Ce que vous avez manqué cet été à Marseille en allant à la pêche : le PS entre campagne des primaires et tambouille locale (2/3)

« Alors c’est pour quand ? » Tout l’été, des rumeurs ont couru sur la convocation de Jean-Noël Guérini chez le juge Duchaîne. Mais, si l’affaire tentaculaire dans laquelle pourrait être impliqué le sénateur et président du conseil général des Bouches-du-Rhône a parfois été citée par les médias nationaux comme un élément de plus dans la saga estivale marseillaise, la confirmation et la date n’est finalement tombée qu’alors que les aoûtiens prenaient progressivement la route du retour.

Même si, comme le précise Le Point, la justice n’a pas forcément chômé pendant ce temps : « le procureur de Marseille, Jacques Dallest, a signé le 12 août un réquisitoire supplétif qui mentionne ces nouvelles qualifications pénales et précise les faits auxquels elles renvoient. Auparavant, le juge Duchaine avait, dans une ordonnance datée du 5 août, résumé les éléments issus de son enquête et susceptibles d’entraîner des poursuites contre Jean-Noël Guérini. » Ce qui a finalement abouti à la bombe lancée le 18 août sur Twitter par le journaliste de France 3 Jean-François Giorgetti : convocation le 8 septembre, avec en vue une éventuelle mise en examen pour association de malfaiteurs.

Les poètes de Solférino

Clos par l’hypothèse d’un tremblement de terre dans la classe politique locale, l’été s’était ouvert sur ce qui avait été abondamment qualifié de « montagne accouchant d’une souris » : le rapport de la commission Richard sur la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône. Car, écrivions-nous début juillet après sa publication, cela arrangeait tout le monde – opposants voulant pousser les feux et mis en cause voulant l’éteindre – et peut-être aussi par contrecoup des attentes déçues – dans le mélange entre affaire judiciaire et fonctionnement interne d’un appareil politique – de ceux qui pensaient voir surgir un bataillon de mafieux.

Seulement cette plongée dans la tambouille du PS13, quand bien même rédigée avec le style compassé des poètes de la rue de Solférino, a tout de même en une trentaine de pages décortiqué, de l’échelon de base que constituent les sections aux investitures des candidats aux élections en passant par la force de frappe financière du CG13, la « domination » de l’institution et de son président.

Taxée de clémence pour ne pas avoir mis sous tutelle la fédé, la commission Richard a également tout de même amené celle-ci à modifier sa gouvernance et instituer des règles allant au-delà des statuts du PS. Dernier élément clé : un paragraphe fixant la règle de conduite à avoir face à « des accusations résultant d’une instance en cours contre un socialiste provoqu[ant] un discrédit collectif », qui a d’ores et déjà été appliqué à Alexandre Guérini – sans qu’on en connaisse les répercussions – et qui plane au-dessus de son frère. En gros, après un « échange » avec la personne concernée, la direction politique du PS doit « si des faits critiquables lui apparaissent établis », appeler à la démission.

Le défilé des candidats à la primaire

Ce contexte très léger n’a pour autant pas empêcher la plupart des six candidats à la primaire socialiste de venir faire campagne et compter leurs forces à Marseille. On a ainsi pu successivement manger des piccata et boire du rosé avec François Hollande entre deux visites à Fralib et au chantier du Cerem sur le J4, se faire éconduire pour une sévillane avec Martine Aubry (qui elle est allée à Arles voir si Guérini n’y était pas) et manger des cornes de gazelle avec Ségolène Royal.

Manuel Valls était lui déjà venu fin mai à l’occasion du conseil municipal spécial sécurité. Et Arnaud Montebourg est annoncé fin septembre pour « parler corruption ». Reste Jean-Michel Baylet, le président du Parti radical de gauche, qui à part illustrer le fait que les primaires sont en théorie ouverte semble promis à un beau gadin.

Pour ceux qui trouveraient que notre été a été bien rose, quoique sombre, et voudraient du vert, ça se passait plutôt en mai/juin avec la venue de Cohn-Bendit, Duflot puis Joly. Quant au bleu UMP c’est ce week-end avec l’université d’été qui se tiendra au parc Chanot. Mais là aussi de Guérini il sera largement question puisque Nicolas Sarkozy a – dixit le Canard de ce matin – prié « la plupart des membres du gouvernement – Fillon en tête – (…) de faire le voyage afin de lancer une offensive « anti-PS sur le thème de la morale républicaine ». Et pour les dossiers politiques de fond, comme l’économie, l’eau, la santé, l’énergie, la cul
ture, rendez-vous demain pour notre dernière partie de la rétro de l’été.