La culture à nouveau victime de l'incivisme

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par Mat_
le 22 Fév 2012
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La culture à nouveau victime de l'incivisme
La culture à nouveau victime de l'incivisme

La culture à nouveau victime de l'incivisme

Le vol de l’œuvre de Valérie Horwitz, flottant sur une bâche de chantier de 70m2 interroge. Le vide laissé sur la façade désormais dénudée alimente les spéculations les plus folles sur cet acte d’incivilité. Cette œuvre monumentale s’inscrivait dans le cadre du festival Interstices, instigué en 2007 par l’artiste elle-même. L’événement propose des œuvres contemporaines contextuelles dans l’espace urbain, sur les supports usuels de la communication et de la publicité. La volonté de diffuser des œuvres en allant à la rencontre des passants s’oppose à la  démarche habituelle consistant plutôt à les regrouper dans les musées. Par ce larcin, le leitmotiv du festival est rudement mis à l’épreuve. Les philosophes pourraient y voir une métaphore, voire le trépas artistique de la troisième édition du festival. Surtout lorsque l’on sait – ironie suprême – que cette œuvre unique d’Interstices répondait cette fois-ci à la proposition du non lieu et de l’absence, thème emprunté à Marc Augé.

Réalité versus fiction

Adossée à la façade d’un bâtiment situé sur la Canebière, lieu de transit et d’anonymat par excellence, l’œuvre, entièrement textuelle, arborait en couleurs flashy un alexandrin de Charles Baudelaire, tiré des Tableaux Parisiens (sonnet A une Passante). La mise en forme du texte avait pour fonction d’interpeller le passant, d’arrêter son regard perdu dans le trop plein et l’agitation de l’avenue marseillaise. Valérie Horwitz explique : « Baudelaire est dans l’allégorie, il associe toujours des images à des pensées. Il y a également de la musique qui ressort de ces œuvres. Là, il s’agit d’une conversion typique de Baudelaire sur le paradoxe de l’ici, du maintenant et de l’ailleurs. Dans la mise en forme, je voulais faire ressortir la dimension poétique de ce vers, provoquer de l’image sans en insérer réellement… L’ailleurs disparait dans le fond de la toile, amenant à la réflexion de l’ici. C’est une confrontation entre la rêverie, l’idéal et un absolu qui n’existe pas, un affrontement entre la réalité et la fiction.»

Artiste maudit

Dans le désir de laisser vivre l’œuvre sans rien en dire, aucun panneau explicatif n’avait été installé. L’artiste elle-même ne s’est dévoilée que le 14 février dernier, négligeant tout effet d’annonce ou de communication. « Rien de provocateur ou de choquant dans l’œuvre ne peut expliquer un éventuel acte de protestation.», se désole Valérie Horwitz, dépitée. Rien de comparable en effet avec le festival Préavis de désordre urbain en 2010, qui avait choqué certains – voire semé la panique – et provoqué des tags rageurs dans les rues. D’autant que Marseille-Provence 2013 se rapproche avec son lot d’événements du même genre. En septembre 2010 le vandalisme dirigé contre le festival Préavis de désordre urbain avait provoqué la colère du vice-président du conseil régional en charge de la culture Patrick Mennucci, lui arrachant ces mots :

Marseille 2013 nécessite une ouverture d’esprit dont certains sont encore loin

Quoi qu'il en soit, la remise en question est totale pour la programatrice-artiste du festival: « Je m’interroge sur ce que l’on peut réaliser dans l’espace public, sur ce que l’on peut programmer. On ne va pas établir une surveillance des œuvres 24h sur 24h ! Mais cela ne me donne pas envie d’arrêter…ça fait un peu artiste maudit, non ? Rendez-nous Baudelaire ! » s’exclame-t-elle, un rire jaune étranglé au fond de la gorge.

Si ce n'est peut-être qu'un chapardage, il n'en reste pas moins que l'accumulation des perturbations et dégradations (RIP Zarafa) n'augurent rien de bon pour Marseille 2013 dont environ un quart du pré-programme est axé sur "l'art dans l'espace public".

Wanted ! La bâche de chantier est toujours activement recherchée… Nous lançons un appel à témoins. Vous pouvez donner vos informations à cette adresse : lachambreclaire@gmail.com

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Commentaires

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  1. stoplanguedebois stoplanguedebois

    il faut dire que le texte de la bache est franchement ahurissant. celui qui l’a volé doit être analphabete ou totalement idiot….je veux bien marc Augé et tous les autres mais là. A cet endroit là de la canebière, l’artiste connaissait le lieu pour écrire un truc aussi débile?

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