Malade, la gardienne d’une école polluée obtient réparation

Actualité
le 20 Oct 2022
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Après un combat judiciaire qui aura duré plus de quatre ans, la gardienne de l'école Oasis-Aygalades (15e), dont les sols étaient pollués, vient d'obtenir gain de cause. Sa maladie, une dépression réactionnelle, a été reconnue comme la conséquence d'une faute de la Ville, son employeur.

Ecole élémentaire des Aygalades. Photo : Boris Barraud.
Ecole élémentaire des Aygalades. Photo : Boris Barraud.

Ecole élémentaire des Aygalades. Photo : Boris Barraud.

C’est un combat qui lui aura pris plusieurs années de sa vie. Mais ce mercredi, Michèle Rosa-Sentinella, la gardienne de l’école Oasis-Aygalades, dont les sols ont été reconnus pollués, se dit “soulagée”. “Je suis contente qu’on ait enfin compris que ma dépression venait de tout ça, de la terre, du fait qu’on m’a laissée dans l’oubli”, réagit-elle au téléphone. Son avocat vient de lui annoncer la nouvelle : la cour administrative d’appel de Marseille juge la Ville de Marseille fautive de n’avoir pas protégé son employée et l’enjoint  à lui verser une indemnité de 10 000 euros. Une somme dérisoire par rapport au temps et à l’argent qu’elle a mis dans cette lutte. Mais dont la symbolique est forte.

“Cela montre bien que la mairie est en faute. Ce combat, c’était le pot de terre contre le pot de fer. Parfois, c’est le pot de terre qui gagne”, lâche-t-elle, dans ce dernier échange. Depuis 2018, Marsactu chronique la bataille judiciaire de cette quinquagénaire, atteinte d’un cancer de la peau, puis d’une dépression dite réactionnelle. Aujourd’hui, pour la première fois, Michèle Rosa-Sentinella ne pleure pas au bout du fil.

Mme Rosa-Sentinella est victime d’un trouble […], dont la survenue a été exclusivement déclenchée par la prise de connaissance, au cours de l’année 2017, de ce que la présence de substances toxiques a été détectée dans son jardin

Cour d’appel du tribunal de Marseille

“Les pathologies dermatologiques de Mme Rosa-Sentinella ne sont pas imputables aux substances toxiques dont la présence a été objectivée dans le sol de son jardin”, note dans un premier temps la cour d’appel dans l’arrêt que Marsactu a pu consulter. Mais la présence avérée de cette pollution dans les sols du jardin de son logement de fonction – qu’une enquête diligentée par l’État a mis au jour en 2017 – a eu d’autres répercussions. “Mme Rosa-Sentinella est victime d’un trouble […], dont la survenue a été exclusivement déclenchée par la prise de connaissance, au cours de l’année 2017, de ce que la présence de substances toxiques a été détectée dans son jardin”, écrit ainsi le tribunal.

Faute commise par la commune

Ainsi, poursuit la justice, la requérante est “fondée à demander la réparation des préjudices résultant de sa pathologie psychologique, laquelle trouve son origine directe dans la faute commise par la commune de Marseille au titre de son obligation de sécurité.” Une réparation qu’elle estime donc à hauteur de 10 000 euros. Il s’agit là d’une victoire, pour l’un des avocats de la gardienne d’école, qui la conseille depuis le début. “La justice ne reconnait pas le lien entre le cancer et la pollution, mais elle reconnait sa dépression et le fait que la Ville ne l’a pas mise hors de danger, comme elle aurait dû le faire”, commente Pascal Luongo. Contactée à l’époque par Marsactu, la Ville mettait en avant un “manque de preuves scientifiques” et un “respect des normes”.

Pourtant, le plomb, l’arsenic, le pyrène présents dans la terre du jardin de Michèle Rosa-Sentinella, dépassaient parfois les valeurs limites de plus de 500 %. Si la justice n’a pas réussi à établir un lien direct entre ces polluants et le cancer de la peau développé par la gardienne de l’école Oasis, cette dernière en reste persuadée : “Le premier dermatologue que j’ai vu m’a dit que c’est 50/50”. 50 % pour son enfance passée au soleil, 50 % pour le reste de sa vie, vécu aux Aygalades. “J’ai passé 30 ans à jardiner ici”, précise-t-elle. Michèle Rosa-Sentinella attendait cette décision avec impatience. Elle espère désormais pouvoir conserver avec certitude le caractère professionnel de sa maladie. Et les avantages qui vont avec, après des années d’angoisse et de galères.

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Commentaires

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  1. John Steed John Steed

    Bravo à elle.

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  2. Patafanari Patafanari

    Une action collective en dépression réactionnelle aux dysfonctionnements du ramassage des ordures, des transports en commun, de la gestion des bibliothèques et des écoles aurait des chances de prospérer…. Flute, il faudrait encore augmenter les impôts locaux pour dédommager nos préjudices !

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  3. Jorine Jorine

    Bravo à cette femme qui s’est battu pour ces convictions et son préjudice physique et psychologique.
    Honte à ceux qui osent parler d’impôts locaux car on parle d’un humain qui a aussi un cancer!!!
    Je pense que la haute administration abuse bien plus de l’argent de nos impôts que le personnel municipal.

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