Au bon coin du potelet

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le 2 Jan 2013
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Au bon coin du potelet
Au bon coin du potelet

Au bon coin du potelet

Parfois l'absurde niche au coin de la rue. En tout cas, il a pris durablement ses quartiers au coin de l'avenue Vaudoyer et de l'esplanade de la Tourette, dans le 2e arrondissement. Ce bout de trottoir fait face à la cathédrale de la Major, à quelques mètres de la mairie de secteur. Nous sommes là au coeur de ce qu'on appelle bien pompeusement le triangle d'or de la culture à Marseille : à deux pas du Mucem et de la Villa Méditerranée, juste au dessus du futur musée Regards de Provence. D'ailleurs, les badauds sont nombreux à monter l'esplanade de la Tourette pour prendre en photo les deux bâtiments du J4 en cours de finition.

Une fois, la photo prise, si le promeneur se laisse glisser au fil de la pente jusqu'à la cathédrale, il fait bientôt face à une spectaculaire concentration de mobilier urbain. C'est en soi, un hommage à Raymond Devos. Un panneau indique précisément que le marcheur n'est pas ici le bienvenu. On l'invite même à passer son chemin. Et pour bien signifier qu'il ne convient pas ici de mettre le pied, la puissance publique a consciencieusement planté des barrières à croisillon. Il en y a 39 exactement qui jouent à touche-touche en faisant le tour du coin de rue jusqu'à l'avenue Vaudoyer. Un potelet vient clore cette litanie métallique d'un point d'exclamation fort urbain. Là encore, un panneau invite le passant à passer son chemin en empruntant un passage protégé qu'il aura bien du mal à trouver puisqu'il n'existe pas.

On peut comprendre la logique de la puissance publique : l'avenue Vaudoyer est une des bretelles de sortie du tunnel du Vieux Port qui permet d'accéder au Panier. Les véhicules qui en sortent vont vite ; ce n'est pas franchement un lieu de balade. Mais le trottoir d'en face mène tout de même au futur musée Regards de Provence où il faudra bien accéder à pied. Sans compter qu'à 100 euros la barrière, 35 euros en moyenne le potelet à boule, ce petit bout d'absurde vaut bien ces 5000 euros auxquels il faut ajouter le coût de la main d'oeuvre. Et là, au beau milieu, trônent deux containers de points d'apport volontaire rendus quasiment inaccessible par ce barriérage sauvage. Cela valait le coup de dépenser un million d'euros en campagne de communication pour inciter les citoyens à trier nos déchets. 

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Commentaires

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  1. Vieux-Port Vieux-Port

    Au moins pas de voiture sur les trottoirs… Ce qui semble moins probable sur le nouveau Vieux-Port, où les potelets ont l’air d’avoir tendance à sauter très rapidement. Ca promet.

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  2. Anonyme Anonyme

    C’est pour faire des “grind” en skateboard! Marseille future capitale de la street culture!

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  3. Céhère Céhère

    Potelet ou voiture, choisi ton camp camarade…

    Encore ils sont moins laids que les modèles blancs à bandes rouges, ou aluminium, d’il y a quelques années.

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  4. Charly Charly

    Mais elles ont été installées en quelle année? J’ai l’impression quelles sont placées depuis 2006 ou 2007… Non?

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  5. yvettedu13 yvettedu13

    5000 euros d’argent public dépensés en mobilier urbain pour éviter le stationnement sauvage des voitures?!
    Houaw! Quand le journalisme d’investigation atteint ce niveau d’excellence, on ne peut que féliciter l’auteur qui veille à ce que l’argent public soit utilisé à bon escient! On sent l’influence de julien courbet qui reste encore une référence dans ce style journalistique.

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  6. Picard Picard

    Quand j’était plus petit mes collègues et moi appelions cet endroit “l’autoroute”, malheureusement force est de constater que malgré les travaux qui ont été faits (à moitié) autour de la Major, cet endroit reste fort laid et inhospitalier pour le piéton. À quand un profond réaménagement ? Qu’en pense Mme. Narducci que l’on ne voit pas souvent dans le quartier ?

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  7. La Vigie La Vigie

    En matière de barrières il y en a d’autres tout aussi stupides. Quid de celles “anti-émeutes” positionnées en permanence devant la mairie centrale ? Alors que l’on enlève les barrières autour du Vieux Port à quoi servent celles-ci ? C’est laid, affreux, à deux pas du pavillon M qui va recevoir des milliers de touristes, ne serait-il pas temps de les enlever ?

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  8. cgt cgt

    Ce type de détail d’aménagement est révélateur d’une certaine vision de l’aménagement de l’espace public marseillais. Finalement les barrières c’est moins pour protéger les trottoirs des voitures et faciliter la circulation des piétons que pour rassurer les automobilistes. Là vous pouvez appuyer aucun piéton risquera de traverser… Ailleurs on parle d’espace partagé où tout automobiliste doit être en permanence attentif et où les piétons sont prioritaires. Londres a même un plan de “marchabilité” en centre-ville.

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  9. jeremy jeremy

    Merci pour ce papier, je pense que c’est en recensant minutieusement ce genre de choses que peut se construire une vraie critique de fond de la gestion des espaces publics par les gouvernants locaux… On se souvient aussi, si ma mémoire est bonne, du cri du cœur récent de l’ordre des architectes des BDR sur l’état lamentable de la voirie marseillaise, surtout au vu de la cherté des matériaux employés.

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  10. Ellery Ellery

    Malheureusement la pose de mobilier urbain est un travers nécessaire à Marseille. Seuls les obstacles physiques empêchent les véhicules de se garer n’importe où. Bon, en l’espèce, cela semble plutôt destiné à empêcher les piétons de se balader…
    Et pour ce qui est du prix de ce type de mobilier l’article s’égare un peu. Les potelés sont plutôt aux alentours de 100 € HT et les barrières (type “Palais de justice”) avoisinent les 350 € HT?

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  11. mathon13127 mathon13127

    Pour travailler à une dizaine de mètre de la mairie, je remercie ces barrières. Leur utilité ne concerne point le piéton mais bel et bien les voitures. le stationnement anarchique qui régnait à cet endroit à amener une mesure qui, une fois les voitures dégagées, semble bien absurde. Mais au moment du débarquement des voitures en provenance du Maghreb, la circulation à cet endroit été totalement impossible avec des voitures garées en triple voire même en quadruple files. Rehausser le trottoir et placer des barrières a été bénéfique à l’époque. Maintenant par contre, c’est totalement incongrue.

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