En pleine restructuration, l’AP-HM va payer 1,2 million d’euros des cabinets de conseil

Actualité
le 3 Oct 2018
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Sous la coupe d'un important plan de restructuration pour combler ses dettes, l'assistance publique des hôpitaux de Marseille va dépenser quelques 1,2 millions d'euros pour s’accorder les services de cabinets de conseil visant à l'accompagner dans sa modernisation.

crédit photo ©AP-HM
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1,2 million d’euros. C’est la coquette somme que s’apprête à dépenser l’Assistance publique-hôpitaux de Marseille (AP-HM), actuellement sous la coupe d’un important plan de restructuration cadré par l’État. Alors que ce plan vise à redresser sa dette d’un milliard d’euros, l’AP-HM a en effet décidé de se payer les – chers – services de cabinets de conseil pour l’accompagner “dans la mise en œuvre des chantiers de modernisation”. Une préconisation de l’agence régionale de santé (ARS). Le 21 septembre dernier, l’Assistance publique a donc attribué ce marché non pas à un mais à trois cabinets de conseil, dont certains n’ont pas forcément bonne presse.

Dans les années à venir, l’AP-HM est censée enclencher quatre grands projets pour redresser la situation. Dirigé par le Copermo (Comité interministériel de performance et de la modernisation de l’offre de soins), le chantier principal est la restructuration architecturale des hôpitaux. S’ajoute à cela un bloc “logistique” qui vise à revoir les prestations des différentes unités. Viendra ensuite un projet qui porte sur le numérique et devra être mis en place une fois les travaux livrés. Enfin, une transformation de l’organisation administrative de l’AP-HM est également prévue. C’est sur ce dernier point que l’Assistance publique estime avoir besoin de l’aide de cabinets de conseil.

“Plus d’une centaine de chantiers pilotés ainsi”

“L’objectif est de faire des efforts massifs dans le processus administratif de l’AP-HM et surtout dans l’accueil du patient. C’est sur ce chantier que va se concentrer en premier lieu McKinsley”, précise Arnaud Vanneste, directeur général adjoint de l’AP-HM, en citant le principal cabinet de conseil de ce marché. Et les objectifs sont précis. “On peut espérer faire baisser de 50 % le temps d’attente à l’admission ou encore de 30 % celle aux urgences”, se projette le DGA qui ne doute pas de l’intérêt de cet investissement conséquent dont le financement est en discussion avec l’ARS. “Plus d’une centaine de chantiers vont être pilotés ainsi. En 2016, 2017 et 2018 nous avons mis en place les choses seuls [l’AP-HM appliquait alors un contrat de retour à l’équilibre financier, NDLR]. Désormais nous avons besoin d’un impact fort et massif comme McKinsley peut le fournir.” Conseils sur le médico-technique, sur l’achat de matériel et de médicaments, et même “optimisation des recettes”, les missions de ces cabinets sont vastes.

Mais si la réputation du cabinet de conseil convainc le directeur adjoint de l’AP-HM, côté syndicat, c’est plutôt l’inverse .“Quand on voit le nom de McKinsley, ce n’est pas très rassurant. Surtout avec les résultats qu’ils ont obtenu à Lyon, c’est à dire aucun”, s’inquiète Audrey Jolibois, pour Force ouvrière. En 2012, dans un article intitulé “consultation à prix d’or”, le Canard Enchaîné dénonçait des prestations chères payées par les hospices civils de Lyon. Le tout pour une efficacité difficilement évaluable. 1,6 millions d’euros pour “un foutage de gueule intégral” y allait carrément un “patron de l’assistance publique” de Lyon cité par le journal satirique.

L’AP-HM, “friande de prestataires extérieurs qui lui coûtent cher”

À Marseille, on n’a pas eu les mêmes échos. “Nous avons eu de très bons retours de Lyon. En 2008, ils étaient dans une situation quasiment similaire à la nôtre. McKinsley est intervenu et depuis 2017, leurs comptes sont positifs”, note Arnaud Vanneste. Le directeur adjoint nuance cependant : “le seul point perfectible, et nous seront très vigilants là-dessus était la pérennisation de la démarche. Quand les consultants partent, ils doivent avoir transmis leur méthodologie pour maintenir les organisations. On a mis les warning là-dessus.”

Au printemps, la chambre régionale des comptes pointait pourtant le recours abusif à ce genre de services extérieurs parfois fort coûteux :

Dans son rapport de 2013, l’IGAS [inspection générale des affaires sociales, NDLR. ] a indiqué que la création d’une direction de l’audit devait « permettre un moindre recours à des prestataires extérieurs, dont l’établissement est très friand et qui lui coûtent cher, et une meilleure utilisation des ressources internes, qui ne sont pas négligeables ».

Sur la période contrôlée, le coût total des audits commandés par l’AP-HM s’est élevé à près de 3 M€ TTC. L’établissement a bénéficié par ailleurs de missions d’accompagnement pour mettre en œuvre ces audits. Or, pour ceux qui rentrent dans le champ du contrôle dont est issu le présent rapport, la chambre a constaté qu’il n’y avait eu ni suivi ni bilan.

De quoi agacer le directeur adjoint de l’AP-HM. “Nous ne sommes pas toujours d’accord avec les rapports de la chambre régionale des comptes et je peux vous dire que nous saurons défendre notre choix”, juge-t-il, sûr de lui. Une certitude qu’Audrey Jolibois est loin de partager. “Je suis très interrogative sur l’intérêt d’un telle démarche. Nous sommes dans une situation financière difficile. On supprime des postes à tour de bras pour faire des économies et on va payer 1,2 million pour que l’on nous dise comment travailler ? Mais alors, à quoi servent nos directeurs ?” Ces derniers assument avoir besoin d’un sérieux coup de main.

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Commentaires

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  1. one live one live

    Tout ca pour dire que les brancardiers embauches après chaque élection se reposent au bar?

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  2. Assedix Assedix

    Il semblerait que ce cabinet fasse si peur à tout le monde que personne n’ose l’appeler par son nom (McKinsey). 😉
    A part ça, je vais peut-être jouer les naïfs mais qu’une institution confrontée à de grands chantiers de restructuration (comme c’est le cas de l’APHM, je crois) sollicite les services d’une boîte de conseil en organisation, cela ne me paraît pas complètement anormal, au fond…

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