[Comment ça va les discothèques ?] “Imaginez, vivre huit mois sans salaire”

Interview
le 13 Nov 2020
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Durant le premier confinement, Marsactu avait suivi les "premiers de corvée" qui continuaient à travailler. Pour cette saison 2, nous nous intéressons chaque jour à celles et ceux que la crise économique frappe avant la crise sanitaire. Pour les boites de nuit, les perspectives de réouverture s'éloignent de plus en plus. Entretien avec Christophe Longo, président du collectif des discothèques en colère PACA-Corse.

Boite de nuit La Joia Aix-en-Provence
Boite de nuit La Joia Aix-en-Provence

Boite de nuit La Joia Aix-en-Provence

Le monde de la nuit est l’un des secteurs les plus frappés par les conséquences de la crise sanitaire. Les boîtes n’ont pas été autorisées à rouvrir leurs portes cet été, période à laquelle elles font plus de la moitié de leur chiffre d’affaires. Cela fait désormais huit mois qu’elles sont fermées. Réunies en collectif depuis octobre, une centaine de patrons de discothèques de PACA et Corse militent pour obtenir plus d’aides de l’État et reprendre leur activité le plus tôt possible. Christophe Longo est propriétaire du club La Joia à Aix-en-Provence et président du collectif.

Comment ça va les discothèques ?

Ça fait huit mois qu’on ne travaille pas. Imaginez, vivre huit mois sans salaire. Ça nous pèse psychologiquement et physiquement. Nous sommes très inquiets. Au delà de l’économie, c’est un drame social et humain. Une collègue qui tient une discothèque a perdu sa maison à cause des dettes. Un confrère a fait une dépression et un autre un infarctus…

On est les premiers à avoir fermé, mais on ne nous a jamais donné la chance de reprendre. Et de fait, c’est des bars et des restaurants qui ont fait notre travail et se sont transformés en discothèques. C’est injuste. Personnellement, je fais entre 100 000 et 150 000 euros de recettes par mois. Là, en huit mois, j’ai perdu près de 800 000 euros. Sachant que 60% de mon chiffre d’affaires, je le gagne en été, période à laquelle on n’a pas été autorisés à rouvrir.

Les aides mises à disposition par l’État vous permettent-elles d’atténuer les difficultés économiques ?

Depuis juin, on a droit à 15 000 euros d’aide étatique par mois. Mais on n’a commencé à les toucher qu’en septembre. On a reçu 45 000 euros pour juin, juillet et août. C’est bien, mais ça reste insuffisant pour les clubs dont les charges fixes dépassent ce montant. Moi, par exemple, elles s’élèvent à environ 25 000 euros par mois. Donc il me manque 10 000 euros pour tout régler. Je suis obligé de piocher dans mes économies, qui ne vont pas durer longtemps. En plus, ma femme travaille avec moi, c’est la gérante de la boite, donc on dépend tous les deux des revenus du club. Nous avons aussi eu droit au prêt garanti par l’État. On a emprunté 120 000 euros mais ça fond comme neige au soleil puis ça reste une dette qu’il faudra rembourser donc ça ne règle pas le problème. 

Le collectif Discothèques en colère PACA Corse, dont vous êtes le président, échange régulièrement avec les politiques. Qu’attendez-vous d’eux ?

Je n’ai aucune idée de la date de la prochaine ouverture des bars et restaurants, mais on veut ouvrir en même temps. Nous avons mis en place un protocole sanitaire que nous allons exposer cet après-midi [jeudi 12 novembre] lors de notre réunion en visioconférence avec le ministre délégué chargé des petites et moyennes entreprises, Alain Griset. À la différence des bars, on a un système qui renouvelle l’air toutes les sept minutes. On est mieux équipés. Puis on a des vigiles qui peuvent veiller au respect du port du masque. Par ailleurs, en attendant l’ouverture, qu’on espère proche, on demande des aides financières supplémentaires car nous sommes en train de tout perdre.

 

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Commentaires

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  1. vékiya vékiya

    Merci pour cet article, je pensais naïvement que toutes les boites de nuit étaient tenues par la maffia et que leur plus gros problème était qu’il ne pouvait plus rien blanchir. Donc, il n’y a pas qu’un problème de flux sortant d’argent plus rien ne rentre aussi. Courage amis clubber.

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  2. jean-marie MEMIN jean-marie MEMIN

    Un rapide examen sur Internet permet de constater que les ”recettes” pour blanchir l’argent ”sale” sont légion.
    Je vous indique l’article dans Wikipédia (qui n’est pas un site gauchiste ou illégal) qu’il reste de nombreuses manière de blanchir l’argent.
    Alors les boites de nuit…!?
    Un fait indéniable: pourquoi les collectivités locales ou l’État n’ont pas de participation dans ces lieux de ”plaisir”?

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  3. MarsKaa MarsKaa

    Y a un truc qui me chagrine…. toutes ces entreprises qui touchent l’argent de l’état, et se plaignent que ce n’est pas assez, met en voudrait encore, ont-elles toujours payé leurs impôts ? Vont elles le faire sans plus jamais rechigner ensuite ?

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