Des ralliés à Macron aux derniers LR, la droite locale prépare sa rentrée

Enquête
le 3 Août 2022
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Alors que les législatives ont achevé de fracturer la droite locale, Lionel Royer-Perreaut, Martine Vassal ou encore Renaud Muselier tentent d'accroître leur influence. En ligne de mire déjà, les municipales de 2026.

Martine Vassal et Lionel Royer-Perreaut en juin 2021. Photo Emilio Guzman.
Martine Vassal et Lionel Royer-Perreaut en juin 2021. Photo Emilio Guzman.

Martine Vassal et Lionel Royer-Perreaut en juin 2021. Photo Emilio Guzman.

C’est dans la touffeur d’un soir d’été, au cœur d’un parc et au son des cigales que la droite locale commence à régler ses comptes. Avec la relative confidentialité de la mairie des 9e et 10e arrondissements pour décor, les convertis au macronisme et les fidèles de LR se livrent bataille les mâchoires serrées. Le 22 juillet, ce secteur fief de la droite doit trancher la succession du maire sortant, Lionel Royer-Perreaut, devenu député Renaissance en juin.

Dans ce camp où la culture du chef qui cheffe est érigée en principe politique, les deux candidatures annoncées sont le symbole d’un affrontement qui prospère. Face à l’héritière officielle Anne-Marie d’Estienne d’Orves, Frédéric Guelle. Cet élu méconnu, professeur d’histoire-géographie, incarne la colère de deux collègues bien plus capés restés chez LR : le précédent député du coin, Guy Teissier, et le vice-président du département et de la métropole Didier Réault.

Les municipales de 2026 déjà en ligne de mire

La dizaine de voix qu’il récolte montre qu’une partie du conseil d’arrondissements n’a pas goûté le ralliement de “LRP” au président de la République. L’ambition marquée du néo-parlementaire est diversement appréciée. Prochaine étape de son cursus honorum à l’ancienne, le voilà déjà tourné vers la mairie de Marseille, prochaine échéance électorale à l’exception des européennes 2024. “Je suis toujours là pour mener des combats politiques”, a d’ailleurs insisté l’intéressé après l’élection d’Anne-Marie d’Estienne d’Orves. Il a déjà son micro-parti et pourra tenter d’utiliser le conseil municipal de Marseille, où il reste élu, pour incarner la voix de la majorité présidentielle. L’objectif ? Défendre le plan Marseille en grand voulu par Emmanuel Macron et prendre le leadership local de la majorité présidentielle dans l’enceinte.

On ne peut pas vouloir reconstruire la droite et le centre et voguer sur des flots macronistes.

Didier Réault, LR

Cette ambition fait grincer des dents au sein de la droite, au sens large, même si chacun commence à se projeter sur l’échéance de 2026. Après s’être présenté face à Didier Réault au premier tour des législatives, certains élus LR réfléchissent à exclure Lionel Royer-Perreaut du groupe municipal pour ne pas lui laisser la main. “Il faudra peut-être qu’il y ait des clarifications, suggère Didier Réault sans se prononcer sur la forme. On ne peut pas vouloir reconstruire la droite et le centre et voguer sur des flots macronistes.”

Au département et à la métropole, la présidente Martine Vassal – qui a voté pour Emmanuel Macron à la présidentielle mais a soutenu Didier Réault aux législatives – n’entend pas non plus lui laisser le champ libre. Selon nos informations, elle compte profiter du départ de Lionel Royer-Perreaut des présidences du bailleur social 13 Habitat et de l’agence d’aménagement Soleam pour commander des audits sur ces deux institutions rattachées aux assemblées qu’elle dirige. Les résultats de ceux-ci, selon leur tendance, ne manqueront pas d’être exploités.

Vassal veut son parti, Muselier aussi

Après avoir vu la grande majorité des candidats qu’elle soutenait être balayés, la présidente du département a elle aussi enclenché son prochain combat électoral. Cap sur 2026 avec une interview en majesté dans La Provence où elle a déclaré courant juillet penser “très fortement” aux scrutins qui s’annoncent. Comme avant les élections de 2020, elle assure pourtant à ceux qui l’interrogent qu’elle s’intéresse essentiellement à l’échéance de 2026 pour conserver sa présidence de la métropole.

Une chose est sûre, Martine Vassal sait combien la division – Yvon Berland, soutenu par LREM, et Bruno Gilles (DVD) étaient aussi candidats en 2020 – peut être mortifère pour cette droite protéiforme. “On a payé pour voir. On a perdu une fois. Et aux départementales, c’est sa survie politique qu’elle jouait. On s’en est sortis de justesse, ça calme”, explique un proche. Elle entend cette fois essayer de se prémunir de toute nouvelle division. À la rentrée, elle proposera de transformer en parti local “Provence unie”, l’alliance rassemblant des élus allant du centre-gauche à la droite classique initiée aux dernières départementales.

La démarche est assez proche de celle entretenue par Renaud Muselier, le président du conseil régional. Lui aussi lancera son parti local à la rentrée. “Cap sur l’avenir-Nos territoires d’abord” veut rassembler un panel proche de celui de “Provence unie” mais à l’échelle régionale. Le but est identique : offrir une chapelle commune, complémentaire et détachée des rivalités nationales. Avec quel but ? Les régionales en 2028, assure-t-on dans son entourage : “Il ne s’emmerderait pas à monter une opération de Menton à Briançon et des Saintes-Maries à Valréas si c’était uniquement pour les municipales de Marseille. Mais il ne s’en désintéressera pas : il se dit que c’est un parti utile pour que [le vice-président LR de la région] Ludovic Perney, Martine Vassal, [la députée] Sabrina Agresti-Roubache, Lionel Royer-Perreaut soient capables de se parler. Et passer de trois listes à une.”

LR à la relance

La fédération LR attend la nomination d’un nouveau secrétaire départemental.

Dans ce contexte où ceux qui ont quitté ses rangs se structurent, le parti Les Républicains regarde cela orphelin de tous leaders. Les membres du Sénat Valérie Boyer et Stéphane Le Rudulier, qui assure l’intérim à la tête de la fédération, ont fait part de leurs intentions de reprendre le parti. La nomination par Paris d’un secrétaire départemental est attendue, avec, parmi les autres noms avancés, ceux des conseillers départementaux proches de l’ancien maire de Marseille Jean-Claude Gaudin, Yves Moraine et Laure-Agnès Caradec. “On a toujours une base militante, il relancer une dynamique, expliquer les fondamentaux, les valeurs. Cela fait longtemps qu’on ne fait plus tout ça”, projette cette dernière.

Leur rôle sera de redresser une fédération désormais bien pâle et qui pourra enfin bénéficier d’un local à la rentrée, dans le Sud de Marseille. Avec l’espoir de profiter des quatre ans qui viennent pour revenir dans le jeu. “Martine Vassal et Renaud Muselier sentent bien qu’aux prochaines élections locales, l’étiquette macroniste ne sera peut-être pas un turbo, mais un fardeau. En conséquence, ils s’organisent déjà pour se ménager un sas, une passerelle avec une droite républicaine qui pourrait ressembler à une bouée de sauvetage”, prophétise un cadre. À quatre ans du scrutin, les grandes manœuvres pour reprendre la mairie à la gauche sont déjà lancées.

Actualisation à midi : ajout d’une citation de Laure-Agnès Caradec

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Commentaires

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  1. Alceste. Alceste.

    Et voilà le cirque Pinder est de retour !
    Les municipales 2026 en ligne de mire de tous les “nullimunicipaliteurs” de la droite locale qui vont ne rien fiche de leurs mandats pendant,4 ans sauf a prendre les sous et ce qu’il va avec et depenser nos impôts pour se payer leurs campagnes électorales.Allons nous voir prochainement la tête de Vassal sur des boîtes à pizzas ou bien des couscoussieres ,cela changerait des sacs a pains
    On reprend les mêmes et on recommence,il manque quand même Maurice du Nocera dans la liste, mais Bruno Gilles est encore là,pauvre de nous..Le petit musée des horreurs est donc au complet.
    Avec cette équipe l’avenir de notre ville peut d’ores et déjà se conjuguer au passé.
    Avec les 25 années de gaudinisme nous pourrons éventuellement en rajouter 5 de plus au crédit du retard marseillais.
    Je viens de relire votre acticle et à la lecture des prénoms de Martine, Valérie ou Lionel je commence déjà à me gratter.

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  2. Tarama Tarama

    Nouveau monde, vieilles lanternes.

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  3. jasmin jasmin

    C’est une grande ville donc beaucoup d’élus. Le sud riche est à droite et pousse contre le nord pauvre à gauche. Que la droite ait 50 facettes (comme la gauche d’ailleurs), ce n’est peut être pas important. Qu’elle se recompose après les alliances macroniennes, ça se comprend aussi. Ces gens entrent en politique pour servir, et rapidement pour se servir. Ils veulent perpétuer leurs revenus et promotions.

    Quel dommage que nos ressources ne soient pas dans des instances apolitiques. Peut être alors le plan du grand Marseille verrait alors le jour, les poubelles seraient ramassées, la ville deviendrait propre, les emplois propres s’installeraient, les enfants auraient tous accès à une education méritée dans la joie, l’incivilité diminuerait, on aurait moins peur de vivre et se déplacer à Marseille sans avoir ses biens arrachés ou cambriolés. Parce que franchement l’image de ces batailles de clochers fait vomir la ville.

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    • MarsKaa MarsKaa

      Un brin dépassé le clivage “Le sud riche est à droite / contre le nord pauvre à gauche”… au sud il y a des gens qui votent à gauche, même des “riches”, et au Nord il y a des gens , même pauvres, nombreux, qui votent à droite, et extrême-droite…

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  4. PromeneurIndigné PromeneurIndigné

    Rien d’autre qu’ un panier de favouilles. Mais dire ça, c’est incontestablement faire injure à ces petits crabes, qui sont si bons … à déguster , en soupe ,autour du feu l’hiver ,quand le mistral souffle.

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  5. mada mada

    Qu’ils partent tous ces versaillais.

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  6. MarsKaa MarsKaa

    La droite marseillaise et ses magouilles avec un seul et même but : avoir le pouvoir (et l’argent) pour soi et ses copains.
    Les citoyens, les habitants, le bien commun, ils s’en tapent.
    Ne compte que leur micro monde.

    On a déjà donné, on n’en veut plus, quelle que soit l’étiquette RPR, UDF, UMP, LR, LREM, “Renaissance”, “Provence unie”, “Cap machin nos territoires”…. toujours les mêmes, dont on n’oublie pas les casseroles, et l’inaction, sur les enjeux essentiels du territoire. On en subit tous les jours les conséquences, même après leur éviction de la municipalité marseillaise. Ya basta !

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  7. Patafanari Patafanari

    Des ralliés à Macron . Des maillons à raclée.

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  8. Lecteur Electeur Lecteur Electeur

    Tous ces gens-là (L.R-P., Vassal, Muselier, Réault, Caradec, etc) ainsi ont bien pour objectif d’être élus et réélus et ils savent qu’ils ne peuvent l’être qu’à condition de faire en sorte que les plus riches en France et dans la région s’enrichissent toujours davantage au détriment de ceux qui travaillent et des précaires.

    En effet, ce ne sont pas les électeurs qui font les élections mais les groupes de presse et de télévision financés justement par les ultra-riches * et à leur service exclusif au-delà de toute les apparences de soi- disant objectivité et neutralité. La publicité est aussi un formidable instrument de décervelage.
    Tous ces gens-là ont aussi favorisé, à un moment ou à un autre, la réélection de Macron qui pour préserver son pouvoir a aussi fait élire le plus grand nombre possible de députés RN : Macron – RN, même combat ! LR -RN même combat également.

    Alors il ne faut pas se faire d’illusions ; Marseille en grand ne sera pas pour là pour favoriser la lutte contre le réchauffement climatique, la propreté de la ville, la rénovation des écoles, le développement véritable et la gratuité des transports publics, la construction d’équipements culturels et de véritables piscines, la végétalisation de la ville avec des couloirs d’ombre et l’installation de fontaines publiques et installations aquatiques.

    * Sur la presse et les TV : “Ces propriétaires n’ont cependant pas besoin de posséder une majorité d’actions au sein des groupes pour exercer leur pouvoir. Ainsi, grâce à des montages financiers complexes, Vincent Bolloré contrôle Vivendi avec 20 % des actions, Arnaud Lagardère contrôle Lagardère SCA avec 8 %, etc.” ( https://www.monde-diplomatique.fr/cartes/PPA )

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    • Alceste. Alceste.

      Et alors ?

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  9. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Des “micro-partis” locaux, une vieille recette utilisée, avec le succès qu’on sait, par Jean-Nono et sa “Farce du 13” au moment où il a senti qu’il perdait la main (et le chéquier).

    Mais un Jean-Nono, un Lionel, une Vassal et un Moraine restent un Jean-Nono, un Lionel, une Vassal et un Moraine, quelle que soit l’étiquette ou la couleur sous lesquelles ils se vendent.

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