[En campagne] Richard Miron laboure sa terre d’élection

À la une
le 4 Déc 2015
2

Dans la dernière ligne droite des élections régionales, Richard Miron cultive ses nouvelles terres d'élection. Après deux défaites, le candidat Les Républicains espère obtenir un nouveau mandat et s'ancrer pour les prochaines législatives.

Richard Miron distribue des tracts devant la poste de la Rose.
Richard Miron distribue des tracts devant la poste de la Rose.

Richard Miron distribue des tracts devant la poste de la Rose.

À la sortie du métro La Rose, les panneaux blancs en rang serré indiquent bien qu’une campagne est en cours. À voir les trombines sur les affiches, il n’y aurait qu’une liste en lice, celle menée par Christian Estrosi. Il est là souriant sur tous les panneaux, flanqué de Renaud Muselier et surmonté çà et là d’un bandeau portant le nom de Richard Miron.

Ce dernier dément mollement que cet irrespect des règles d’affichage attribuant un panneau à chaque liste soit la conséquence d’un mot d’ordre. “Quand je suis là, ils collent sur nos panneaux et ne déchirent pas les autres affiches”. En même temps, il n’y en a pas d’autres. “Si là-haut et ça c’est illégal”, pointe un militant qui montre la sous-face du métro aérien. Jean-Marc Coppola et Sophie Camard sourient aux oiseaux. Ce seront les seuls adversaires politiques que nous croiseront. Le FN est invisible. “On les voit dans les quartiers résidentiels mais ils sont très discrets”, note Miron.

Transfuge du Sud

Implanté durant plusieurs décennies au Sud de la ville où il était conseiller général du canton de la Pointe-Rouge, Richard Miron a choisi de franchir le rubicon Nord/Sud pour chasser sur les anciennes terres du parti socialiste, devenues celles du Front national.

Après une défaite aux municipales en 2014 puis aux départementales en 2015, il continue de labourer ces quartiers où alternent noyaux villageois, cités HLM et lotissements. Il rêve de ravir la circonscription de Sylvie Andrieux, deux fois condamnée et en attente d’une décision de la cour de cassation. Il le dit très clairement : son territoire de campagne est constitué des 13e et 14e arrondissements, élargis à la circonscription de la députée Andrieux. Comme elle jadis il se bat pour mobiliser un électorat largement abstentionniste.

Le coup du coucou

Le candidat aux élections régionales en 12e position est devant la poste du quartier en train de diffuser les tracts pour l’élection de dimanche. En sa compagnie, une grosse poignée de militants et sa jeune colistière Johanna Trovatello, 40e sur liste dans les Bouches-du-Rhône, native du cru. Dans chaque tract tendu est glissée une photocopie titrée “Voter Christian Estrosi et Renaud Muselier, c’est voter Richard Miron”.

Tract de Richard Miron pour les élections régionales.

Tract de Richard Miron pour les élections régionales.

Quand un échange se construit, ce dernier insiste et se pose en représentant des “150 000 habitants” de ces quartiers. Le premier objectif est d’arriver à convaincre ces citoyens désabusés d’aller voter. Le second d’assurer son ancrage local.

“Dimanche, je vérifie si tu t’es levé”, lance Cédric Dupuis à un jeune en associant dans la même phrase nom de famille et bureau de vote. Militant de terrain, il connaît par cœur la géographie électorale. Un peu plus loin, un autre militant rigole avec une jeune fille avant de la présenter au candidat. “Je lui ai promis. Si elle ne vote pas dimanche, je défonce la porte de chez elle”, mime-t-il à grands coups de pied. Charmant. Lui aussi est une figure connue du quartier qui salue et embrasse à tour de bras.

Transfuge d’Andrieux

Pendant près de 15 ans, Feti Farissi était un des militants de base présents au côté de Sylvie Andrieux à chaque élection. Compagnon de route du PS, il était en 9e position sur la liste de Garo Hovsepian au second tour. Celle-là même que Richard Miron ne cesse de fustiger parce qu’elle a permis l’élection du Front national.

Même s’il est clairement mal à l’aise d’être reconnu, Feti Farissi assume son changement de camp. “Je n’ai pas supporté d’entendre des élus socialistes tenir des propos racistes devant moi, explique-t-il. Un copain à moi m’a proposé de rencontrer Richard Miron. C’était plutôt glacial au début et puis on a appris à se connaître.” Il dit apprécier son refus du clientélisme : “Quand on lui parle boulot ou logement, il dit clairement qu’il ne faut rien attendre de lui de ce côté-là et ça, ça me plaît”. En gros, l’inverse de ce que la députée délivrait en campagne.

Envoyer des lettres

Richard Miron approuve ce message. Il en rajoute une couche même : “Je refuse le donnant-donnant. Cela a fait trop de mal à ces quartiers. Je suis pour le gagnant-gagnant. Si je suis élu au conseil régional alors cela permettra de croiser les financements pour réaliser des équipements et tirer ces arrondissements vers le haut. Maintenant, il faut que les gens s’habituent : un élu ne peut pas tout.” Il reconnaît tout de même qu’il reçoit beaucoup et fait des lettres de recommandations. “Quand un père vous appelle pour vous dire que son fils a trouvé du boulot, ça fait plaisir”, sourit-il. Sa nomination récente au conseil d’administration de 13 Habitat en tant que personnalité qualifiée lui permettra d’être très au fait de l’actualité d’un logeur dont le patrimoine est concentré dans ces arrondissements.

Mais ce n’est pas durant ces quelques heures passées sur le terrain qu’on l’entendra commettre le moindre faux-pas. Tout le monde n’est pas ravi de le voir et certains rejettent le tract qu’on leur tend, parfois vertement. “Muselier ? Il est toujours là lui ? Je croyais qu’il avait arrêté la politique”, tance une dame en voyant l’ancien premier adjoint sur le tract. Les récalcitrants sont peu nombreux.

Le soutien commerçant

Changement de décor, avenue de Saint-Jérôme. En ce milieu d’après-midi, peu de passants dans le noyau villageois. En revanche, les commerçants sont ravis de voir “monsieur Miron”. “Vous êtes toujours là”, “on n’a vu que vous”. Le florilège fait penser à une galerie de figurants. “Non, on ne les a pas payés”, sourit Miron. Il n’y a guère qu’au Bar Moderne où un silence se fait à l’entrée de l’aréopage militant. Un soupir perceptible quand les tracts sortent. “Vous nous avez fait peur”, dit un joueur de contrée qui a bien cru à une descente de la Bac.

Peu d’argumentaire dans les échanges. On tend le tract, rappelle l’élection, s’il le faut plusieurs fois et on sourit. Abstention ou Front national, l’adversaire est invisible. Même si la tenancière d’un des bars de l’avenue affirme qu’ils sont tous passés ces derniers mois. Mais les bastions du vote FN sont plus haut, dans les lotissements des bords du massif de l’Étoile.

Le FN au piémont de l’Étoile

“Ils font surtout des scores hauts à Château-Gombert, à Saint-Mitre, aux Médecins, reprend Miron. Là-bas quand on tracte on entend surtout parler sécurité et migrants. Ailleurs, les préoccupations vont surtout vers l’emploi, le logement et le vivre ensemble. Beaucoup en ont marre de devoir se justifier sur leur religion. C’est un sentiment très fort : ils sont Français comme les autres.”

Et que répond-il à ceux sont ouvertement racistes ? “Si ce sont de vrais fous furieux, je coupe court. Si je vois qu’il y a matière à discussion, je leur dit la même chose : arabes ou pas, musulmans ou pas, ils sont Français. Qu’est-ce qu’on fait ? On les met dans les bateaux ? Ici, on est tous des enfants d’immigrés.” Et de chaque côté du fossé d’incompréhension et de défiance, il y a aussi des électeurs qu’il faut convaincre d’aller voter ces deux dimanches.

Cet article vous est offert par Marsactu

À vous de nous aider !

Vous seul garantissez notre indépendance

JE FAIS UN DON

Si vous avez déjà un compte, identifiez-vous.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. leravidemilo leravidemilo

    Le FN est (ici) invisible, “on les voit dans les quartiers résidentiels” dixit R Miron. Nous serons donc nombreux à apprendre que nous résidons dans un quartier résidentiel (j’en suis pour ma part, bien marri!). L’article ne manque pas d’humour (on ne saurait s’en plaindre…) avec cet éminent membre de la Gaudinesque équipe, “cultivant” ses terres, les labourant pour mieux… s’y ancrer. La scène de l’entrée dans le bar moderne est croustillante et la reconversion des ex équipiers d’Andrieux ne surprendra que ceux qui connaissent fort mal leur quartier! La saison des transferts bat son plein, et ce n’est pas à notre adjoint aux sports qu’on en apprend en la matière. Dans le contexte actuel, nous espérons qu’il n’oubliera pas de se faire un coup de pub avec la prochaine esbroufe de marseille capitale du sport, et les affriolantes études préliminaires conduites avec les coachs quataris de l’ICSS, organisme à but non lucratif du quatar (!), dégoté par Promotion Provence et son fabuleux M Distinguin ( votre article du 9 sept 2014, “Le Quatar voit déjà Marseille capitale du sport”.). Il est vrai que ces études-tests étaient (pour une fois) gratuites; ce n’est donc pas là qu’est passé l’argent public nécessaire pour remplir nos piscines …d’eau. (Les recherches continuent.)

    Signaler
  2. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    M. Miron voudrait donc se faire élire au Conseil régional pour “réaliser des équipements”. Belle ambition. Quel dommage qu’il ne soit pas élu au Conseil municipal : on recherche un adjoint aux sports compétents pour “réaliser des équipements” sportifs, piscines , gymnases et tutti quanti qui manquent partout à Marseille…

    Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire