Boulevard d’Athènes, le squat qui divise les associations

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le 6 Jan 2016
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Au 25-27 boulevard d'Athènes, un squat s'est mis en place en septembre. L'association Jane-Pannier, acquéreur de l'immeuble, souhaite à terme récupérer son bien. Problème : le précédent propriétaire a laissé des dettes et le représentant de ses créanciers espère une vente rapide. Il assigne donc seize occupants en justice.

Boulevard d’Athènes, le squat qui divise les associations
Boulevard d’Athènes, le squat qui divise les associations

Boulevard d’Athènes, le squat qui divise les associations

Dans l’immeuble haussmannien du 25-27 boulevard d’Athènes, à l’intersection de la rue des Convalescents, les étages paraissent vides. Pourtant, depuis septembre, une partie des bâtiments est occupée par une trentaine de personnes. Croisés dans l’escalier, deux jeunes femmes avec enfants puis un père et sa petite fille se montrent peu loquaces. Seize occupants sont directement assignés pour occupation illégale par le propriétaire qui souhaite les expulser. Mais ils ne sont pas les seuls à être convoqués devant le tribunal le 21 janvier.

Plusieurs figures du combat pour les sans-abri sont à leur côté pour les aider à retrouver leurs droits. Une association baptisée l’Improbable a même été créée pour l’occasion et s’est domiciliée dans l’immeuble. Comme sur la liste des convoqués au tribunal, on y retrouve le psychiatre Vincent Girard qui a notamment créé le Marabout, association d’auto-support des malades mentaux de la rue. On y retrouve également Joseph Ponsot, le responsable de la boutique solidarité – l’accueil de jour de la Fondation Abbé-Pierre, à la Belle de Mai.

Mais problème, les associatifs ne sont pas seulement du côté des squatteurs. On en trouve également côté propriétaire. Le bâtiment a appartenu à l’association de réinsertion sociale SPES mise en liquidation depuis. Il doit bientôt être racheté par l’association Jane-Pannier, qui se donne pour mission d’héberger les jeunes femmes sans-abri. Or la structure qui possède plusieurs sites escomptait bien engager des travaux courant février afin d’y installer un nouveau centre d’hébergement. Du coup, afin de tenir les délais, l’association demande la libération prochaine des lieux.

Lettre d’engagement

“Un beau jour, les gens de Jane-Pannier sont tombés nez-à-nez avec les occupants du lieu. On imagine leur surprise, raconte Joseph Ponsot, de l’association l’Improbable. Mais ensuite une réunion de coordination a été mise en place avec Jane Pannier et son directeur s’est engagé dans un courrier à aider les personnes présentes”. En effet, dans cette “lettre d’engagement” en date du 29 décembre, que nous publions ci-dessous, le directeur Olivier Landes promet d’ “aider les personnes hébergées au 25-27 boulevard d’Athènes dans un accompagnement social en vue d’un relogement”.

L’engagement du directeur est précis, il est stipulé que pour une dizaine de personnes notamment des femmes seules dont les prénoms sont cités, “des propositions très précises ont été faites et la concrétisation pourrait avoir lieu courant première semaine de janvier.” Pour certains cas, Olivier Landes indique que la situation est plus complexe mais que des “pistes ont pu être défrichées”. D’après Joseph Ponsot, “il est clair que nous avons les mêmes objectifs, mettre les personnes à l’abri. Notre but n’est pas de s’approprier un lieu privé”.

Petit bémol, le directeur de Jane-Pannier termine tout de même sa lettre en réitérant son souhait de voir les locaux libérés avant le 15 février afin d’engager rapidement les travaux. Joint par téléphone, Olivier Landes déplore la situation. “Nous avons besoin que le bâtiment soit vide pour valider l’achat. Je suis très embêté car on a l’habitude de travailler avec les associatifs impliqués. Une grande partie des personnes qui logent actuellement dans l’immeuble relève de notre public et ne devrait pas se trouver à la rue”.

Huissier de justice et policiers

Or, cette demande de libération rapide des locaux est perçue par l’association l’Improbable comme un ultimatum. Et Joseph Ponsot prévient :“On partira si le préfet utilise le pouvoir qui est le sien pour réquisitionner des logements”. Pas question de partir donc, si les squatteurs ne sont pas relogés par l’État.

Pour l’heure, l’immeuble est entre les mains de l’administrateur judiciaire, chargé de procéder à la liquidation de SPES et donc de gérer ses biens. Le mandataire judiciaire, chargé de représenter les créanciers de l’association, est bien décidé à faire évacuer les lieux. Cela doit permettre la vente de l’immeuble et ainsi le remboursement des dettes contractées par l’ancienne structure.

Début décembre, un huissier est venu constater l’occupation illégale des appartements. Il était accompagné de plusieurs policiers présents, selon la préfecture de police “pour que l’huissier puisse accomplir son travail en toute sécurité”. Les identités de plusieurs personnes présentes ont été relevées, ce qui a servi de base à l’assignation en justice.

Les membres de l’association l’Improbable ont l’intention de demander au tribunal le respect de la trêve hivernale. D’ailleurs, Olivier Landes le directeur de Jane-Pannier ne se fait pas d’illusion : “L’expulsion ne pourra avoir lieu avant le 31 mars.” En attendant, le dialogue est rompu entre les deux associations qui partagent les mêmes buts, pas forcément les mêmes moyens.

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