L’imprimerie MOP de Vitrolles évite la liquidation de justesse
Menacée de liquidation, l'imprimerie vitrollaise s'oriente finalement vers une poursuite d'activité. Le président Guillaume Riccobono a amendé son plan de redressement, levant les réserves de l'administrateur judiciaire.
Les MOP, réunis devant un représentant du personnel et Olivier Mateu, secrétaire départemental CGT (à gauche).
“Le tribunal a accepté le plan proposé par la direction.” Prononcée à la sortie d’un tribunal de commerce par un représentant du personnel, après une longue audience, cette phrase est la plupart du temps accueillie par un soulagement, malgré le plan social qui l’accompagne souvent. L’entreprise vivra, la liquidation est écartée. Mais ce jeudi, à Salon-de-Provence, les réactions à l’annonce de Jérémy Jacques, secrétaire de la délégation unique du personnel de l’imprimerie MOP de Vitrolles, étaient bien difficiles à lire.
Le syndicaliste, comme l’avocat des salariés Guillaume Bordet et même Olivier Mateu, secrétaire de l’union départementale CGT, n’ont alors pas accepté d’en dire plus. “On va à Vitrolles pour en discuter”, a seulement lancé Jérémy Jacques. Plus tard, on apprendra toutefois que la décision formelle est attendue pour mardi, mais que l’administrateur judiciaire Frédéric Avazeri a levé les réserves qu’il avait émises sur une précédente version du plan.
Filiale du groupe Riccobono, comptant une soixantaine de salariés et une trentaine d’intérimaires, MOP imprime notamment la Marseillaise, le Ravi et des titres nationaux comme le Canard enchaîné et L’Humanité pour une large zone de la France. Depuis son placement en redressement judiciaire en janvier, elle a connu une crise croissante, culminant par des défauts d’approvisionnements et une grève en septembre [lire notre article]. Jeudi 5 octobre, au sortir d’une première audience au cours de laquelle le tribunal avait reporté sa décision, la perspective d’une liquidation semblait avoir fait son chemin dans les têtes, malgré la médiation engagée par le préfet.
Une semaine plus tard, les chasubles rouges de la Filpac-CGT – la fédération des industries du livre, du papier et communication – et d’autres fédérations étaient de nouveau nombreux devant le tribunal de commerce. Mais sur la petite esplanade du château Armieux, une attente plus morne avait succédé à l’ambiance un peu effervescente d’une grève de dix jours touchant à sa fin, avec sono et même danses improvisées. Posés sur le rebord de la fontaine ou à l’ombre des rares arbres, les MOP semblaient attendre le couperet. Avant d’entrer dans la salle d’audience, leurs délégués admettaient quant à eux accuser le coup de l’interminable réunion de médiation menée par la préfecture, qui s’est étirée mercredi de 9 heures à 23 heures.
Une réorganisation pour se passer des intérimaires
Depuis des mois, les discussions sur le plan de redressement achoppaient avec Guillaume Riccobono, patron de MOP et de neuf autres imprimeries en France. Si son avocat blâmait “la totale inflexibilité affichée par les représentants du personnel”, ces derniers dénonçaient les nombreux reculs sociaux du plan proposé, tandis que l’administrateur judiciaire Frédéric Avazeri faisait ouvertement part de doutes sur son sérieux. “Le plan social envisagé par votre client [Guillaume Riccobono] n’avait pour seul objectif que d’éliminer la plupart des élus [du personnel, ndlr], ce qui aurait dans les faits empêché sa mise en œuvre“, lui écrivait-il dans un courrier que Marsactu a pu consulter.
Devant cette impasse, l’enjeu semblait désormais davantage d’obtenir l’extension du redressement judiciaire à l’ensemble du groupe Riccobono, une forme de garantie pour que le plan social soit assumé par l’actionnaire. Arrivé au tribunal entouré d’une nuée d’avocats, reparti sous les huées, Guillaume Riccobono a semble-t-il réussi à convaincre l’administrateur qu’une autre voie était possible avec un plan de redressement remanié. Selon la Marseillaise, il passerait par une “nouvelle organisation du travail et la suppression de tous les emplois occupés par des intérimaires”, ainsi que la suppression d’une prime. Nous n’avons pas réussi à joindre Guillaume Riccobono. Dans la soirée, au sortir de l’assemblée générale des salariés, la Filpac-CGT estimait dans un communiqué qu’il fallait “rectifier dans les meilleurs délais les insuffisances contenues dans le plan de continuation”, appelant l’État à poursuivre son implication dans le dossier.
Article actualisé le 13 octobre à 10 heures avec le communiqué de la Filpac-CGT.
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