Avec “le professeur Le Rudulier”, la droite compte pousser sa vision métropolitaine au Sénat
Ce jeudi à Aix, la droite tenait son dernier évènement de campagne pour les sénatoriales. Elle axe son programme sur le changement de l'organisation de la métropole, via une réforme territoriale à venir, laissant plus de pouvoir aux maires. Troisième sur la liste, le juriste et maire de Rognac Stéphane Le Rudulier est considéré comme le "spécialiste" du dossier.
Anne-Marie Bertrand, sénatrice LR sortante, Valérie Boyer, Stéphane Le Rudulier et Brigitte Devésa candidats LR - UDI aux sénatorialesen 2020. Photo : PID.
La salle était quasiment vide. “Je crains que l’annonce faite hier soir par le ministre de la Santé ait déjà fait effet”, attaque l’ancienne sénatrice UDI Sophie Joissains. À la tribune du centre des congrès d’Aix, ce jeudi 24 septembre, elle ouvre la dernière réunion de campagne des sénatoriales de la droite au côté du président du Sénat Gérard Larcher, venu en renfort de poids.
Dès l’entame, celle qui a préféré son rôle d’adjointe et de vice-présidente de la métropole affiche l’objectif principal : “Bientôt sera examinée la loi territoriale, dite loi 3D (décentralisation, déconcentration et différenciation) que nous espérons fructueuse et réparatrice pour nos territoires.” Tour-à-tour, les candidats de LR et de l’UDI martèlent dans leurs discours ce qui a déjà porté Martine Vassal à la tête de la métropole : obtenir une réforme territoriale qui déconcentre les pouvoir vers les maires et les conseils de territoire.
Dans l’équipe amenée par Patrick Boré, l’ancien maire de La Ciotat, sénateur depuis août en remplacement de Sophie Joissains, Les Républicains mettent en avant un atout de poids, le maire de Rognac, Stéphane Le Rudulier. Il apparaît en troisième place sur une liste censée incarnée une nouvelle ère, sans Jean-Claude Gaudin, parti en 2017, ni Bruno Gilles, écarté après sa dissidence.
Lire notre décryptage à propos des élections sénatoriales de ce dimanche 27 septembre.
Maire de Rognac depuis 2016 de Rognac et numéro 3 sur la liste sénatoriale, Stéphane Le Rudulier, 46 ans, est présenté comme un homme clef dans les débats à venir. Non seulement très compétent pour contribuer au changement de la loi qui réformerait la métropole, mais aussi excessivement bien réélu, avec 90% des voix au premier tour le 15 mars.
“Challenge sur la réforme de la métropole”
Marsactu a rencontré quelques jours plus tôt ce diplômé de droit public et docteur de Sciences po Aix, dans son bureau de maire. “Il y a un challenge à relever sur la réforme de la métropole et au delà sur l’organisation du territoire bucco-rhodanien pour qu’il fonctionne, présente-t-il alors. Il embrasse la vision chère à la maire d’Aix Maryse Joissains et reprise par la présidente de la métropole Martine Vassal : “Il faut une métropole de projets axée sur ce qui est structurant comme les transports ou l’action économique. Il faut aussi des territoires autonomes sur certaines compétences et qui puissent conserver leurs propres spécificités.” Stéphane Le Rudulier plaide en outre pour un retour à “l’autonomie fiscale” des communes, à l’heure où la taxe d’habitation va disparaitre.
Enfin, il dresse une nouveauté affichée dans la façon de constituer l’équipe autour de Patrick Boré. “Nous représentons chaque territoire du département, dit-il en montrant une carte affiché au mur où les limites de ce qui pourrait ressembler à des circonscriptions sont tracées. Et chacun apporte sa compétence spécifique.” Pour lui ce sera donc la réforme métropolitaine.
“Éminent juriste”
Ce jeudi à Aix, Stéphane Le Rudulier est présent sur scène mais ne s’exprime pas publiquement. Les orateurs le complimentent. Gérard Larcher déroule la place du Sénat dans l’histoire institutionnelle. Il se tourne vers Le Rudulier à chaque chapitre par un “Monsieur le professeur”, pour subtilement feindre une validation de ses propos. La députée Valérie Boyer, “dossard numéro 2” de la liste – qui devrait donc vraisemblablement passer du palais Bourbon à celui du Luxembourg – promet à l’auditoire de “co-écrire la future loi avec vous et notre éminent juriste, éminent spécialiste”.
Dimanche, la droite peut espérer gagner cinq sièges sur huit. Stéphane Le Rudulier a les plus grandes chances d’intégrer le Sénat. Il laisserait donc sa place de maire, un échelon politique dont il se dit “fondamentalement amoureux”. Dans quelques jours, il devrait donc vivre cet amour de loin, tout en s’efforçant de remettre de la proximité dans la loi encadrant les institutions locales.
Commentaires
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« Il faut une métropole de projets axée sur ce qui est structurant comme les transports ou l’action économique. Il faut aussi des territoires autonomes sur certaines compétences et qui puissent conserver leurs propres spécificités.
Pourrait-on m’expliquer pourquoi ce n’est pas le cas est-ce un problème de structure ou simplement un choix de la Présidente qui préfère contenter tout le monde par un saupoudrage d’argent aux différents maires ?
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“Il faut une métropole de projets axée sur ce qui est structurant comme les transports ou l’action économique. Il faut aussi des territoires autonomes sur certaines compétences et qui puissent conserver leurs propres spécificités”
–> On en conclut que l’habitat ne serait pas structurant alors que c’est la répartition territoriale de l’habitat vs activité économique qui pose le problème des transports. Et au-delà, l’absence de mixité sociale est renforcée dans ce partage des tâches! Qu’est-ce que l’autonomie territoriale: refuser les 25% de logements sociaux pour n’avoir que des ménages fiscaux imposables? d’où le souhait de M Le Rudulier (comme des autres):
“Stéphane Le Rudulier plaide en outre pour un retour à « l’autonomie fiscale » des communes, à l’heure où la taxe d’habitation va disparaitre.”
Quel beau programme politique en perspective, tout ça sans le dire ouvertement…
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Appeler M. Le Rudulier “Monsieur le Professeur” est un peu excessif.
D’après l’annuaire de l’Université, il est simplement enseignant-vacataire
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Oui, il a soutenu une thèse il y a 2 ans sur ces questions de fiscalité locale et d’organisation des pouvoirs publics territoriaux.
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