Le nouveau groupe municipal lancé par Lionel Royer-Perreaut irrite la droite locale

Lionel Royer-Perreaut est l'animateur d'un nouveau groupe d'élus d'opposition municipale baptisé "Ensemble pour les Marseillais". (Photo C.By.)

“Nous sommes convaincus de la nécessité de participer à la recomposition du spectre politique“. Assis dans une salle de réunion du pavillon Daviel, à quelques minutes du début du conseil municipal, l’ancien maire Les Républicains des 9e et 10e arrondissements, devenu en juin dernier député de la majorité présidentielle, Lionel Royer-Perreaut savoure. Entouré de quatre autres élues, il lance officiellement son groupe politique au sein du conseil municipal.

Baptisée “Ensemble pour les Marseillais”, cette nouvelle composante de l’opposition au Printemps marseillais compte, outre “LRP”, Isabelle Campagnola-Savon et Aurore Bruna (par ailleurs conseillères régionales dans la majorité de Renaud Muselier), sa suppléante Emmanuelle Charafe (également vice-présidente de la métropole déléguée à la santé) et Anne-Marie d’Estienne d’Orves, qui a succédé à Lionel Royer-Perreaut dans le fauteuil de maire de secteur après son élection à l’Assemblée nationale. “Face à une droite dite nationale tentée par le ralliement à l’extrême-droite et une gauche de plus en plus fragmentée”, l’élu estime que “le temps de la clarification est venu”. Il voit là “un acte de cohérence au regard des choix politiques pris depuis plus de six mois”. Soit sa décision de quitter LR et de soutenir Emmanuel Macron dès février 2022. Déjà, en 2020, il s’était brièvement porté candidat au perchoir de maire pour s’opposer à son ancien mentor, Guy Teissier, qu’il accusait de pactiser avec le RN.

“Nous sommes un groupe divers droite”

Pourtant, autour de la table, comme plus tard dans l’hémicycle du conseil municipal les membres de ce nouveau groupe, leur animateur en tête, prennent garde de se positionner comme une entité macroniste. “Nous sommes un groupe divers droite”, dit le député Renaissance qui voit dans “cette 3e voie centrale le moyen de porter la parole d’une opposition constructive et ferme à la majorité municipale”.

“Mais, il y a déjà un groupe divers droite au conseil municipal et c’est Une volonté pour Marseille [le groupe de Martine Vassal, dont Catherine Pila est la présidente]”, cadre Sylvain Souvestre. Le maire des 11e et 12e arrondissements, lui-même soutien d’Emmanuel Macron et proche de la députée macroniste Sabrina Roubache, dit ne pas comprendre la démarche de Lionel Royer-Perreaut, qu’il n’entend pas rallier pour l’instant. “C’est juste un effet d’annonce”, balaye-t-il. En attendant, d’effets d’annonce en ralliements, le groupe à majorité LR est passé de 39 élus en 2020 à 30 aujourd’hui.

Plus de macronistes dehors que dedans

L’animateur du nouveau groupe municipal veut croire, en revanche, que d’autres élus marseillais le rejoindront : “Il y a ceux qui posent les fondations et ceux qui construisent après”, sourit-il. À droite, pourtant, des voix doutent de sa capacité à fédérer largement. “Je remarque que plusieurs personnalités – Martine Vassal, Alain Gargani, Didier Parakian, Bruno Gilles, Sylvain Souvestre… – qui ont soutenu le président de la République ne siègent pour autant pas dans ce groupe”, observe Yves Moraine (Les Républicains) qui plante au passage une petite banderille : “Finalement, il y a plus de macronistes à l’extérieur de ce groupe que dedans !”

Il me semble que c’est une opération dédiée au soutien de l’ambition de Lionel Royer-Perreaut.

Yves Moraine

Comme d’autres élus, Yves Moraine s’interroge sur les motivations de la création de ce groupe. “Il me semble que c’est une opération dédiée au soutien de l’ambition de Lionel Royer-Perreaut, laquelle peut d’ailleurs être tout à fait légitime“, reprend l’ancien maire des 6/8. “Il soutient le gouvernement à l’Assemblée nationale, mais veut nous faire croire à son étiquette divers droite ici. C’est sans doute par crainte que dans les échéances à venir cela soit plutôt un fardeau qu’un turbo.”

Tirer les leçons de 2020

Des échéances ? Le prochain scrutin municipal de 2026, évidemment. En conférence de presse, “LRP” balaye la question de sa candidature d’un revers de main. Trop tôt, trop loin. D’autres élus de droite ne se privent pas d’évoquer le sujet pour lui. “Si Lionel Royer-Perreaut veut être candidat à la mairie, je peux le comprendre. Simplement s’il pense qu’il peut être élu tout seul, il se trompe. On peut ne pas s’aimer, ne pas vouloir partir en vacances ensemble, mais il faudra trouver les voies de l’union“, reprend Yves Moraine. Sur une ligne voisine, Sylvain Souvestre abonde : “Si on ne tire pas les leçons de 2020 [municipales marquées par la dissension entre Bruno Gilles et Martine Vassal, ndlr] alors c’est voué à l’échec. À quoi ça sert de créer un groupe municipal distinct si c’est pour finalement tous monter dans le même bateau dans quatre ans ?”

 Je n’avance jamais masqué

Lionel Royer-Perreaut

Il n’empêche, les ambitions sont là et les appétits s’aiguisent. Avec ce rassemblement qu’il veut ouvert à tous ceux qui – “en dehors des extrêmes” – “sont soucieux de porter l’espoir pour Marseille et des Marseillais”, Lionel Royer-Perreaut joue sa partition personnelle, au risque de fragmenter une droite locale hétérogène, déjà écartelée entre Renaud Muselier (le président DVD de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur qui vient de lancer son parti “100% régional” en présence de Lionel Royer-Perreaut), Martine Vassal (qui, à la tête de la métropole et du département, tient ses majorités grâce au levier financier). “Je n’avance jamais masqué”, promet encore le député macroniste qui assure avoir prévenu Martine Vassal et Catherine Pila en amont de son initiative.

Caillou dans la chaussure

Le sujet a été également abordé avec Renaud Muselier. Et s’il ne faut pas voir là une intervention directe du patron de la région, ce dernier laisse toute latitude à ses élus sur leur positionnement au sein des autres collectivités, explique un de ses proches. À la métropole et au département, l’ambiance est moins sereine. LRP prend des airs de caillou, tenace, dans la chaussure de sa présidente.

“Il faut quand même rappeler qu’on a tous été élus sur les listes de Martine Vassal”, note, comme une évidence, Sylvain Souvestre. Il craint de voir des groupes “LRP” éclore à la métropole ou au département qui pourraient fragiliser les majorités vassalistes. L’entourage de Martine Vassal confirme qu’elle ne goûte pas le cavalier seul de Royer-Perreaut. Tandis que plusieurs élus métropolitains et départementaux murmurent qu’on leur a demandé de ne pas rallier cette initiative au risque d’y laisser quelques plumes de leurs délégations. Preuve que si 2026 est un horizon bien lointain, il occupe déjà les esprits.