[C’est mon data] Les données pour comprendre la victoire d’Estrosi en PACA

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le 15 Déc 2015
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Après un premier tour marqué par la percée du FN, le second tour des régionales se caractérise par une forte mobilisation en faveur de Christian Estrosi. Écarts de score entre les candidats par communes, bastions frontistes, votes blanc… Analyse des résultats de ce scrutin en trois cartes et deux graphiques.

[C’est mon data] Les données pour comprendre la victoire d’Estrosi en PACA
[C’est mon data] Les données pour comprendre la victoire d’Estrosi en PACA

[C’est mon data] Les données pour comprendre la victoire d’Estrosi en PACA

Fini le vert, plus de rouge, dehors le rose : il n’y aura plus que deux couleurs dans le prochain conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Les mordus de la cartographie électorale peuvent bien se disputer sur celle à adopter pour le Front national, ce parti sera la seule opposition au bleu des Républicains de Christian Estrosi. Vainqueur de son duel du second tour avec 54,8 % des voix, ce dernier disposera d’une large majorité : 81 conseillers contre 42 pour le FN.

Vous pouvez retrouver ci-dessous ces 123 élus, déjà installés dans notre hémicycle interactif, avec leur département et leur place sur la liste. Ce que notre visualisation ne dit pas, c’est la perte d’influence (relative) des Bouches-du-Rhône qui comptent trois conseillers régionaux de moins. Comme nous l’expliquions dans notre notice à destination des électeurs, le nombre de sièges n’est pas fixé par département mais dépend de la participation au scrutin. Ainsi, les Alpes-Maritimes, où 58 % des électeurs ont mis un bulletin Estrosi ou Le Pen, gagnent trois sièges, le Var un tandis que le Vaucluse en perd un.

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Au premier tour, seules quelques enclaves – autour d’Aix, de Nice et dans les Alpes notamment (voir notre carte du premier tour) – n’avaient pas placé le FN en tête. Au second, l’empreinte du parti d’extrême droite s’est largement effacée. Il ne reste en tête que sur le pourtour de l’étang de Berre, dans les Alpilles, le nord du Vaucluse (Orange, Bollène) et le Haut-Var. De manière très nette, il a en revanche été submergé sur la bande littorale, la plus densément peuplée avec de grandes mairies dirigées par Les Républicains.

Commune par commune, qui l’emporte ?

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La liste de Marion Maréchal-Le Pen enregistre pourtant une progression notable, confirmant les enseignements des départementales de mars. Avec 166 000 voix supplémentaires, elle établit un nouveau record pour son parti en PACA, pas loin des 900 000 voix et arrive en tête sur sa terre d’élection, le Vaucluse. C’est sans surprise dans le fief du candidat au premier tour et maire d’Orange Jacques Bompard (Ligue du Sud, ex FN), au nord du département, qu’elle a trouvé ses plus belles réserves de voix. À L’Est de la région, dans de nombreuses communes de la vallée du Var, ce sont plus de 10% des électeurs inscrits qui ont rejoint le Front entre les deux tours.

La progression contenue du FN

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Mais après 18 ans de présidence socialiste, ce sont paradoxalement les sympathisants de gauche qui ont offert la région à Christian Estrosi. Dans les plus grandes communes dirigées par la gauche, sa liste quadruple son score, notamment à Avignon où la maire PS Cécile Helle avait annoncé qu’elle ne choisirait pas entre les deux candidats. L’ampleur de cette progression de la droite est sans commune mesure avec celle de la participation. Mais en l’absence d’enquête qualitative, il est impossible d’être précis sur les reports de voix. S’il est là encore difficile de mesurer sa répartition, la hausse de la participation de dix points a sûrement joué aussi dans cette poussée du parti Les Républicains.

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Cette mobilisation dans les villes classées à gauche ne doit pas masquer pour autant la forte présence de votes blancs et nuls lors de ce second tour. La réticence à choisir entre “le FN et les idées du FN”, pour reprendre l’expression de Vannina Vincensini sur Marsactu est particulièrement frappante dans les Alpes et le Verdon, où les 10% sont régulièrement dépassés. Dans certains villages, ce choix est même le plus couru, devant les deux candidatures offertes. Ainsi, à Auset (04), 28 votes blancs et nuls sont loin devant les 17 voix de Maréchal-Le Pen et les 15 d’Estrosi. Cette spécificité du duel entre la droite et le FN s’observe bien en prenant du recul au niveau français : le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie connaissent le même phénomène (voir la carte de France TV info).

Le choix de ne pas faire de choix s’est manifesté

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Derrière cet effort fait par certains pour manifester leur participation au jeu démocratique, il reste 39,6 % des inscrits, soit 1,4 million de personnes, que l’enjeu inédit de ce second tour n’a pas suffi à raccrocher au système électoral.

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Commentaires

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  1. JL41 JL41

    Excellent travail Julien Vinzent, vous avez fait le maximum avec l’outil infographique que vous avez utilisé, malgré ses limites comme l’inconnue de la taille des communes (mais vous avez compensé par un graphique en barres ciblé sur les 7 municipalités de gauche où une réflexion civique a poussé au vote Estrosi) ou l’arrêt net de l’information à la limite ouest de PACA (on aurait bien aimé voir un peu à l’ouest du Vaucluse et vers Nîmes).
    C’est bien écrit aussi, pour être compris par ceux qui voudront entrer dans le sujet. Avec les informations que l’on peut rendre visibles par commune, c’est là un travail de référence auquel les visiteurs que vous ferez gagner à Marsactu aimeront se reporter, bien au-delà du terme ou un article perd de son intérêt.
    Je ne veux pas faire un long commentaire à ce stade, pour éviter d’imposer des interprétations, ce qui peut empêcher d’autres internautes d’en faire.

    J’ai bien aimé la carte où vous faites apparaître les votes blancs ou nuls.
    J’ai bien aimé votre conclusion : « il reste 39,6 % des inscrits, soit 1,4 million de personnes, que l’enjeu inédit de ce second tour n’a pas suffi à raccrocher au système électoral ». C’est là que des sociologues pourraient faire un travail utile pour éclairer cette partie de la population, ses attentes et son niveau de politisation. Justement, pour faire ressortir en quoi l’offre politique des partis et leurs élus professionnels, voire dynastiques, sont en dehors des attentes des populations qu’ils représentent finalement bien mal. Lorsqu’on regarde les chiffres par commune et qu’il s’agit de communes que l’on connaît, on repère d’ailleurs assez bien les communes où les élus successifs ont fait un travail qui mène à une certaine conscience politique et parfois de l’intérêt général, et celle où des élus se sont contentés de régner, éventuellement de s’opposer à Marseille où se trouvent les populations reléguées que leur territoire n’a pas accueillies.
    Sinon, on distingue peut-être des territoires résidentiels-aisés plutôt de droite, comme le Pays d’Aix, où l’on pense que l’offre sécuritaire et économique d’Estrosi représentera un « plus » suffisant dans le contexte actuel, sans parler d’un discours économique plus près des réalités et du développement qu’on peut générer avec ses emplois pour tous. C’est le cas à Marseille aussi. Et puis il y a du résidentiel ancien, comme autour d’Avignon, ou plus récent, vers le Var notamment, où le « qu’on nous foute la paix là où nous sommes allés » pour fuir la région marseillaise et des Bouches-du-Rhône à l’aménagement bordélique, semble se décliner en vote Estrosi ou Le Pen selon le niveau de politisation. On voit aussi au final que la personnalité des élus et la qualité de leur travail a marqué certaines communes, pour des « solutions » de droite ou de gauche. Mais apprenez à travailler ensemble, pour la politique économique et l’aménagement de notre territoire.
    Et puis il y a des outils « naturels » pour faire de l’emploi pour tous, comme le port, dont la vitalité aurait été décuplée si les accès routiers (avec la région marseillaise pour les bassins Ouest), ferroviaires (le chantier mixte de Mourepiane en sera une optimisation) et fluviaux à l’Ouest (ralenti par des écologistes), le contournement de Marseille avec la L2, la modernisation du réseau ferroviaire dans le Var et les Alpes-Maritimes, ont empêché que Marseille-Fos devienne le grand port d’échanges de l’Europe avec la Chine et l’Inde (2 à 3 jours de navigation de moins qu’avec les ports du nord de l’Europe nous dit le GPMM). Mais on (les représentants de l’université et des élus en quête d’idées à défaut de comprendre leur territoire ?) aurait voulu nous planter là un ou une technopole de la mer, répétition d’une vieille problématique de site alors que ça existe en diffus. A côté du sujet.
    Je dérape en longueur du commentaire…

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    • Julien Vinzent Julien Vinzent

      Bonjour et merci pour vos encouragements. Concernant votre remarque sur l’absence de représentation de la taille des communes, voici une carte montrant la progression du FN en nombre de voix : https://jvinzent.cartodb.com/viz/77476efe-a263-11e5-9558-0e3ff518bd15/public_map
      Nous n’avons pas retenu cette visualisation car elle est très liée à la population mais vous pourrez y voir la forte concentration sur la bande littoral et dans le Vaucluse.
      A bientôt.

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    • JL41 JL41

      Oui Julien Vinzent, c’est la difficulté, il faut jongler et choisir. Représenter en tenant compte du poids de population n’est lisible que dans le cadre d’un zoom sur un territoire plus réduit. Mais les choix que vous avez faits sont très bien. On n’imagine pas non plus le poids des données et du logiciel à l’arrière de ces cartes, parfaitement fonctionnelles. Au niveau de ces outils on a d’ailleurs deux problématiques, celle des producteurs et gestionnaires de SIG (systèmes d’information géographique), des spécialistes surs et lents. Et ceux qui s’inscrivent dans une démocratisation de ces outils, du même ordre que l’utilisation d’un traitement de texte ou d’un tableur… mais après viennent la curiosité et le talent.

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      @Julien Vinzent. Cette fois, je suis d’accord avec le choix de la couleur pour représenter le FN… 😉

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  2. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Il y a vraiment quelques communes où l’on a envie d’aller passer des vacances, on sent d’avance la qualité de l’accueil : par exemple Le Bourguet (Var), 69 % pour le FN au second tour… Plus de deux électeurs sur trois qui tiennent à ériger une petite muraille de haine autour de leur village.

    Précision : au dernier recensement, il y avait 26 habitants au Bourguet. C’est donc un petit village où l’insécurité, les difficultés sociales, l’immigration diabolisée et les cités dégradées ne doivent pas vraiment faire des ravages. Par contre, l’abus de consommation de TF1, peut-être…

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    • JL41 JL41

      Va plutôt en vacances au Puy-Ste-Réparade à vélo, tu pourras parler avec JD Ciot de la peste et du choléra.

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  3. thomaslc thomaslc

    Excellent article, ces infographies sont superbes. J’aime particulièrement l’accent mis sur les votes blancs / nuls, qui ont à mon sens plus de valeur que l’abstention, mais que les gens rechignent encore à “utiliser” sous prétexte qu’on en parle pas assez (le serpent se mord la queue !).

    Merci Julien !

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  4. Titi du 1-3 Titi du 1-3

    Beau boulot. Merci 😋

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