Témoignages sur l’emprise du deal

Ils sont mineurs, adultes, en prison ou en réinsertion, tous Marseillais. Mediapart a recueilli les témoignages de trois personnes sur le difficile retour à la vie “normale” après être passé par le trafic de drogue. “À ma sortie de prison, sans boulot, je retournerai dealer”, pose Benjamin, 21 ans devenu guetteur très jeune dans un quartier du 10e arrondissement. “En sortant de l’école, je traînais souvent avec les gars qui y bossaient. J’ai commencé à fumer mes premiers joints à 12 ans. Un jour, le vendeur m’a dit : “Au lieu de rester là, en bas du bloc gratuitement, tu peux le faire pour nous et en étant payé””, se souvient-il. il décrit aussi le soulagement de pouvoir participer aux frais d’une famille aux lourdes difficultés financières.

Un autre, passé par le haut de la hiérarchie du trafic, explique avoir été contact par un ami pour reprendre la place d’un de ses bras droits incarcéré, pour gérer un point de vente. “Vu ma situation, après quelques nuits de réflexion, j’ai accepté. Je n’avais jamais touché à cela, mais je ne voyais pas la fin de mes petits boulots. Je galérais et j’ai perdu patience”, témoigne-t-il. Arrêté par la suite, le réseau lui a donné les moyens, grâce à l’entremise d’un très bon avocat, de ne pas passer par la prison, et de refaire sa vie, hors de Marseille où il est interdit de territoire. Il est désormais aide-soignant. Quant au troisième, placé en centre éducatif fermé après plusieurs récidives, il mise son avenir sur la possibilité d’obtenir enfin un contrat d’apprentissage. Sans quoi, le retour au deal et à la violence qu’il engendre ou la prison, sont les deux horizons qui le guettent.