Au tribunal, les néonazis, l’arsenal et le “folklore”

Actualité
le 14 Déc 2022
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Trois néonazis membres de Blood and Honour Hexagone comparaissaient devant le tribunal de Marseille pour "participation à un groupe de combat". Jusqu'en 2015, le groupuscule rassemblait des individus de toute l'Europe dans des soirées où se mêlaient MMA, bières, rock anti-communiste et saluts nazis.

Le tribunal judiciaire de Marseille a accueilli les deux journées d
Le tribunal judiciaire de Marseille a accueilli les deux journées d'audience. (Photo : TB)

Le tribunal judiciaire de Marseille a accueilli les deux journées d'audience. (Photo : TB)

“On était dans un cadre privé entre des gens qui partagent les mêmes opinions”, tente à la barre Loïc Delboy, le chef du groupe. Et cette idéologie commune se caractérisait par les saluts nazis et les chants à la gloire du IIIe Reich, monnaie courante lors de ces réunions. “Cela faisait partie du folklore”, glisse le leader et fondateur de BHH. Dans des lieux tenus secrets jusqu’au dernier moment, entre 200 et 400 personnes festoyaient avec au programme, combats de MMA, bière et surtout concerts de RAC, abréviation de rock against communism.

Les trois leaders du groupuscule néonazi Blood and Honour Hexagone (BHH), nom inspiré des jeunesses hitlériennes, comparaissaient lundi et mardi au tribunal correctionnel de Marseille. Les perquisitions aux domiciles de ces membres ont révélé l’existence d’un arsenal d’armes blanches, ainsi que d’une véritable fascination pour Hitler et le nazisme. Dissout depuis 2019 par un décret du président de la République, ce groupe d’extrême droite organisait jusqu’en 2015 des soirées privées rassemblant des néonazis venus de toute l’Europe.

Couteaux et gadgets à la gloire du IIIe Reich

Pour Loïc Delboy, la procureure a requis un an de prison ferme. Déjà jugé coupable par le passé de violences conjugales, transport d’armes, appels téléphoniques malveillants, harcèlement et violences avec armes, le Marseillais n’est pas éligible au sursis. Fréquemment muni d’une arme de poing à gaz, d’une matraque, d’un poing américain ou d’un de ses deux couteaux décorés d’une croix gammée, il est l’une des têtes d’affiche du néonazisme local. Dans un discours prononcé au cours d’un de ces événements, il appelait notamment “à reconquérir la terre de mes ancêtres, bafouée par ces chiens d’Israël et fils d’Allah”. Selon lui, l’immigration et la mixité sont un danger pour la “race blanche”, dont il loue la suprématie.

Muscles saillants, tatouages dans la nuque, le fiché S de 41 ans n’en démord pas devant la présidente Karine Sabourin. “Ce n’est pas sûr que dans cent ans, nous soyons encore là”, lâche-t-il. Celui qui arborait une grande peinture d’Hitler dans son appartement reste fidèle à ses opinions devant le tribunal. Pour s’en assurer, la procureure Laurie Leblond lui demande son avis sur les drapeaux d’Israël brûlés lors de ses événements. “Vous savez très bien ce que j’en pense”, rétorque-t-il.

Détenteur d’un véritable arsenal, Pierre Scarano estime que “Dès lors qu’on ne pense pas comme il faudrait penser, on a une fiche S”.

Il n’est pas compliqué non plus de connaître l’avis de Pierre Scarano, secrétaire de BHH, sur la question, au vu des nombreux livres faisant l’apologie du nazisme et d’Hitler entreposés chez lui. “De vieilles lectures”, selon celui qui se montre un peu moins vindicatif à la barre. Chauve, tatoué et très musclé, celui qui est surnommé “Pierrot le fou” a le physique de ses idées. À son domicile, un véritable arsenal a été retrouvé : battes de baseball, matraque, taser, bombe lacrymogène, gilet pare-balles, couteaux de combat et un fusil de chasse. Lui aussi fiché par les services de renseignements, il dit n’être qu’un “fervent nationaliste”. “Dès lors qu’on ne pense pas comme il faudrait penser, on a une fiche S”, souffle-t-il. Six mois de prison avec sursis ont été requis à son encontre par la procureure.

Laurie Leblond a été plus sévère avec David Dumas, troisième membre du groupe, en demandant un an de prison avec sursis. Loin du physique de bodybuilder de ses deux compères, ce petit monsieur au crâne dégarni de 51 ans, trésorier du groupe, n’assume pas non plus sa fascination du nazisme. Pourtant, des photographies le représentant seul ou à plusieurs en train d’effectuer des saluts nazis et un certain nombre de livres, revues et gadgets à l’effigie d’Hitler ou liés à son idéologie ont été retrouvés à son domicile. “Ce sont mes lectures”, se défend aussi cet imprimeur de profession. Interrogé à plusieurs reprises par la procureure sur ce qu’il pense du nazisme, il s’en tient à cette réponse : “Je n’en pense rien”. Une batte de baseball et des bâtons de défense ont également été listés dans le compte rendu de perquisition.

Groupe de combat, ou pas ?

Jugés pour “participation à un groupe de combat”, ils nient tous ce que Patrice Payan, l’avocat de Loïc Delboy, juge une “qualification foireuse”. Pénalement, un groupe de combat correspond à une organisation hiérarchisée pouvant avoir accès à des armes et ayant une activité susceptible de troubler l’ordre public. Pour la procureure, BHH rentre dans ces critères. Selon ses anciens membres, il n’y a aucun lien entre les armes retrouvées chez eux et l’activité de leur groupuscule. “Il n’y a jamais eu de débordement dans nos réunions. J’ai parcouru toute l’Europe pour faire ce genre de réunions et je voulais offrir la même chance aux jeunes. La chance de pouvoir passer de bons moments entre nous, entre gens différents de la bien-pensance. Nous, on n’est pas des fans de Jul”, clame Loïc Delboy, pour conclure son propos. Pour ce chef de prévention, ils risquent au maximum trois ans de prison et de 45 000 euros d’amende.

Parmi les cinq autres personnes convoquées à leurs côtés, deux affichaient un lourd passif. Déjà jugé pour agressions racistes et crapuleuses, Jérémy Recagno risque cette fois-ci quatre ans de prison pour infractions à la législation sur les armes. Un mandat d’arrêt a été réclamé, le prévenu ne s’étant pas présenté à l’audience. Loin des soirées festives, Philippe Sarrut affiche à son casier dix condamnations suite auxquelles il avait interdiction d’acquérir une arme. Cinq ans avec mandat de dépôt ont été requis pour avoir constitué un arsenal et en avoir fait commerce. Ils ne faisaient néanmoins pas, ou pas officiellement, partie du groupuscule. Le délibéré sera prononcé ce mercredi à 14 h.

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Commentaires

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  1. vékiya vékiya

    une salle brochette de tordus

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  2. PromeneurIndigné PromeneurIndigné

    Il est surprenant que ces triste sires défenseurs autoproclamés de l’identité française, emploient l’anglais pour se désigner ! À l’évidence ils ne sont pas à une contradiction près !

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