César, le mal aimé

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par prammah
le 16 Fév 2010
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César, le mal aimé
César, le mal aimé

César, le mal aimé

Nul n’est prophète en son pays. César Baldaccini,  le déroutant sculpteur de métaux, ferait-il partie de ses enfants du pays dont Marseille honore mal la mémoire. Il est pourtant né ici, en 1921 dans le quartier populaire de la Friche de la belle de Mai.  Il y commence même sa carrière. Sur les conseils d’un voyageur de commerce qui remarque ses dessins, sa mère décide de sa destinée  en l’inscrivant à quinze ans, aux Beaux-Arts de Marseille. C’est là que son parcours artistique commence, ne cessant de croitre jusqu’à atteindre une renommée internationale. Ses oeuvres ont été exposées de par le monde entier, de la Tate Gallery à Londres  au MoMa de New-York. En 2008, la fondation Cartier à Paris lui consacre une exposition dont l’installation est confiée à Jean Nouvel.  Chaque année le cinéma français récompense ses talents avec une figurine que César a conçu et qui porte son nom.
Et Marseille dans tous ça? A part la statue du pouce géant, posée sur un rond point près du MAC, il n’y a rien ou pas grand chose. » Il n’y a aucun lieu, aucune place, aucune rue, il n’y a rien. Sauf une misérable plaque apposée sur un taudis qui appartient à la Ville de Marseille » se désole René Baldaccini, le neveu de l’artiste.
Il y a bien une petite expo accueillie jusqu’au 31 mars à la Fondation Écureuil (6e), mais bon.  Non pas qu’elle soit ridicule, bien au contraire, l’intention est plus que louable. Mais elle se semble  pas à la mesure de l’oeuvre colossale (sur le fond et la forme) du sculpteur.

Pourtant César était attaché à Marseille. Il a même légué à la ville 186 oeuvres majeures, dont 60 compressions, d’une valeur estimée à 183 millions de francs, à condition qu’un musée spécifique soit construit au plus tard pour fin 1997
« Le dossier  avait été mené par Robert Vigouroux et lorsque Jean-Claude Gaudin est arrivé,  il a annulé le projet de son prédécesseur qui ne ne l’emballait pas plus que ça «  explique René Baldaccini avant de se souvenir « pendant 3 ou 4 années sur le Vieux-Port, à côté de la Mairie, il y avait une pancarte indiquant « ici prochainement le musée César » avec tous les intervenants financiers, d’ailleurs César lui même était très fier de son musée . On lui a expliqué par la suite que ce n’était plus possible. »

Au final la ville met en balance le projet. A la place de l’ex-musée César sera construite la nouvelle salle du conseil municipal agrémentée d’un parking souterrain.
Malgré tout, des solutions alternatives seront proposées:  « On lui a suggéré à l’époque, l’ancienne Friche de la Belle de Mai, la villa Pastré ou encore le Chateau Borely. César ne souhaitait pas que ses oeuvres soient exposée  dans des lieux paumés, loin du centre ville. » L’artiste refuse, on ne lui offre pas de site adéquat correspondant aux conditions d’origines (décidément, c’est devenu une marque de fabrique…). N’ayant pas trouvé d’accord, la municipalité va donc lui rendre ce qui lui appartient.

retrouver ce média sur www.ina.fr

Pourtant  César semble avoir déjà conquis le coeur des Marseillais. « L’exposition de la Vieille Charité en 1993 a été la plus fréquentée de l’histoire de Marseille. Rien à voir avec l’expo Monticelli. C’était monumental, je ne me souviens pas des chiffres d’entrée mais c’était un record absolu. » rappelle son neveu. Et ce qui chagrine le plus René Baldaccini, c’est que « César allait pratiquement être le seul à être honoré par Marseille, de son vivant. Ce qui est plutôt exceptionnel ici où l’on  commémore les artistes 2 ou 3 siècles plus tard, à l’image de Monticelli ».

Pour lui la ville a raté sa chance et aujourd’hui, « le musée n’est plus envisageable. Il faudrait pour cela qu’il y ait une nouvelle donation ce qui est aujourd’hui totalement exclu. Les héritières ne le feront pas. » Par contre il rappelle que 17 oeuvres majeures ont été léguées à la Municipalité à la mort de l’artiste regrettant  « que celles-ci ne soient pas montrées et soient en train de se dégrader. » Il aimerait que se crée non pas un musée, mais un espace César.  « Si ces 17 pièces étaient exposées de manière permanente, je pourrais moi-même trouver des collectionneurs qui prêteraient des oeuvres. On pourrait avoir un espace avec environ une centaine de pièces. »
Avec 2013 se rapprochant, le projet pourrait être porteur et réhabiliterait également la mémoire de l’artiste. A cela René Baldaccini répond énigmatique: « je pense que Marseille ne fera rien. L’initiative viendra plutôt d’une municipalité aux alentours qui fera quelque chose de très important. » La balle est lancée, à la Mairie de ne pas rater une deuxième occasion de célébrer la mémoire d’un artiste d’envergure.

Un lienLire une biographie de César

Un lien César et les femmes

Un lien Héritage, la salde César. A lire sur Libération

Un lien « Le nouvel adjoint à la culture est très gentil, il fait de belles déclarations d’intention. Je le crois sincère. Mais il ne peut et ne pourra rien faire face à un aréopage municipal rétrograde qui met en balance un bout de goudron avec une œuvre de César. &
raquo;
explique l’artiste plasticien Julien Blaine dans les colonnes de la Marseillaise, à propos de la politique des musées à Marseille

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Commentaires

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  1. jb jb

    Même le ferry boat ne s’appele plus César…

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  2. meredith meredith

    eh, on s’en fout un peu de césar.

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  3. rendre aux marseillais ce que césar leur a laissé! rendre aux marseillais ce que césar leur a laissé!

    c’est incroyable… comment encourager cette initiative et ce projet? pourquoi pas une nouvelle salle intégralement dédiée à la vieille charité justement? ou a la place du frac une fois qu’il va déménager…

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  4. CLAUDE CLAUDE

    une place “César Baldaccini” a été inaugurée par la Ville de Marseille dans le quartier de St.Mauront à quelques mètres de son lieu de naissance le 11 Juin 2010 sur la demande du CIQ St.Mauront où son épouse était présente.
    René Baldaccini, le neveu de César, a été invité : il n’est pas venu à l’inauguration.

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  5. CLAUDE CLAUDE

    “la misérable plaque” dont il est question a été posée le 21 Novembre 2002 sur la porte de l’immeuble où est né César, soit au 71 rue Loubon (3e) par le Maire Jean Claude Gaudin en présence de son épouse, de sa fille, de nombreux amis et élus, des habitants du quartier, sur l’initiative du CIQ ST. MAURONT.
    Le 11 Juin 2010 on inaugurait une Place à son nom à quelques mètres de là (toujours à l’initiative du CIQ ST.MAURONT)
    Il est vrai que l’immeuble est dans un état de vétusté avancé et qu’il y aurait lieu de le réhabilter. Là aussi, le CIQ est intervenu auprès de la Mairie de Marseille il y a 7 ans, sans réponse à ce jour.

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