La Ville prépare une révolution de palais au parc Chanot avec une mini arena

Info Marsactu
le 11 Juin 2018
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La ville prévoit de gros travaux pour donner un nouveau visage au parc Chanot. Nouvelle allée traversante ouverte au public, arbres plantées en pleine terre, palais détruits et reconstruits... Le nouveau parc des expositions prévoit même une salle des spectacles en remplacement du Dôme. Le tout géré dans le cadre d'une délégation de service public de 30 ans.

LA palme et la cigale, symboles de la marseille, métropole coloniale. Bien rouillée...
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Tout détruire pour reconstruire. Cette formule révolutionnaire guide le projet que la Ville souhaite mettre en œuvre au parc Chanot. Lors du prochain conseil municipal, le 25 juin prochain, la Ville va proposer une nouvelle délégation de service public pour l’exploitation de l’actuel parc des expositions Chanot. Construit sur l’emprise de la première exposition coloniale en 1906, celui-ci est géré par la Safim depuis lors.

La convention qui lie la Ville depuis 1985 à cette filiale de Veolia avec mise à disposition gratuite arrive à terme en décembre 2019. La Ville a donc décidé de revoir de fond en comble ce parc “en partie vétuste” pour offrir un nouvel écrin attractif au tourisme d’affaires. C’est en tout cas ce qu’on peut lire dans un rapport soumis au dernier comité technique de la Ville que Marsactu a pu consulter.

“Grande allée plantée publique”

Le document décrit par le menu le programme de travaux qui vise à repenser le rôle du parc “dans son environnement immédiat”. La restructuration du quartier autour du stade vélodrome et du nouveau centre commercial a ringardisé l’ancien parc construit dans les années 60. Le nouveau plan de prévention du risque inondation est également passé par là. L’ensemble du secteur est concerné par un risque d’aléa fort du fait de la proximité de l’Huveaune. Le secteur a d’ailleurs fait l’objet d’une négociation poussée entre le service d’urbanisme municipal et l’État au moment de la concertation autour du plan de prévention du risque inondation, l’an dernier (lire notre article).

Le zonage approuvé par le Préfet autour du parc Chanot. En bleu foncé, les zones de centre urbain où le risque d’inondation est fort. Source : DDTM.

Pour répondre à ce risque, la Ville mise sur la porosité, au sens propre et figuré. Au sens figuré, la Ville prévoit d’aménager sur ses propres deniers une “grande allée plantée publique réservée aux piétons et autres modes de circulation douce” qui irait du rond-point du Prado à l’esplanade Ganay et, au-delà, au palais des sports et au métro Dromel. “Une grande esplanade paysagère” occuperait le centre du nouveau parc Chanot “pour des usages urbains et expositions de plein air”. Pour le sens propre du mot, l’idée force est de remettre en pleine terre de nombreux espaces aujourd’hui goudronnés. Le site serait également replanté pour réduire les îlots de chaleur.

La fin des boîtes à chaussures et du Dôme

Côté gros travaux, le projet propose d’inclure dans le futur contrat la démolition du grand palais qui occupe le fond du parc Chanot et de le déplacer pour créer un parvis avec l’esplanade Ganay tout en conservant sa façade. Il en serait de même avec le palais phocéen et celui de la Méditerranée, les deux plus grandes boîtes à chaussures situées à proximité du boulevard Rabatau. L’ensemble des halls reconstruits doit permettre “d’atteindre une surface minimale de 40 000 m2 d’exposition” là où les palais appelés à disparaître cumulent 27 700 mètres carrés. La Ville prévoit également la construction d’un nouveau bâtiment appelé “espace de prestige” à l’architecture “remarquable et visible (…) vecteur de la nouvelle identité du parc Chanot”. Toujours en liaison avec la logique de porosité et le risque inondation, la ville imagine des liaisons entre les halls par des passerelles situées au premier étage et une construction sur pilotis pour le nouveau “bâtiment contemporain”.

L’actuel parc Chanot. Capture d’écran de la Safim.

Cerise sur le gâteau, dans ce nouveau projet de délégation de service public, deux scénarios sont possibles. Le premier reprend les “fonctions actuelles du parc des expositions” et l’autre intègre un “grand équipement multifonction de type grande salle évènementielle”. Dit comme ça, le projet ressemble beaucoup à une arena, une hypothèse que la Ville a longtemps caressée. Prévue pour accueillir 7 à 8000 spectateurs – une jauge comparable à l’arena d’Aix – celle-ci est plutôt envisagée comme une réponse à l’obsolescence du Dôme et du Palais des sports voisin. Cela signifie aussi que ces salles aujourd’hui gérées en régie municipale seraient concédées à la future société en charge de la délégation de service public.

Subvention à négocier

Côté montage financier, pas de surprise, la Ville ne souhaite pas revenir à une gestion directe. La mairie a choisi une “concession globale de travaux et services”. Un opérateur privé devra donc assurer la construction et l’exploitation du lieu, un peu à l’image du Vélodrome voisin. La Ville subventionnerait tout de même en partie les travaux d’équipement. Au bout des 25 à 30 ans de la future concession, la Ville récupérerait le nouveau parc des expositions. En revanche, selon le document soumis à l’approbation du comité technique, “le montant de cette subvention sera négocié dans le cadre de la procédure de mise en concurrence”.

Les travaux envisagés interviendront en deux phases. La première entre 2022 et 2023 et la seconde entre 2025 et 2026. Quant aux montants, ils sont conséquents et varient selon qu’ils incluent ou pas la future arena. Dans le scénario sans salle de spectacles, le futur concessionnaire devrait avoir à sortir entre 118 et 123,9 millions hors taxes tandis que les travaux d’aménagements urbains sont évalués entre 24,8 et 25,9 millions d’euros. Dans le scénario avec le nouveau Dôme, la facture bascule sur une fourchette située entre 194,5 à 204,3 millions pour les bâtiments et entre 27,6 et 28,8 millions d’aménagements urbains.

Heureusement pour le futur concessionnaire, ce grand chantier est suffisamment décalé dans le temps pour lui permettre d’accueillir les 20 000 participants du congrès mondial de la nature prévu pour être organisé en 2020 au parc Chanot. De quoi remplir les caisses du concessionnaire avant de lancer les travaux.

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Commentaires

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  1. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Et hop ! A quelques mois seulement des élections municipales, une nouvelle DSP qui engagera les successeurs de Gaudin pendant 4 ou 5 mandats.

    Les marges de manœuvre des futurs maires de Marseille risquent d’être, durant les trois prochaines décennies, vraiment très minces : Gaudin aura fait à sa façon le boulot pour eux (enfin, surtout pour ses amis bénéficiaires des PPP, DSP et autres concessions).

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  2. Alceste. Alceste.

    La situation de cette ville est déjà au delà du critique et l’on continue à s’endetter.
    Cette politique du “après moi le déluge” est délirante.
    D’ailleurs et à ce propos , les Gendarmes qui sont à la mairie depuis quelques semaines devraient aussi jeter un œil , à tout hasard, sur le mode de passation des DSP, marchés publics et délivrances des permis de construire. Cette frénésie municipale a sans doute une raison . Va savoir ?

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  3. Tarama Tarama

    Oh tiens, encore une salle de la même jauge que :
    le Dôme
    le Palais des Sports
    le Palais Omnisports Marseille Grand Est (palais de la glisse)
    l’Aréna d’Aix
    le Stadium de Vitrolles

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    • barbapapa barbapapa

      Le Stadium, cube grisâtre dans les coulées rouges de déchets d’alumine, “oeuvre” de Riccioti, est depuis longtemps en ruine. Le Palais des Sports et celui de la glisse ne sont pas faits pour les spectacles musicaux, et le Dôme est à détruire. Il y a donc un vrai besoin de salle à Marseille. Si la ville avait des personnels et des services techniques dignes de ce nom, la régie municipale serait adaptée, mais compte tenu de la situation, ce sont encore des privés qui vont faire du gras sur le dos des marseillais.

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    • Tarama Tarama

      Le Stadium n’aurait besoin que d’un coup de peinture.
      Pour le reste je ne partage pas vos avis, mais c’est encore une fois une jauge “bâtarde”, pas adaptée à la taille de la ville.

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    • PromeneurIndigné PromeneurIndigné

      Il faut privatiser tous ces lieux de spectacle ce n’est pas aux contribuables mais aux spectateurs et aux organisateurs de les financer ! L’argent public doit servir à financer en priorité les missions d’intérêt général: éducation, santé ,installations sportives et culturelles de proximité, transports en commun !

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  4. Alexandre GUYOT Alexandre GUYOT

    Content de voir que les deux précédents commentaires témoigne de la même indignation. Je ne crois pas que ce soit la priorité de la ville de faire encore (et toujours) du spectacle et des bâtiments.
    Les infrastructures publiques écoles et piscines sont en urgence d’entretiens réguliers. Les lignes de transports en commun sont en réseaux trop maigre et les fréquence de passage 2x trop peu fréquente pour que les gens puissent renoncer à la voiture. même les bornes de le vélo sont concentrées au centre ville. C’est la mairie qui décide des emplacement autorisé à Decault il me semble.
    C’est lamentable.

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Certes, mais sans doute le lectorat de Marsactu, dont je m’honore de faire partie, est-il trop limité intellectuellement pour comprendre pourquoi, au lieu d’investir dans les écoles, les équipements de quartier et les transports collectifs, nos zélus voient une urgence dans la réalisation d’un téléphérique ou la transformation du parc Chanot.

      Il y a sûrement une raison rationnelle. Mais est-elle avouable ?

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    • Laurent Malfettes_ Laurent Malfettes_

      Allons, Électeur du 8e, le téléphérique n’est rien d’autre qu’un mode de transport en commun ! Il se murmure que le maire envisage une ligne de téléphérique bougainville-Castelane pour compléter le métro et le tram.

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  5. Dark Vador Dark Vador

    J’apprécie @Electeur du 8e, @Antoine de Meria et @barbapapa (entre autres). Quand l’envie et la nécessité d’écrire un commentaire m’étreignent, je lis d’abord les leurs et souvent ce que j’aurai pu commenter a déjà été “acté” par leur clairvoyance. C’est un peu frustrant parfois, mais je suis heureux de partager très souvent avec eux le même diagnostic, les mêmes sentiments, les mêmes colères et surtout les mêmes valeurs. En espérant que la réciproque soit vraie aussi. Bien le bonjour amis!

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Mais je crois que ce qui caractérise le lectorat de Marsactu, quelles que soient les opinions individuelles, c’est précisément quelques valeurs fortes. Et j’ai (presque) toujours plaisir à lire les commentaires des uns et des autres (d’ailleurs – ne le dites pas aux journalistes de Marsactu -, mais il m’arrive de les lire avant leurs articles…).

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  6. Jean Luc Jean Luc

    Cette valse de chiffres est presque comique, surtout avec toutes ces virgules….
    Pour le velodrome, on a eu une augmentation d’environ 75% (289 à 509 millions, d’€).
    Ici, on partirait, avec l’arena, de 230 millions…pour arriver donc à 400 millions au bas mot…et les pieds dans l’eau!
    chapeau les artistes…

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  7. PromeneurIndigné PromeneurIndigné

    La vraie révolution ne serait- t- elle pas que la ville de Marseille concède le parc Chanot à un opérateur privé en échange du paiement d’une redevance ? Ou pourquoi ne pas le déclasser pour le faire sortir du domaine public communal et le privatiser. Gaudin ferait plaisir ainsi à Macron et pourrait ainsi obtenir une rallonge de subvention de l’État. Si l’on nos décideurs sont prêts à privatiser l’aéroport Marseille Provence pourquoi pas le parc Chanot ? L’argent provenant de la redevance ou du prix de la privatisation permettrait d’abonder le budget municipal dont les priorités doivent être le budget des écoles communales et des transports en commun et non pas les gadgets bling-bling. En attendant contribuables marseillais à vos poches

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  8. pascal pascal

    j’ai du mal à comprendre l’origine de problème même si le bâtiment est “en partie vétuste”. Y-a-t-il moins de foires et autres expositions, qui s’en plaint? Pourquoi ce projet maintenant qui ne figurait pas dans le programme électoral ? il ne me semble pas qu’il y est péril ?

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    • LaPlaine _ LaPlaine _

      Le péril se situerait plutôt dans les écoles, les piscines, les rats, la voirie, le commerce en centre-ville, les équipements urbains, les TC etc. Comme cela a été évoqué déjà cette équipe a une attirance pour le “bling bing”, ce qui permet de masquer (façon de parler) au passage une gestion quotidienne calamiteuse et une absence de travail de fond (beaucoup plus difficile…)

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