Le papillon comme indicateur de la biodiversité marseillaise

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le 31 Mai 2012
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Le papillon comme indicateur de la biodiversité marseillaise
Le papillon comme indicateur de la biodiversité marseillaise

Le papillon comme indicateur de la biodiversité marseillaise

De la lavande, du trèfle, de la moutarde… Comme un parfum de paradis à Sainte-Marthe. Mais un paradis pour papillons. Car le parc urbain des papillons n’a pas été crée pour vous, citoyens marseillais, sauf si vous êtes de la famille du sympathique lépidoptère… Dans le cadre d’études menées sur les papillons de jour, Magali Deschamps-Cottin, maître de conférences au Laboratoire population environnement développement (LPED) d’Aix-Marseille Université, a concrétisé ce projet de "zone d’attraction" et d’expérimentation pour comprendre les fluctuations de la présence de ces insectes en ville.

Ce parc a donc pour but d’attirer les papillons afin d’étudier leur comportements, leur installation et éventuellement celles de nouvelles espèces. Observer de près ces phénomènes permettra de mieux comprendre les mécanismes de la biodiversité en milieu urbain. Le paradis n’est toutefois pas encore effectif. Herbes hautes et en vrac, avec au milieu quelques rares plantes et fleurs, ce parc a plus l’allure d’un champ en friche que d’un projet expérimental.

Il faut y regarder de plus près pour comprendre. Une entrée jalonnée d’une clôture de bambous invite le visiteur dans un espace vert très sobrement travaillé. Une barrière  de bois aux bandes rouge semble encore chercher son utilité. Pas très loin quelques discrets parterres de plantes sont un peu perdus au milieu des herbes hautes. Magali Deschamps-Cottin précise que l’élaboration du parc est encore à ses débuts. La barrière permet de baliser le site et d’indiquer le futur chemin qui sera bientôt tracé. Le reste du terrain est laissé pour l’instant aux aléas de la nature. Mais les plantes visibles et celles encore à l’état de graines ont été choisies tout particulièrement : en plus de la lavande, du trèfle et de la moutarde, des phacélies, des immortelles… Derrière ces noms connus et moins connus, évoqués par la scientifique, des espèces qui permettent "à la fois d’attirer les papillons à l’état adulte et de servir de plantes nourricières pour les chenilles".

Baisse des papillons à Marseille

Selon les recherches de Magali Deschamps-Cottin, la population de papillons a fortement diminué à Marseille. Elle s’est donc interrogé sur le rapport entre écosystèmes et environnement urbain. “La ville est aussi un lieu d’introduction d’espèces. Sur Marseille, on voulait savoir quelles espèces étaient présentes car avant on ne savait rien”, a détaillé la scientifique lors de la conférence “le regard scientifique de l’écologue” le 24 mai dernier dans le cadre d’une journée partenariale “Nature en ville” à Aix-en-Provence. Ses recherches lui ont dévoilé "une richesse inattendue sur Marseille", avec la présence d’une quarantaine d’espèces de papillons dans les parcs de la ville. Une présence qui est d’ailleurs peu connue du grand public. "La perspective des citadins et la réalité biologique sont au final très différentes". En exemple Magali Deschamps-Cottin a expliqué que, face aux 65 espèces naturelles de plantes présentes à Marseille, les personnes interrogées dans le cadre de ses recherches, n’ont été capables, de n’en mentionner qu’une vingtaine.

Au cours de ses différentes recherches, Magali Deschamps-Cottin n’a pas seulement étudié l’impact de l’environnement urbain sur le papillon, mais aussi sur les fourmis ou encore les oiseaux. Alors pourquoi un parc aux papillons? “Le papillon est un modèle qui répond et réagit vite, c’est un indicateur. Bien que ce soient de mauvais pollinisateurs, ils participent à ce processus”, détaille Magali Deschamps-Cottin. Le choix est aussi un choix esthétique : "il y a une image sensible avec le papillon, les gens vont ouvrir leur regard."

Du papillon à la biodiversité urbaine

Le parc urbain des papillons s’inscrit dans une réflexion plus générale sur la question de la place des écosystèmes en milieu urbain. “L’écosystème urbain est un paradoxe” a expliqué la scientifique lors de la conférence. “L’homme entraîne une sélectivité des habitats et des espèces”, en plus du problème “des sols compactés, imperméabilisés et pollués en milieu urbain”. A Marseille, particulièrement, “les milieux naturels côtoient le milieu urbain”. Face à ces constats, Magali Deschamps-Cottin a posé la question: “Quelle est la place de la nature en ville”. Et comme le citoyen est un facteur essentiel de cet environnement urbain : elle a aussi soulevé la question : “quelle biodiversité voulons-nous et comment réussir à intégrer la nature dans ce milieu urbain ?”

Des questions qui interpellent naturellement les pouvoirs publics. La ville de Marseille est d’ailleurs partie prenante du projet via la mise à disposition du parc (qui a aussi pu aboutir grâce à un financement de GrDF, en association avec la SAFI, une association d’artistes scénographes, et a également fait l’objet de travaux avec des élèves du lycée des calanques). “A l’origine on avait crée un parc de papillon dans le Parc de la Moline (13ème) mais sans grande vocation scientifique”, retrace Laure-Agnès Caradec, adjointe UMP chargée des Parcs, jardins et espaces naturels, qui se félicite de cette “collaboration avec un laboratoire marseillais pointu”, le LPED.

Un projet qui, assure-t-elle, “s’inscrit dans une politique globale de gestion écologique”. A voir si justement ces bonnes intentions se traduisent aussi dans d’autres domaines de compétence de la mairie, notamment l’urbanisme, intimement lié à cette problématique… En tout cas, scientifique et élue ne tiennent pas le même discours concernant l’ouverture du lieu au public. La première a déjà intégré l’idée d’en faire un outil pédagogique. Au contraire, lorsqu’on l’interroge sur l’accessibilité difficile du site, la seconde liste parmi ses avantages d’être “un endroit protégé à l’abri du public”.

Pour l’instant un espace de recherche, seulement dévoilé à quelques scolaires, le parc sera inauguré aux alentours de la rentrée. Seule certitude, il sera ouvert à tous pour les journées du patrimoine les 15 et 16 septembre ainsi que pour la fête de la science du 10 au 14 octobre prochain. Alors rangez vos filets, et sortez vos appareils photo…

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Commentaires

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  1. Anonyme Anonyme

    Modestement,dans notre cité de campagne Lévêque, dans le 15ème, nous avons réalisé un jardin avec entr’autre une coulée fleurie et un petit jardin papillons, nous avons vu nos premiers l’année dernière et nous le jour du printemps nous en avons vu un nouveau jamais rencontré.Peut-être nous pourrions bénéficier de votre savoir faire.Très heureuse de votre initiative, nous irons voir. J. Régent

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