[Marseille Miami] L’île des femmes

Chronique
le 6 Août 2022
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Durant l'été, la dessinatrice Émilie Seto prend les commandes de notre chronique du week-end. En cinq épisodes, elle a choisi de raconter, entre ironie et tendresse, le Marseille de la frime et du clinquant. Pour ce troisième volet, on plonge dans l'imaginaire très féminin vendu par les clubs de bord de l'eau.

(Illustration : Émilie Seto ; cliquer pour agrandir)
(Illustration : Émilie Seto ; cliquer pour agrandir)

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(Illustration : Émilie Seto ; cliquer pour agrandir)

Derrière une quatre voies, entre les palmiers, à côté d’un parking, le SPORT BEACH mène son existence quotidienne de fêtes qui se répètent à l’infini.
C’est Marseille Miami et Dubaï : loin des ambitions piste cyclable du centre-ville la voiture écrabouille tout, et les palmiers décoratifs n’ont jamais eu pour vocation à donner la moindre source d’ombre et de fraicheur.

Comme nombres de clubs de ce pays, la stratégie est simple. Pour récompenser celui qui aura le courage d’aller jusqu’à ces boîtes posées au milieu du nulle part marseillais, il faut promettre et se servir d’un élément de frime aussi intemporel qu’international. Sur leurs photos publicitaires : le champagne et les jolies filles. D’ailleurs on dirait qu’il n’y a que ça, des filles. C’est un paradis perdu de femmes, les mecs sont tous à leur service, ils djisent, prennent leur commande, cuisinent. On dirait que c’est l’utopie au bord d’une autoroute d’un monde de jeunes femmes blanches et minces, prêtes à dépenser beaucoup pour une piscine avec vue sur la mer. Et si elles peuvent se permettre de payer ce qu’il faut pour entrer au SPORT BEACH, pourquoi auraient-elles besoin dans leur vie des hommes pour être autre chose que des accessoires humains vaguement divertissants. En parcourant les réseaux sociaux du SPORT BEACH, du CRYSTAL, du POP CLUB, du R2, les filles rayonnantes ont vu la lumière, elles ne sont sorties de la côte d’aucun homme et ne sont les trophées de personne. C’est l’île des enfants sans travail ni enfant, un dimanche éternel capturé dans une bulle au milieu de l’asphalte et des bagnoles.

C’est une stratégie publicitaire pourtant classique des lieux de divertissement normés jusqu’à la mort d’utiliser la légende déjà ancienne de l’île des femmes. Les photographes le savent que rien n’est plus beau que ça et c’est un rêve simple quand on vit dans la France de Gérald Darmanin.

On regrettera que ces endroits n’aillent pas jusqu’au bout des promesses de leur communication, et ne se servent de ces jeunes femmes que comme une marchandise rêvée.

Et que les femmes elles-mêmes ne voient pas massivement l’intérêt d’un lieu en bord de mer qui aurait le luxe de se passer des mecs, pour une journée ou un soir, ainsi que le montre cette dimension parallèle publicitaire.

 

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Commentaires

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  1. Patafanari Patafanari

    Les blagues sur les blondes remises au goût du jour féministe intersectionnel.

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