La vie ordinaire des Rroms de Plombières

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le 28 Nov 2012
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La vie ordinaire des Rroms de Plombières
La vie ordinaire des Rroms de Plombières

La vie ordinaire des Rroms de Plombières

"Je viens d'appeler Médecins du monde. Ils peuvent la soigner mais n'ont pas la possibilité de venir la chercher. Ils m'ont donné votre numéro". Mathieu vient de faire une nuit blanche. Il fait partie du collectif d'associations qui ont participé à la réquisition citoyenne lundi 12 novembre d'une ancienne caserne de gendarmerie du boulevard de Plombières à destination d'une centaine de Rroms jusque-là abritée par la paroisse de la Belle de Mai.

Une petite fille a l'oeil enflé. Elle souffre depuis deux jours maintenant. Il faut qu'elle voit un médecin. Mathieu, lui,  parlemente depuis un quart d'heure avec le Samu social pour qu'un agent vienne la récupérer en voiture. En vain. Le service municipal ne viendra jamais… Et c'est finalement l'association de médecins qui se déplacera sur le terrain. 

Des scènes comme celles-ci, il y en finalement peu. Les Rroms installés ici se débrouillent quasiment seuls. Mathieu reste sur le terrain pour les aider et les encadrer. Mais il est quand même bien seul pour s'occuper des quelques 120 habitants, dont une quarantaine d'enfants, souvent en bas âge. Alors il essaie de les occuper.

Brasier et petites foulées

Ce matin là, quelques hommes s'affairent autour d'une grande benne rouge installée derrière l'immeuble. Ils débarrassent le reste d'ordures entassées. De l'autre côté, autour du feu "qui ne s'est jamais éteint depuis la réquisition", les femmes commencent à préparer le déjeuner : des pommes de terre et du poulet. Il est 10 heures. Elles ne s'arrêteront pratiquement pas, chacune à tour de rôle, en petits groupes.

Le brasier. Un vrai lieu de rendez-vous où chacun se retrouve pour cuisiner bien sûr, mais aussi pour discuter et surtout se réchauffer. Car il fait maintenant froid en cette fin du mois de novembre. Les chambres ne sont pas encore raccordées à l'électricité et les bouteilles de gaz sont interdites dans les étages. Alors on se protège comme on peut, à grand renfort de rideaux aux fenêtres et aux portes. 

10h30. Xavier franchit le portail de l'entrée. Il est SDF et vit dans un squat près du centre-ville. Tous les matins depuis la réquisition, il rend visite aux enfants. Après quelques échanges avec les habitants autour d'un café à la turque, il rassemble une dizaine de gamins pour une petite heure de sport. "On fait d'abord le tour de l'immeuble en courant. Après, on fait des pompes et on termine par un goûter réservé aux enfants", explique-t-il avant de commencer son exercice d'endurance au trot. "Et en même temps, je leur apprends l'alphabet et les chiffres jusqu'à 10". Les enfants sont conquis. Dès son arrivée, ils lui foncent dessus, le tirent par la manche. "Sport ? On fait le sport ?" Tous sautillent autour de lui en attendant le top départ. Il faut dire qu'à part cette attraction de début de journée, il n'y a pas grand chose à faire. 

Sauf évidemment pour ceux qui ont la chance d'aller déjà à l'école. Comme Mickaela, 7 ans, et son frère Rezvan, 5 ans, ou encore Santiago qui lui a 8 ans. Pour les autres, il faudra attendre encore un peu. C'est Aïcha, membre du collectif, qui est en charge des démarches de scolarisation des enfants.

Nouveaux arrivants

Dans ce nouvel espace où les habitants trouvent progressivement leur place, les groupes se forment. Et si l'ambiance est souvent plutôt calme, les tensions existent. "Cette famille est assez difficile", explique une militante en désignant un groupe de personnes. "Il y a pas mal de problèmes d'alcool et de violence". Des dispositions ont pourtant été prises, l'alcool est interdit. Mais l'absence de réel encadrement associatif rend le contrôle plus difficile. Ils sont une quinzaine environ à ne pas se mêler aux autres, préfèrant rester assis en rang d'oignon sur un petit muret, en face du second hall d'entrée.

Une dizaine de Rroms entrent sur le terrain et rejoint le petit groupe du muret. Ils arrivent tout droit de Roumanie. Le père Paul est présent. C'est lui qui avait recueilli une centaine de Rroms dans sa paroisse avant qu'ils viennent s'installer ici. Une liste de noms à la main, il vérifie l'identité des nouveaux arrivants. "On sait qu'un car avec une quarantaine de personnes doit arriver à la gare dans la matinée. Apparemment, ils étaient au courant de l'existence du lieu au moment de leur départ. Certains sont déjà prévus. Ils faut qu'on vérifie qu'ils soient bien dans la liste". Il est plutôt inquiet. Il sait qu'il ne pourra pas tous les accueillir. "Mais ce sont souvent des membres des familles déjà installées. C'est difficile de leur refuser l'entrée". 

De l'autre côté, Victor, resté à l'écart, observe. C'est un vieil homme qui ne parle quasiment pas français et s'adresse souvent aux militants et visiteurs par des gestes. Son dos le fait souffrir. Il se déplace en fauteuil roulant et ne se lève que très rarement, pour monter dans sa chambre au premier étage ou pour soulager ses vertèbres douloureuses. Les plombiers sont venus dans la matinée pour installer des toilettes à son étage et à la cave. "Il vit ici, mais ce dont il a besoin, c'est d'être hospitalisé" explique Mathieu. 

A Plombières, la vie reprend dans cet immeuble depuis longtemps inhabité. Les enfants courent, jouent, rient. Les chiffonniers et ferrailleurs entrent et sortent tout au long de la journée. Ils sillonnent la ville en espérant trouver quelques objets à revendre pour gagner un peu d'argent. Au 91 boulevard Plombières, les conditions sont précaires, certes, mais ses habitants ont aujourd'hui un toit.

 

 

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Commentaires

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  1. Jean Sicard Jean Sicard

    Furieux qu’il en ait fallu arriver à une réquistion citoyenne pour qye des êtres humains aient ne serait-ce qu’un toit, et plus seulement une tente sur un trottoir.

    Heureux que des citoyens (membres d’associations, syndicats, partis, et aussi quelques, rares, voisins) aient décider de ne plus laisser faire.
    Furieux que les élus, de secteurs, de la mairie, les autorités, préfectorales, se contentent de fermer les yeux, après avoir laissé le Père Paul se débrouiller; mais il est vrai que pour l’instant, il n’y a pas d’expulsion envisagée.

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  2. Catherine Catherine

    Je vais en faire hurler plus d’un et il y a de fortes probabilités pour que mon commentaire soit effacé..mais bon, je donne mon avis.
    Moi aussi je suis furieuse et pas pour les mêmes raisons que Jean Sicard. Je suis furieuse parce que nous avons ouvert les portes de la France à toute la misère du monde qui vient demander des allocations en pagaille.
    Je suis mutée sur Marseille et je n’ai pas droit d’accéder à un logement locatif en sellier tout ça parce que je suis une personne seule qui a déclaré quelques centaines d’euros en trop. Je n les ai pas volés, j’ai travaillé pour ça. Je me fais fusiller par les impôts et je n’ai jamais droit à rien, je ne demande rien non plus , mais qu’on me refuse un appartement parce que j’ai trop déclaré c’est ahurissant. J’apprends aussi que je vais payer une taxe d’habitation délirante et que la taxe d’ordures ménagères est le double de Lyon…et Lyon c’est propre, ça ne ressemble pas à Calcutta!!! Je n’ai jamais vu une ville aussi dégoutante de crasse que la ville de Marseille, Naples à côté c’est Monaco. Je n’ai aucune honte, ni remord ni regrets à écrire ce que j’écris. Je suis française et je pense que nous avons déjà à nous occuper de nos propres pauvres, de nos personnes âgées délaissées, de nos retraites à venir etc etc/ Les Roms font partie de la Roumanie et c’est à la Roumanie d’évoluer et de s’occuper des ses Roms, pas à nous.Je n’accepterais jamais le nivellement par le bas qui nous enfonce jour après jour das ce pays et à puissance 1000 à Marseille.

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  3. Paul RABIA Paul RABIA

    Cher madame Catherine c’est avec plaisir que je vous recevrez en mon bureau mairie 7eme secteur vous avez raison sur toute la ligne qui gouverne aujourd’hui?

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