentaires
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ses adversaire -> ses adversaireS
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c’est tout ce que vous en retenez ?
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Dans une grande ville, un débat devrait être obligatoire entre les candidats. Si l’un ou l’autre ne souhaite pas venir, on laisse dérouler son temps de parole en plan fixe sur un pupitre vide dans un silence qui montre tout l’intérêt du candidat absent pour cet exercice démocratique.
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Non monsieur Agresti , tout sauf Vassal n’est pas injuste , cela est salutaire.Son refus de débat en est la preuve. Elle est tellement sûre de son héritage, tellement sûre de son programme , tellement sûre du système mis en place à la mairie qu’elle refuse la contradiction ayant peur de se faire purement démonter. Alors elle compense par de la propagande et en cherchant à acheter les voix (maison du bel âge entre autres).
Monsieur Agresti , la Démocratie c’est le débat et en tant que professeur de Doit il est étonnant que vous ayez oublié cette notion. A moins que cette Démocratie ne vous convienne pas par la faiblesse de vos convictions, de votre discours ou de vos sentiments profondes à son sujet . Gaudin n’a jamais été un démocrate mais un roitelet tout au plus , sa fille est une reinette sans plus , mais il ne faudrait pas qu’elle nous prenne pour une pomme dans cette élection.
Elle a peur c’est tout et vos pseudo raisons n’apportent aucun éclairage.
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Aurait-elle embauché les mêmes conseillers en com que Bolsonaro ou Trump ? La politique light, zéro débat 100% blabla ?
Au fait, je viens de recevoir en double exemplaire une enveloppe portant mes nom et adresse manuscrits (pour faire croire qu’on n’a pas utilisé de fichier informatique ? pour que je ne balance pas le publipostage à la poubelle sans l’ouvrir ?). Dedans un recto-verso de la campagne Vassal, avec une pseudo signature manuscrite (imprimée en bleu, contrairement au reste du document). Tout l’argumentaire cible les vieux, en parlant ici de “nos aînés”, là de “nos enfants et petits-enfants”, bien sûr encore des “maisons du bel âge” (tiens donc, utiliserait-elle un certain bilan, celle qui prétend ne parler que projet ?) et évidemment sécurité (triplement de la police municipale, rien que ça).
Question : comment ces gens-là savent que j’appartiens à leur coeur de cible et qu’aucun.e de ceux et celles qui vivent sous le même toit que moi n’aient rien reçu ? à partir de quelle source à été constitué ce fichier ? est-il déclaré aux instances compétentes? questions auxquelles “le respect de l’ordre républicain dans tous les secteurs de la ville sans exception” (la dame dit que c’est “une de ses 4 priorités”) exige une réponse rapide et convaincante.
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C’est sûr qu’une interview dans “Accents de Provence”, aka “Accent de Vassal”, c’est plus facile qu’une interview dans Marsactu, ou qu’un débat entre candidats animé par des journalistes qui ne sont pas aux ordres. C’est la différence entre la communication et l’information. Mais pour choisir à bon escient, l’électeur a besoin d’être informé, et non d’être gavé d’affiches et de slogans.
En refusant de faire autre chose que de la communication et en se victimisant de façon un peu trop ostensible, Mme Vassal montre non seulement la trouille qu’elle a du bilan de l’équipe sortante, dont elle est co-responsable, mais aussi son respect de la démocratie et des électeurs.
Ce qui ne l’empêche pas de récupérer désormais aussi, après le fort crédible “stop au béton”, le concept de “démocratie participative” – qui suppose tout de même que l’électeur soit un acteur et pas seulement, comme elle le souhaite, un simple consommateur de com.
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je vous conseille un excellent article explicatif du mode de vote du scrutin appliqué à Paris Lyon et Marseille: https://theconversation.com/la-loi-paris-lyon-marseille-un-scrutin-opaque-complexe-et-peu-democratique-132289
Un petit extrait:
“reprenons l’exemple de l’élection de Jean Claude Gaudin à Marseille qui en 2008 est élu conseiller de secteur dans le 4e secteur de Marseille correspondant au 6e et 8e arrondissement de Marseille (arrondissements historiquement de droite).
Cette liste, qu’il menait, l’emporta au premier tour avec 52,09 % des suffrages exprimés ce qui correspond à 23 600 voix sur 474 806 inscrits au total sur Marseille et 274 151 votants au premier tour de l’élection municipale de mars 2008. Un maire élu par un nombre si restreint d’électeurs sur une si petite partie de la commune est-il dans les meilleures conditions pour gouverner la ville ? Peut-il être le maire de tous les habitants de sa ville et pas seulement celui des électeurs de son secteur d’origine ?”
Et un autre complément édifiant sur la fracture sociale à Marseille: l’outil de visualisation statistique de l’AGAM: https://spot.agam.org/dynamiquesurbaine/index.html. Il faut cocher dans l’index “economie” puis “revenus”: s’affiche alors la médiane des revenus de chaque quartier pour 2012 et 2015 (il faut cliquer sur les quartiers pour avoir le détail). C’est édifiant: en général, les riches se sont enrichis et les pauvres appauvris! et les pauvres sont à des médianes de revenus de 5000 à 7000€ annuels!
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Merci pour le lien ci-dessus. Ces lois de même que la constitution de la 5 ème république ne servent qu’à contourner la démocratie et la république pour imposer la dictature de quelques uns sur le plus grand nombre. Légal ne veut pas dire légitime !
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Martine, despote des Bouches-du-Rhône…
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Les refus de débattre avec ses opposants est tout simplement dû à ses piètres qualités d’oratrice, lorsqu’il s’agit de faire autre chose que de répéter des phrases toutes faites dignes d’un véritable pipotron de la politique…
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Madame Vassal nous coûte un pognon de dingue.Contribuable marseillais, quand je lis sur les bâches qui recouvrent les échafaudages des entreprises de ravalement des façades que ces travaux sont subventionnés « par le département et la ville », alors que c’est avec mon argent je ris… jaune. Mon chagrin est d’autant plus fort que certaines rues latérales sont barrées car bordées d’immeubles frappés récemment de péril imminent. La commission des comptes de campagne va avoir du boulot Aura-t-elle la volonté de réintégrer la propagande déguisée pour Mme Vassal dans ses comptes de campagne ?
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cette dame ne doit pas être très pointue sur ses dossiers et n’assume pas le bilan de son mentor
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Ce refus des débats, de la communication dans les grands médias (oligarchie oblige) passant en dehors des débats contradictoires me rappelle le candidat Macron ”ni de gauche ni de droite” avec un programme a minima en tout cas confus.
Dire qu’on va se l’appuyer 6 ans, la dame !!!
Vivement le Printemps à Marseille…
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