L'auto-entreprise, beaucoup de candidats et peu d'élus

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le 12 Juil 2012
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L'auto-entreprise, beaucoup de candidats et peu d'élus
L'auto-entreprise, beaucoup de candidats et peu d'élus

L'auto-entreprise, beaucoup de candidats et peu d'élus

Après trois ans d'application pour ce régime défini par Patrick Maddalone, directeur adjoint à la Direccte Paca, comme "un mode supplémentaire de création d’entreprise, ce n’est pas autre chose qu’un accès vers d’autres paysages d’activités", c'est l'heure de la première évaluation. Et les chiffres décrivent une situation peu reluisante : les gains des auto-entrepreneurs, qu'ils soient comptables, paysagistes ou maçon, sont infimes et ressemblent plus souvent à un dernier recours qu'à un vrai choix professionnel.

Pour rappel, l’auto-entreprise a été créée en 2009 pour aider les patrons potentiels à sauter le pas. Inscription aisée, cotisations sociales et impôts annexés sur le revenu de l'entreprise, paiement de cotisations sociales en temps et uniquement s'il y a un chiffre d'affaires sont autant d'atouts de ce régime. Le CA est plafonné à 81 500 € ou 32 600 € selon le domaine d'activité.

Un vrai engouement

C'est ce régime light qui fait sa force. Les principaux intéressés louent les atouts liés à la simplicité comme le paiement des charges simplifié (67% des auto-entrepreneurs interrogés par l'Insee), inscription simple facile et rapide (56%) et la gestion comptable simplifiée (51%). Les trois-quarts assurent même qu'ils n'auraient pas crée d'entreprise sans ce régime. Cette procédure facilitée entraîne des personnes sur un marché non pas pour leur envie de monter une boîte mais pour se dégager un revenu. S'il est contrasté, l'engouement à la création d'entreprises que donne ce nouveau régime reste bien réel. Nadine Jourdan, chef de projet à l'Insee, nous bombarde de chiffres : sur 61 400 créations d'entreprises dans la région en 2011, 56 % sont des auto-entreprises. Contre 53% pour la France.

S'il y a donc une vraie tendance, les chiffres d'affaires restent plutôt faibles. Sur le premier semestre 2010 en Paca, seule une grosse moitié de ces nouveaux patrons a effectivement eu une activité, 56 % contre 62% en France. Et, quand bien même, l'entreprise a obtenu des contrats, les trois-quarts ont facturé pour moins de 1500€ par mois. Un chiffre d'affaire qui, rappelons-le, ne correspond évidemment pas au revenu qui prend lui en compte les charges et dépenses de l'activité.

Un moyen de s'en sortir

Sur le profil des auto-entrepreneurs, 67% sont "en difficulté face à l'emploi" et plus de la moitié des personnes dans cette situation sont "des créateurs peu diplômés en difficulté importante face à l'emploi". Pour être clair, 62% des auto-entrepreneurs tirent l'ensemble de leur revenu de cette activité. Pour beaucoup, il s'agit surtout d'une nouvelle tentative pour essayer de s'en sortir.

Rémi Belle, chef de service études et évaluation statistique Direccte Paca, le confirme : "Les trois régions avec le meilleur taux de création sont Languedoc, Paca et le Nord-Pas de Calais, là où le chômage est le plus important". Mais le succès est loin d'être garanti, "le taux de survie d'une de ces entreprises y est moins important que sur le reste de la France".

Des réponses partielles

Les investissements au démarrage sont d'ailleurs assez limités, 43% débutent avec rien et si l'on fixe la barre à 1000 €, on atteint 66%. Mais Patrick Maddalone tempère : "ce n'est pas le but de beaucoup investir au début. Si l'entreprise fonctionne, elle doit changer de statut [vers une TPE classique]". Impossible pour l'instant de connaître le nombre de ces sorties par le haut :"C'est encore trop tôt, nous réaliserons une nouvelle étude en 2013 et 2015". Le rendez vous est pris.

Déjà mis à mal pas François Hollande, qui souhaite réformer le statut qu'il juge déloyal en matière de concurrence face notamment aux artisans et peu protecteur socialement, ces nouveaux chiffres ne devraient pas favoriser la cause des auto-entrepreneurs. Maddalone réclame néanmoins de la patience.

Il faut laisser le régime s'installer, ensuite nous verrons jusqu'où l'effet incitatif doit aller. Ces études nous aide à savoir ce qu'il faut corriger.

Ces études, conclut Renan Duthion, directeur régional de l'Insee Paca, ne constituent qu'une "première étape" et des "réponses partielles". Reste à voir si le temps statistique ne souffrira pas du temps politique.

Actualisation le 13 juillet : À la demande de l'Insee, nous avons retiré la présentation de l'étude.

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Commentaires

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  1. J.M J.M

    Effet d’aubaine pour certains patrons qui imposent aux personnes qu’ils embauchent à mi-temps de créer une auto-entreprise( avec eux-mêmes comme client unique) afin de compléter leurs revenus.Comment se fait-il que la presse n’en parle jamais!L’auto-entreprise est en fait du salariat déguisé.

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