"La crise n'est pas pour tout le monde"

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le 25 Jan 2013
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"La crise n'est pas pour tout le monde"
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"La crise n'est pas pour tout le monde"

Le coup de massue est tombé le 2 janvier dernier. Le PDG d'une holding chapeautant trois sociétés de réparations navales (SPM, MMM, Louis-Gali) à Saint-Henri annonce un plan social prévoyant le départ de 29 salariés sur 46. Elles distribuent, installent et réparent des moteurs, des arbres, des hélices pour des embarcations de loisir ou de grands paquebots. Louis Gali par exemple est l'agent de Volvo Penta et de Hamilton Jet, et la SPM travaille en sous-traitance pour Monaco Marine et la SNCM. Une nouvelle fois, dans l'indifférence quasi-générale, des emplois industriels et un savoir-faire vont disparaître du port de Marseille, au moment où les pouvoirs publics claironnent un peu partout qu'ils veulent relancer la réparation navale avec la gigantesque forme 10.

Les ateliers Gali ont été créés en 1924, et SPM en 1995. Ils emploient aujourd'hui respectivement 18 et 13 salariés. En 2009, ils ont été rachetés, avec une troisième société marseillaise, la MMM (Moteurs marine Méditerranée) – 17 salariés – par une société hollandaise, le groupe Pon. Un groupe familial inconnu, qui ne publie pas ses comptes, mais de très grande dimension, employant 12 000 salariés dans le monde, dans 22 pays et dans 250 activités, notamment dans la sous-traitance automobile pour Volkswagen. Une bonne nouvelle donc au départ pour ces PME du port de Marseille.

Pon a créé l'année du rachat une holding, Peps France, qui est l'actionnaire de ces trois sociétés marseillaises (Gali, la SPM et MMM). Au moment du rachat, les sociétés sont bénéficiaires et emploient au total 76 salariés. En 3 ans la nouvelle direction du groupe va développer le chiffre d'affaires, de 5,5 millions d'euros en 2009 pour les ateliers Gali, à 10,5 en 2011, mais en même temps diminuer les effectifs, via des départs volontaires et des départs à la retraite. Deux des trois sociétés rachetées, Gali et la  SPM, vont plonger dans le rouge, seule la MMM est aujourd'hui rentable. D'où l'annonce du 2 janvier ainsi justifiée par le PDG Didier Genty dans une interview donnée la semaine dernière à l'hebdomadaire spécialisé Le Marin.

Peps France a décidé d'arrêter un certain nombre d'activités générant des pertes. Au cours des 3 dernières années la crise économique globale a eu des impacts négatifs sur l'ensemble du secteur maritime

Le PDG souhaite se recentrer sur la distribution, et non plus la réparation et la maintenance. Chez Gali, 10 emplois sur 18 seraient supprimés, la totalité chez SPM et les 17 salariés de MMM tous conservés. En gros, tous les emplois industriels passent à la trappe. Une situation inacceptable pour Laurent Ferrer et Hervé Rodriguez les deux délégués CGT du personnel de SPM présents sur notre plateau, qui ont décidé de se battre pour conserver ces emplois à Marseille.

Si des reclassements leur ont été proposés, ils sont tous à l'étranger, et surtout ne semblent pas bien définis. Les salariés sont même prêts à baisser leurs salaires ou abandonner un certain nombre de leurs avantages, tickets restaurants, 13e mois. Ont-ils trop tirés sur le carnet de chèque des Hollandais justement, quand ils ont négociés avec eux en 2009 ? Ils s'en défendent. "Un salarié [avec] 12 ans de boite, c'est 1450 euros nets par mois".

Ils seront de toute façon toujours plus cher qu'un ouvrier letton. Du coup, les salariés ont décidé d'agir. Première salve ce matin au tribunal de grande instance de Marseille où le plan social va être attaqué. Du côté des politiques, le vice-président communiste de la région Jean-Marc Coppola vient d'écrire au préfet pour demander une table ronde et  le député de la circonscription le PS Henri Jibrayel a sensibilisé Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif, à leur dossier, et Sophie Camard, élue EELV à la Région est également venue hier rencontrer les salariés. Les pouvoirs publics qui ont leur mot à dire puisque ces sociétés sont en zone franche et bénéficient donc de l'aide publique. To be continued. 

>> Actualisation le 25 janvier à 13 heures, les salariés sortent du tribunal et la direction de l'entreprise vient de demander l'annulation de la réunion d'information du 14 janvier dernier qui annonçait le plan social. La procédure est donc suspendue, une nouvelle réunion est prévue avec les salariés le 31 janvier. C'est une première victoire pour ces salariés, l'entreprise ayant préféré faire marche arrière plutôt que de risquer de se faire condamner par le tribunal. Mais ce n'est vraisemblablement que partie remise au 31 janvier prochain. To be continued

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