L’adjointe à l’urbanisme Laure-Agnès Caradec (un peu vite) épinglée par le Canard enchaîné

Actualité
le 14 Sep 2017
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L'hebdomadaire accuse l'une des élues montantes de l'équipe Gaudin d'avoir bloqué un projet immobilier situé non loin de son domicile. Un conflit d'intérêts qu'aucun des acteurs interrogés par Marsactu ne confirment, lesquels soulignent surtout l'inadéquation du projet à cet environnement.

L’adjointe à l’urbanisme Laure-Agnès Caradec (un peu vite) épinglée par le Canard enchaîné
L’adjointe à l’urbanisme Laure-Agnès Caradec (un peu vite) épinglée par le Canard enchaîné

L’adjointe à l’urbanisme Laure-Agnès Caradec (un peu vite) épinglée par le Canard enchaîné

L’adjointe à l’urbanisme Laure-Agnès Caradec a-t-elle joué les Nimby, ces riverains qui sont pour les équipements, infrastructures et logements… tant qu’ils ne se situent pas à côté de chez eux ? C’est ce que laissait entendre le Canard enchaîné ce mercredi, en pointant une décision qui aurait fait perdre plusieurs millions d’euros à des propriétaires marseillais, pour un motif davantage d’intérêt personnel que général.

L’histoire se déroule sur la colline de la Serviane, dans le quartier des Trois-Lucs (12e), où les villas voisinent avec un monastère, des espaces boisés et des champs. Début 2016, les propriétaires d’un terrain de 3900 m2 se voient offrir 4 millions d’euros par Sagec Méditerranée, qui pense pouvoir y construire trois petits immeubles représentant 73 logements.

Mais la ville de Marseille, consultée par le promoteur, refuse le projet. Pour parachever ce verrouillage, la métropole modifie en juillet 2017 le classement du terrain au plan local d’urbanisme (PLU), pour limiter sa constructibilité. Autant dire que les millions promis par Sagec sont alors très loin pour les propriétaires. Or, souligne le Canard, l’élue en charge de l’urbanisme Laure-Agnès Caradec (LR) habite à 300 mètres et la ruelle voisine des futurs immeubles “dessert aussi sa villa”

Pétition du voisinage

Capture d’écran 3D de la colline Serviane. Le projet immobilier était situé à la limite nord. Crédit Geoportail / IGN.

Voici donc l’une des membres montantes de l’équipe de Jean-Claude Gaudin, vice-présidente du conseil départemental, présidente d’Euroméditerranée, accusée de conflit d’intérêts, pour ne pas dire plus. Une version qu’aucun des acteurs interrogés par Marsactu ne partagent. À commencer par les riverains qui n’ont pas attendu l’élue à l’urbanisme pour se mobiliser par une pétition contre ce projet, selon plusieurs témoignages recueillis sur place. Ils auraient obtenu un engagement de la mairie de ne pas densifier. Une prise en compte de leurs revendications certes rare et qui pourrait rendre jaloux d’autres militants anti-bétonnage. La Ville a en tout cas reconnu incompatible avec un tel projet le caractère pavillonnaire du quartier et l’étroitesse des voies.

C’est d’ailleurs l’un des arguments déployés par la modification du PLU : “maîtrise des hauteurs de constructions en limitant les effets de rupture au sein d’un secteur de villas”, “préservation de l’ensemble paysager composé autour du couvent de la Serviane et ses coteaux agricoles ou de nature” et “non augmentation du flux automobile sur la traverse dont les caractéristiques doivent à ce jour, rester celles d’un chemin de campagne”. Y compris du côté du promoteur, que nous avons pu joindre, on concède que la décision “peut se comprendre même si c’est toujours frustrant de perdre une affaire”.

La principale concernée, Laure-Agnès Caradec, a souhaité répondre par écrit à nos questions, tout en affirmant ne pas avoir été contactée par l’hebdomadaire.“Au-delà des attaques personnelles sans fondement, je déplore le positionnement de certains intermédiaires qui font des promesses irréalistes à des propriétaires, commente-t-elle. En conséquence des propriétaires se sentent dépossédés de projets qui ne répondent pas aux conditions de faisabilité.” Dans le quartier, tous n’ont peut-être pas le détachement d’autres voisines, les Soeurs de la congrégation des Filles du cœur de Jésus, qui refusent obstinément de vendre leur large terrain à l’OM pour une extension de son centre d’entraînement.

Julien Vinzent, avec Jean-Marie Leforestier

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Commentaires

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  1. Louis Louis

    Dommage qu’ils n’aient pas pensé à l’environnement pavillonaire et à l’étroitesse de la voie traverse de la Seigneurie dans le 9ème…

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    • julijo julijo

      L’opération décrite sur la colline de la Serviane est une bonne nouvelle !
      Egalement très dommage qu’ils n’aient pas pensé à la zone déjà bien encombrée de Beaumont….où les constructions se multiplient. Le quartier est au fil des années un vaste chantier…
      Un immeuble est construit dès qu’il y a une centaine de mètres carrés disponible et il y en a encore quelques uns. Incommodant incroyablement la qualité de vie et l’environnement des habitants jadis paisibles.

      Le “not in my backyard” est plus facile à appliquer pour des élus qui n’habitent pas dans leur secteur ??? gage de discrétion ?

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  2. Dark Vador Dark Vador

    “On ne prête qu’aux riches”… Quand on occupe le poste de Madame Caradec qui, ce n’est un secret pour personne, se caractérise par une fougue peu commune pour soutenir et concrétiser tous les projets de Jean-Claude et consort dans son domaine de compétence, on prête forcément le flan à toutes les suspicions…

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  3. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    A la Serviane, on admet donc “l’inadéquation” d’un projet immobilier de 73 logements à l’environnement. A La Madrague de Montredon, les mêmes trouvaient tout à fait adéquat un projet de 286 logements dans un quartier où la voirie et les réseaux d’assainissement sont déjà saturés. Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà. Mais doit-on vraiment admettre sans sourire que la présence sur place d’une adjointe au maire dans un cas et pas dans l’autre n’a eu aucun effet ?

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    • neomars neomars

      Il manque peut-être un couvent à la madrague, au mont rose, au Frioul, … ? Pour d’autres élus c’est plus simple: ils n’habitent pas à Marseille :))

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  4. Lecteur Electeur Lecteur Electeur

    L’inadéquation du projet Vinci à l’environnement existant (puisque c’est aussi de cela qu’il s’agit) devrait également sauter aux yeux des élus s’ils avaient un réel souci de l’intérêt général.
    Ne pouvant introduire de photographie dans ce forum j’ai créé un billet de blog où vous pourrez avoir une vision photographique du Boulevard de la Corderie prise du trottoir d’en face de la carrière :

    https://marsactu.fr/agora/en-passant-par-le-boulevard-de-la-corderie/

    J’ attend toujours une incrustation 3D de l’immeuble Vinci sur cette image pour voir à quoi cela ressemblera plus tard mais je vous laisse imaginer …

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  5. Alceste. Alceste.

    De toutes les façons avec cette municipalité depuis 22 ans , rien ne me surprend plus. On s’arrange entre copains et l’on se sert sur la bête.

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  6. martine Colombani martine Colombani

    même cas à mimet où un terrain plat de 6000m² viabilisé classé en zone urbaine, desservi par une voie publique communale de 6m et confront de la propriété d’un élu de la majorité est devenu totalement inconstructible; et après le maire explique la carence de logements sociaux par le manque de terrains constructibles.

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  7. DAVID BOTTON DAVID BOTTON

    Combien de projets immobiliers présentant les mêmes caractéristiques que l’opération qui vient d’être refusée par notre chère adjointe à l’urbanisme ont été soutenue (voir forcée) par l’équipe municipale en place contre l’avis de leur administrés et alors même que des avis négatifs avaient été émis par les administrations…
    Il faut que cela cesse, il faut du changement dans cette ville pour qu’elle puisse se développer réellement. Seconde ville de France en superficie, accès portuaire, ferroviaire, aéroport : ça devrait être une ville avec une dynamique économique exceptionnelle mais, rien, mise à part une bétonisation à outrance qui altère complètement les qualités de la ville.
    Je prends pour exemple de Bordeaux entre l’ère Chaban Delmas et maintenant.
    Marseille mérite bien mieux que cela !

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  8. leravidemilo leravidemilo

    Pour celles est ceux qui voudraient se faire une idée de l’adaptation des projets immobiliers de la ville à la réalité des voiries et des dessertes, une petite visite de la zone d’aménagement dit “concerté” de St Marthe, s’impose!!! Outre l’enfer vécu par les riverains, ne serait ce que pour le chantier (leur banderoles ont eu le temps de pourrir avant que quiconque ne s’y intéresse), on se demande bien comment et par où pourront être installées les dessertes, le jour où la municipalité se rendra compte qu’il y a quelque chose qui cloche là d’dans. (pour les promeneurs, ça se situe au dessus de la gare de st marthe). Cet argument, évoqué ici, ressemble à une plaisanterie saumâtre..et marseillaise. Sans bien sur parler ici de “préservation de l’ensemble paysager” ni du sous équipement total de l’ensemble, et il ne s’agit pas de 73 logements, mais d’une ZAC! (cet article est quelque peu stupéfiant!).

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