Benoît Payan fait de l’école Saint-Louis le projet témoin de son plan de rénovation

Décryptage
le 20 Jan 2022
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La nouvelle équipe municipale marseillaise tient son premier projet d'ampleur pour illustrer son plan à 1,2 milliard d'euros. Et qu'importe si l'école symbole a été pensée pendant l'ère Gaudin, elle permet d'annoncer le démarrage de 17 chantiers cette année.

Pierre-Marie Ganozzi, adjoint au bâti des écoles, et le maire Benoît Payan visitaient le chantier de l
Pierre-Marie Ganozzi, adjoint au bâti des écoles, et le maire Benoît Payan visitaient le chantier de l'école Saint-Louis le 19 janvier. (Photo JV)

Pierre-Marie Ganozzi, adjoint au bâti des écoles, et le maire Benoît Payan visitaient le chantier de l'école Saint-Louis le 19 janvier. (Photo JV)

Il n’y a pas de première pierre, avec son mur factice en parpaing, sa truelle et ses inutiles casques de chantier. Mais pour la symbolique, c’est tout comme. En ce début d’année, un peu plus de trois mois après la présentation de son “plan écoles”, Benoît Payan et son équipe ont voulu mettre un coup de projecteur sur le démarrage opérationnel. L’année 2022 devrait voir pas moins de 17 mises en chantiers et 17 lancements d’études, un rythme sans précédent dans les dernières décennies.

Et c’est donc le chantier d’extension et réhabilitation du groupe scolaire Saint-Louis-gare (15e) qui inaugure la vague. “C’est le premier projet de la grande aventure que l’on a lancée, c’est le premier qui sortira, c’est donc un symbole de ce que l’on souhaite”, souligne le maire de Marseille.

En l’occurrence, le symbole est à double tranchant. De première pierre, il n’y a pas, et pour cause : les travaux ont démarré à l’été 2021. Avant la présentation du plan écoles le 11 octobre et même avant la visite à Marseille du président de la République. Aujourd’hui, une partie de l’ancien établissement est déjà mise à nu, tandis qu’en face les coffrages sont en cours pour monter un nouveau bâtiment. Dans ce quartier de Saint-Louis qui a vu pousser au cours de la dernière décennie le millier de logements du programme Valnatureal, l’opération permet d’augmenter la capacité du groupe scolaire de 70 %, de 17 à 27 classes. Le projet comprend aussi un gymnase, que la Ville souhaite “ouvrir au quartier et à ses associations”, une marque de fabrique du plan écoles. Le calendrier fourni par la Ville débute en 2021, mais le maire est bien forcé de l’admettre : ce projet constitue un des passages de témoin de l’équipe de Jean-Claude Gaudin.

Le chantier permettra de passer de 17 classes à 27. (Photo JV)

Lancée par Gaudin, “inclinée” par Payan

Il y avait quatre ou cinq chantiers comme celui-ci qui étaient déjà avancés et heureusement, non ?

Benoît Payan

Après de premières études de sols en 2016, le marché public a été publié en 2018, conduisant au choix par l’ancienne municipalité du groupement d’architectes et d’entreprises qui est aujourd’hui à l’œuvre. “Il y avait quatre ou cinq chantiers comme celui-ci qui étaient déjà avancés et heureusement, non ?, balaie Benoît Payan avant de nuancer. On lui a donné une empreinte, une inclinaison.” À ses côtés, l’adjoint au bâti scolaire Pierre-Marie Ganozzi abonde : “Là il est derrière moi donc il ne vous le dira pas, mais les architectes sont furieux. Certains nous ont dit “c’est signé, c’est signé”, mais on se débrouille quand même pour mettre notre patte.”

Un examen plus poussé conduit au minimum à doubler ce nombre de chantiers qui enjambent les mandats avancé par le maire, en ne retenant que les projets ayant déjà fait l’objet de marchés publics. Plus généralement, comme l’avait détaillé Marsactu en octobre dernier, l’immense majorité de la première vague de 32 opérations du plan écoles reprend la liste dans le viseur de l’équipe Gaudin. “Ici, le projet avait été enterré pendant des années. Certes l’école était prévue, mais elle n’était pas là”, répond encore Benoît Payan.

Impossible de savoir si la droite, au pouvoir depuis 1995, aurait tenu l’ambition qu’elle affichait, en doublant quasiment son rythme de construction d’écoles. La nouvelle majorité a pour elle d’avoir sécurisé le financement non seulement de cette liste, mais aussi d’un volume sans commune mesure d’autres projets.

Secrets gardés

Comme l’a détaillé Marsactu cette semaine, les négociations avec l’État vont même plus loin que la subvention de 400 millions d’euros. Les conditions de financement, qui passe par le biais d’une société publique dédiée, permettent à la Ville de n’avoir à débourser qu’une somme modique dans les dix années de réalisation du plan, la facture étant lissée sur 40 ans. Titillé sur son budget pour les années à venir, Pierre-Marie Ganozzi tourne autour du pot, mais c’est paradoxalement une réduction drastique des crédits d’investissement à laquelle on devrait assister. En dehors des grands chantiers, l’argent devrait être redirigé en grande partie vers d’autres dossiers municipaux en souffrance.

Dans ce contexte, le défi financier sera pour les prochains mandats et c’est pour l’heure celui de la réalisation concrète qui se pose. Dans la foulée des 17 chantiers d’ampleur de 2022, l’ambition est d’atteindre une quarantaine avant la fin du mandat en 2026, en parallèle d’interventions plus ciblées de “remise à niveau” dans l’ensemble des autres écoles. Mais n’allez pas demander au maire quelles sont les prochaines échéances – “on essaie de se tenir éloignés des calendriers de communication et électoraux”, élude le maire. Pour le détail du planning, on verra donc plus tard. Sans parler des fameuses 174 écoles identifiées, dont la mairie ne compte toujours pas dévoiler la liste. Histoire de ne pas se prendre des premières pierres de parents d’élèves déçus ?

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Commentaires

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  1. jasmin jasmin

    Si on était sûr que cet argent irait totalement en main d’oeuvre et matériaux pour la construction, on serait ravi. Il faut un système de contrôle anti corruption pour cette somme.

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  2. Patafanari Patafanari

    Payan a incliné le projet au grand dam des architectes…. Peut être un petit air « tour de Pise «  penchant vers la gauche.

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