Faune marine : le port veut limiter les dégâts

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par Mat_
le 22 Août 2012
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Faune marine : le port veut limiter les dégâts
Faune marine : le port veut limiter les dégâts

Faune marine : le port veut limiter les dégâts

Des quais goudronnés à perte de vue, des cargos chargés de containers, les allées et venues des camions qui viennent réceptionner ou livrer leurs marchandises : à la vue du port de Marseille-Fos, la prise en compte de l'environnement semble bien loin. Pourtant les choses bougent, avec une idée originale : s'appuyer sur les ouvrages portuaires (quais, digues…) existants pour contribuer au développement écologique marin dans les bassins Est et Ouest.

Elle a donné naissance au "programme de gestion des infrastructures pour la restauration écologique du littoral (Girel). L'opération est pilotée par le Grand port maritime de Marseille (GPMM), en partenariat avec le Pôle mer Paca. Actuellement en phase préparatoire le budget pour cette année (1million d'euros) , est financé à 80% par l'Agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse, 10 % par le GPMM et 10% par des partenaires privés pour un budget total estimé à 5 millions d'euros sur la totalité de l'opération qui doit s'achever en 2015. Le tout supervisé par un comité scientifique : chercheurs du Centre d'océanologie de Marseille, de l'université de Perpignan, avec l'expertise de l'Ifremer.

"Passable, c'est mieux que médiocre"

"L'idée du Girel, c'est que des milieux artificiels aient une petite valeur écologique pour le milieu marin et qu'ils contribuent  à l'amélioration de l'écosystème marin dans des milieux dégradés", soutient Jean-Michel Bocognano, responsable de l'environnement et du développement durable au port de Marseille. Que ce soient les construction des digues ou les opération de dragages, "l'impact des infrastructures est irréversible. On a détruit des petits fonds côtiers importants pour la reproduction et l'alimentation des poissons, reconnaît-il, tout à fait conscient des limites du projet face à l'ampleur des dégâts occasionnés par les infrastructures portuaires. On pense qu'on peut améliorer la note. Elle sera passable, c'est mieux que médiocre".

Ce vaste projet démarrera en 2013 pour une durée de 5 ans. Au programme : implantation d'algues Cystoseira collées à l'aide de résine sur les digues, introduction de larves sauvages et immersion de récifs artificiels, créations de micro-cavités dans les ouvrages déjà existants sur les 7 km de côte artificielle que compte le port de Marseille (sans compter le bassin de Fos) pour offrir des abris à des poissons soumis à des prédations importantes. Dès ce mois d'août quelques micro-récifs ont été immergés. Une phase d'expérimentation importante pour déterminer lesquels donneront les meilleurs résultats (micro- récifs en béton, en forme d'oursin, en panier…). Une synthèse d'évaluation est attendue pour l'automne avant de procéder à des installations à plus grande échelle fin 2012.

Réactions prudentes

La deuxième phase démarrera avec un programme de suivi sur deux ans pour évaluer l'impact de Girel sur la faune et la flore marine. Pour Renaud Dupuy de la Grand Rive, directeur de l'Association de défense de l’environnement et de la nature (Adena), par ailleurs plongeur et biologiste, il faudra sans doute du temps et aller bien au-delà de la durée programmée de l'opération : "Les récifs artificiels immergés sont globalement efficaces. Mais si aujourd'hui on sait mesurer l'efficacité des nouveaux récifs en structure de panier, il faut être prudent car on a besoin de 10 ans au minimum pour évaluer les résultats. Il arrive qu'au bout de vingt ans certains récifs ne développent pas beaucoup de biomasse (terme désignant la masse des organismes vivants présents dans un milieu, ndlr)."

Et de rajouter  :  "L'opération Girel est une idée intéressante à condition de travailler sur la mise en valeur de ce qui existe déjà. Je préfère travailler sur la biodiversité marine de pleine mer, car c'est là que les poissons se reproduisent pour l'essentiel. Il ne faut pas gérer le milieu marin avec des rustines". Du côté des élus, Pierre Semeriva, vice-président délégué au développement durable de la communauté urbaine de Marseille, reconnaît que "la prise de conscience des impacts des digues est une bonne chose", mais souhaiterait "que les collectivités soient plus impliquées dans les décisions du Port".

Une frustration qui l'amène même à tenir des discours étonnants de la part d'un élu Europe Ecologie-Les Verts : "Est-ce que c'est le rôle du Grand Port Maritime de Marseille de s'occuper d'environnement ? Pour moi la priorité du GPMM consiste à développer l'activité économique du port", estime-t-il. Une manière toutefois de contester à nouveau certaines orientations (développement de la plaisance, création du centre commercial les Terrasses du port…). "Il faut arrêter de séparer et d'opposer l'économie et l'environnement", réagit Jean-Michel Bocognano.

 

Article actualisé le 27 août. Il précise la part des principaux financeurs du programme Girel.

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Commentaires

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  1. arcoa arcoa

    greenwashing quand tu nous tiens!

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  2. Anonyme Anonyme

    mesurettes pour ne pas s’occuper des rejets au grand Congloué par exemple. C’est comme aller chez le manucure avant de se faire couper le bras

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  3. alex alex

    tres bonne initiative les digues ont certe detruit du littoral mais elles sont egalements des recifs importants pour la faune ( c’est d ailleur une zone de vie pour les corbs merous ainsi que pour des especes cible, loups daurade sars…
    les port quand à eux sont egalement riche en vie et malgré tout ont un effet reserves ( il n y a qu a voir le nb de pecheurs qui y pechent malgré l interdiction)
    c est donc une tres bonne idée de chercher à optimiser ces lieux
    en revanche 5 millions d euros c est quand même 3 millions de plus que le budjet 2012 du parc national des calanques ça laisse reveur quand à l avenir de ce parc et des moyens qui y seront employés
    il serait d ailleur judicieux à ce sujet, pour compenser la confiscation du territoire par les zones de non prelevements de creer des recifs artificiels de “loisir” comme ils en existent dans les parc nationaux et amp aux etats unies qui contrairement à nous ont une longue esperience de la gestion des sites naturels et franchement ils ont pas que de mauvaises idées…
    ou pourquoi pas diminuer les znp actuelles afin de trouver un compromis avec les usagers et creer au sein même du parc des recifs de productions et de loisir….

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  4. mmm mmm

    Le Port aujourd’hui, c’est la privation pour un million de marseillais de l’accès aux 7 km de la digue du large sous le prétexte fallacieux de plan Vigipirate… La vraie décision citoyenne serait de faire un vrai effort dans ce sens, le reste c’est le souilleur pire des pollueurs de la mer qui comme on dit à Marseille “se monte la sègue”

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