Grand Port de Marseille : "Nous ne sommes pas là pour faire des marinas"

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le 27 Mar 2014
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Grand Port de Marseille : "Nous ne sommes pas là pour faire des marinas"
Grand Port de Marseille : "Nous ne sommes pas là pour faire des marinas"

Grand Port de Marseille : "Nous ne sommes pas là pour faire des marinas"

"Avec Pascal Galeoté [secrétaire général CGT du port], on s'adore'". Le nouveau président du conseil de surveillance du grand port maritime de Marseille (GPMM) Jean-Marc Forneri a le sens de la formule. L'hyperbole est censée contredire une brève de Marsactu  qui mentionnait l'accueil glacial que la CGT du port avait réservé à l'annonce de la nomination de ce proche de la chambre de commerce, issu du monde de la finance. Joint par téléphone pour vérifier si l'adoration est effectivement partagée, le leader syndical rappelle avant toute chose : "Vous savez bien qu'on a tout fait pour qu'il ne vienne pas. Depuis on a discuté, il a fait le choix du dialogue. Mais on n'adore personne". Mais passons sur l'anecdote.

Si son binôme masculin a le verbe haut, Christine Cabau, en poste depuis la mi-mars comme présidente du directoire, pèse ses mots. "Pour la stratégie détaillée, laissez-nous jusqu'à l'été pour y réfléchir et la bâtir", tempère cette ancienne cadre de la CMA-CGM. Son profil plus commercial, à mille lieux des énarques et X-Ponts qui ont dirigé le port jusqu'à maintenant, laisse déjà pressentir des aspirations nouvelles pour Marseille-Fos. Pour ce premier contact avec la presse, les deux nouvelles têtes du port n'entrent pas dans le détail après quelques semaines seulement passées à leur poste respectif.

Feuille de route

Le duo fonctionne plutôt bien. Quand Jean-Marc Forneri parle d'utilisateur, elle le reprend pour préférer le terme de client. Quand il vante Marseille comme 1er port de la Méditerranée, elle corrige. Et apporte des précisions : "Il faut replacer la situation de Marseille-Fos dans la situation post-réforme. Le Ministère des Transports a donné une feuille de route que chaque port décline en fonction de ses caractéristiques. Il s'agit d'une stratégie globale de reconquête". Depuis 2012, elle occupait le même poste au grand port de Dunkerque. "Le port doit être vu comme un facilitateur dans la réussite de projets logistiques, industriels et d'aménagement, précise-t-elle. Il faut faire venir des logisticiens et les accompagner". Comme de bien entendu, le nouveau duo rappelle que le port ne peut pas tout et que certains aménagements en arrière des bassins émanent des collectivités. "Notre rôle est celui de coordinateur entre les différents métiers du transport pour assurer la fluidité", explique Christine Cabau. Avec un million de conteneurs manipulés en 2013, le GPMM peine à affronter la concurrence des autres ports européens. Face un trafic global en chute de 7% l'année dernière, Fos-Marseille souffre d'un manque de diversité dans ses activités, dominées par les hydrocarbures. 

Ce mandat s'annonce donc comme celui d'un tournant stratégique pour le développement du port. "Nous voulons plus de conteneurs et développer le vrac alimentaire", annonce Jean-Marc Forneri, évoquant également le terminal méthanier Fos Faster, symbole du pari du GPMM sur le gaz naturel liquéfié. L'année dernière, la hausse du volume d'activité dans ce domaine était de 4%. "Il s'agit de pallier la baisse tendancielle des trafics sur les bruts [-12% pour les hydrocarbures en 2013]. Mais pour ce projet, on a besoin de l'adhésion des populations du Golfe de Fos".

"Cliente du port pendant vingt ans"

La nouvelle direction fait part également de son attachement au foncier du GPMM. "On n'est pas là pour faire de la promotion immobilière ou des marinas", affirme Jean-Marc Forneri. "Il faut flécher les terrains, complète sa voisine de table. Organiser la complémentarité des bassins est et ouest, donner une vocation industrielle ou commerciale à chaque lieu. Pour que cela fonctionne il faut cibler les activités". La logistique, c'est-à-dire le transport de marchandises, est au coeur de leurs ambitions pour le port. "Nous n'avons pas vocation cependant à nous substituer à des professions portuaires, lance-t-il. En revanche, nous nous sommes engagés à accélérer le processus de décision au sein du port". "On ne maîtrise pas tout le calendrier", commente la directrice du directoire à propos des grands projets d'aménagement où le port n'est pas le seul décisionnaire, ni le seul financer. 

Spontanément, elle n'insiste pas sur son expérience au sein de la CMA-CGM. Plus que son carnet d'adresses, elle met volontiers en avant sa connaissance des attentes côté opérateurs : 

J'ai été cliente du port pendant vingt ans, je connais le langage. Notre souhait sera d'aller au devant des clients, de les écouter et d'organiser avec eux des chaînes de transport fiables et compétitives. 

Au sein du grand armateur, elle a été en charge de lignes internationales, notamment vers l'Asie. Ce profil international devrait lui permettre d'avoir du recul sur ce dont le port a besoin. Lui, se dit "très proche de Total et de Lafarge".  Pour ce premier rendez-vous avec la presse, pas un mot sur les finances du port dont on sait la capacité d'autofinancement limitée notamment par la dette. L'enjeu est de taille puisque c'est de la capacité d'investissement du port que dépendra bien des aménagements pour les années à venir. "Ce sera pour la prochaine fois", promet-on.

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Commentaires

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  1. Dazibaos Dazibaos

    Oh ! c’est le vieux gaudin qui va faire la gueule … lui qui rêve de marinas pour Marseille . Ha ha ha ha

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  2. AMER AMER

    oh! des ambitions pour Marseille! mais dommage, visiblement pour avoir du répondant côté politique, il faudra repasser, vu les résultats qu’on nous prédit pour dimanche.
    bon courage

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  3. Toine Toine

    Au moins une bonne nouvelle aujourd’hui!
    Bonne chance et espérons que ce duo arrive à faire décoller notre port!

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  4. Libero D'Auria Libero D'Auria

    Bravo et mes compliments à Mme Christine Cabau

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  5. Anonyme Anonyme

    bla bla bla … ils feront ce que leurs patrons leur ordonnera ! Quand on vient de la CMA CGM on sait obéir à ceux qui financent.
    J’aime bien le langage : client au lieu d’usager … pour bétonner le bord de mer personne ne manque d’imagination, marinas ou tours, de toute façon ce seront des verrues dans notre paysage .

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  6. Anonyme Anonyme

    Bravo pour l’emphase sur le client. C’est la clé de réussite. Il faut aussi les marinas car la place est disponble et cela permettra de créer des emplois.

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