Budget, écoles sécurisées, dispensaire : les dossiers chauds du conseil municipal du 2 avril

Décryptage
le 2 Avr 2021
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Premier conseil un vendredi, premier conseil à distance et premier budget du Printemps marseillais. Ce conseil municipal de Marseille confiné collectionne les premières fois. Passage en revue des principaux dossiers qui devraient nourrir le débat.

Lors du conseil de ce vendredi, le maire va défendre le premier budget de sa majorité. (Photo : Emilio Guzman).
Lors du conseil de ce vendredi, le maire va défendre le premier budget de sa majorité. (Photo : Emilio Guzman).

Lors du conseil de ce vendredi, le maire va défendre le premier budget de sa majorité. (Photo : Emilio Guzman).

Le projet politique d’un maire et de son équipe doit s’incarner dans le budget. Épais document rarement digeste, ce budget fonde les ambitions de l’année à venir. Il permet aux oppositions de poser leurs critiques sur la gestion des deniers publics et les priorités posées. Le brusque retour au confinement va singulièrement émousser les passes d’armes. Pour la première fois, les débats du conseil municipal auront entièrement lieu à distance. Les interventions vont donc se succéder sans effets de tribune, chaque élu restant chez soi.

Autre nouveauté, le conseil municipal se tient un vendredi. Ce rendez-vous de fin de semaine doit devenir une habitude en replacement du lundi, pour limiter les heures supplémentaires le week-end précédent. Il s’agit aussi d’éviter les gros coups de fatigue qui suivent des conseils qui durent désormais près de huit heures. Écoles, hôpital, pollution en centre-ville, les 129 délibérations soumises au vote permettront tout de même de nourrir le débat, notamment sur les ambitions de la majorité que les contraintes budgétaires renvoient à l’année prochaine.

Un premier budget consensuel

Ils disaient avoir découvert des caisses vides, ils ont pourtant trouvé 1,5 milliard d’euros pour construire leur premier budget. Volontiers décrit comme un “miracle” par une adjointe, ce document central traduit bien les contraintes qui pèsent sur la nouvelle majorité, comme nous le détaillons dans les deux articles ci-dessous.

L’opposition, elle, n’y trouve pas matière à scandale. “J’ai l’impression que Roland Blum [l’ancien adjoint aux finances, ndlr] est encore dans les locaux. Jean-Claude Gaudin a dû oublier de lui dire que c’était fini”, ricane Stéphane Ravier au nom du RN qui votera contre, plus pour le marqueur politique que pour le contenu général. Du côté de LR, on n’est pas loin de confirmer cette continuité. “On a des déclarations tonitruantes mais peu de chiffres qui les accréditent. C’est un budget un peu insipide où l’on s’efforce de changer deux ou trois choses pour dire que l’on change tout. C’est finalement la réalité de la gestion d’une commune“, commente Pierre Robin (LR). L’abstention de son groupe viendra illustrer l’absence de “choses qui nous choquent. S’il y avait eu une hausse des impôts on aurait voté contre.”

Quintuplé d’enveloppes budgétaires pour l’école

“Priorité du mandat”. Ces trois mots vont finir comme un tampon à apposer sur toutes les délibérations concernant les écoles. Ce premier conseil budgétaire de l’ère Payan propose donc de nombreuses délibérations qui annoncent le nouveau plan école d’avenir porté par la majorité. Outre le couac lié à la réhabilitation de cinq, puis six écoles GEEP du Nord de la ville, le Printemps marseillais poursuit la mise en sécurité des écoles déjà entreprise par l’ancienne majorité en plaçant notamment des interphones munis de caméras.

Une participation de l’État via le fonds interministériel de prévention de la délinquance permettra d’alléger la facture de 800 000 euros. De la même façon, la Ville remet à neuf la sécurité incendie de nombreux groupes scolaires, pour un montant de 1,5 million d’euros. Enfin, dans un registre moins bâti et plus vert, 830 000 euros seront consacrés aux études préalables à la désimperméabilisation des cours d’écoles maternelles.

Il faut ajouter un million pour les dédoublements de classes et un objectif de 8,4 millions pour l’installation de vidéo-projecteurs… Au total, ce sont 12,5 millions d’euros qui s’alignent dans ces cinq rapports soumis successivement au vote. Une multiplication qui ne convainc pas Pierre Robin, nouveau président (LR) de la commission des finances, qui pointe l’absence d’impact concret sur le budget présenté par ailleurs : “Ce ne sont que des autorisations de programme, sans calendrier. Quand verra-t-on ces vidéo-projecteurs ? J’ai posé la question en commission je n’ai pas eu de réponse claire. Or, on voit que sur les remplacements de chaudières “qui datent de Gaston Defferre” votées au précédent conseil, on n’a que 500 000 euros cette année sur une enveloppe de 6 millions. Ça veut dire qu’il faudra 12 ans…”

Retour sur le temps de travail

Il y a quelques jours, le tambour et la sono de Force ouvrière envoyaient les watts sous les fenêtres du maire. Les agents des crèches de Marseille répondaient à un préavis de grève nationale sur le temps de travail. La délégation menée par le jeune retraité et toujours secrétaire général Patrick Rué était montée discuter de plus larges sujets. Il y était notamment question d’une réduction du temps de travail des agents des écoles et des crèches, “dans le cadre de la situation exceptionnelle de crise sanitaire”.

Pour la seule année 2021, l’ensemble des agents chargés de l’enfance auront droit à une année à 1565 heures au lieu des 1607 heures légales. Au sortir du rendez-vous avec l’un des membres du cabinet, Patrick Rué pestait : “Il serait temps que l’on comprenne que le travail des agents des écoles et des crèches relève bien des sujétions particulières qui permettent de déroger à la durée du temps de travail.”

Contribution au plan de modernisation de l’AP-HM

Le rapport est hautement symbolique dans ce contexte de crise sanitaire, même s’il ne s’agit que d’une confirmation : la Ville va verser 25 millions d’euros en cinq ans à l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM). Cette somme vient abonder les 105 millions d’euros promis par les autres collectivités et les 168 millions d’euros de l’État pour le plan de modernisation en gestation depuis de longues années. Parmi les opérations phares, citons le regroupement dans un nouveau bâtiment à la Timone de la maternité de la Conception et du pôle pédiatrie.

D’autres aspects du plan sont toutefois contestés par les syndicats, soutenus en leur temps par le Printemps marseillais. Le financement doit en effet être complété par la vente d’une partie des hôpitaux Sud, sur laquelle la métropole souhaite installer un campus pour des start-up du domaine de la santé. Et ces réorganisations aboutissent à la fermeture de près de 200 lits, soit 7 % du total.

Questions-réponses sur la zone interdite aux voitures polluantes

L’opposition n’a pas mis longtemps à s’emparer du petit pouvoir tout neuf qui lui a été confié. Chaque groupe politique peut désormais inscrire à l’ordre du jour des projets de délibération, à raison d’un par semestre. Pour sa première, le groupe LR choisit de pousser un des multiples sujets de frottement entre la Ville et la métropole, présidée par Martine Vassal : la zone de faible émission qui doit être créée pour limiter la pollution liée au trafic routier. Concrètement, il s’agit d’interdire les véhicules les plus polluants (classés Crit’air 5 pour démarrer et progressivement jusqu’à Crit’air 3) dans un vaste périmètre autour du centre-ville.

Le texte retrace l’historique de ce dossier poussé par l’État et propose aux conseillers municipaux d’approuver le dossier monté par la métropole, dont la Ville doit désormais porter la concertation auprès des Marseillais. Sauf que la majorité municipale ne l’entend pas ainsi et a inscrit un rapport miroir à la suite de l’ordre du jour, où elle reporte la consultation “à l’issue de la crise sanitaire” et pose comme “préalable nécessaire” la présentation par la métropole d’un “calendrier accéléré” de développement des transports en commun, pistes cyclables et parkings-relais. La loi fixait initialement la date limite de mise en place au 1er janvier 2021.

Un vœu pour la fermeture de la décharge de Septèmes

On se souvient encore de l’instant de campagne. En janvier 2020, Samia Ghali accueillait Ségolène Royal en visite de soutien à sa candidature à la mairie de Marseille. La finaliste de la présidentielle 2007 venait appuyer la fermeture de la décharge de Septèmes-les-Vallons en 2022. Commandé en 2015, du temps où elle était ministre de l’Environnement, un rapport concluait qu’elle “est la seule grande installation du département à générer des nuisances aussi importantes pour les riverains”.

À un an de la date butoir, la Ville tient donc à affirmer dans un vœu son opposition à toute prolongation de l’activité, qui conduit à la traversée de quartiers très denses (Kallisté, La Solidarité, La Granière, Notre-Dame-Limite) par environ 150 camions par jour. Reste à savoir comment cette fermeture s’intégrerait dans l’évolution globale des capacités de stockage d’un département qui risque d’en manquer à l’avenir.

À l’école Ruffi, pas de tri entre les élèves

Pendant 17 ans, l’école Ruffi, dans le 3e arrondissement, a accueilli ses élèves dans des préfabriqués. Alors quand une autre école a commencé à se construire dans le quartier, il semblait acquis qu’elle permettrait d’enfin accueillir les enfants décemment. Pas si évident pour l’ancienne majorité municipale, qui avait expliqué devoir garder de la place pour les familles néo-arrivantes de ce secteur en plein réaménagement, et donc laisser certaines classes poursuivre leur scolarité dans les préfabriqués. La nouvelle équipe a tranché et le conseil municipal actera ce vendredi une modification de la carte scolaire permettant à tous les enfants du quartier de rejoindre le bâtiment flambant neuf.

Des douches pour les sans-abris avenue Maréchal-Foch

La municipalité envisage de transformer les locaux d’une ancienne menuiserie en pôle d’accueil d’hygiène et de santé municipal au 71, avenue du Marchéral-Foch, dans le 4e arrondissement. Il est prévu de réhabiliter les lieux, qui nécessitent de lourds travaux, pour les transformer en huit espaces distincts : accueil, lavage, lingerie, espace administratif, technique, extérieur… Dans ce rapport, les élus auront à valider la création de cet établissement permettant aux femmes et aux hommes qui vivent dans la rue de trouver là de quoi se laver. Jusqu’à son ouverture, les sans-abris pourront faire leur toilette dans un centre temporaire créé rue Crillon (5e). L’annonce de l’ouverture avait généré une passe d’armes politique. Le débat devrait de nouveau être vif sur sur sujet ce lundi.

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