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Après la tour La Marseillaise, Marc Pietri veut acheter le siège du journal

Actualité
le 1 Août 2017
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La Marseillaise négocie avec le patron de Constructa la vente de la majeure partie de son siège du cours d'Estienne d'Orves afin de faire face à ses difficultés économiques. Le projet de Marc Pietri, qui dit vouloir respecter "l'histoire et le patrimoine" de ce bâtiment, pourrait mêler rez-de-chaussée "culturel et ludique" et logements haut de gamme à l'étage.

Après la tour La Marseillaise, Marc Pietri veut acheter le siège du journal
Après la tour La Marseillaise, Marc Pietri veut acheter le siège du journal

Après la tour La Marseillaise, Marc Pietri veut acheter le siège du journal

Certains attendaient Jean-Luc Mélenchon et une antenne de la France insoumise, cela devrait finalement être Marc Pietri, patron du groupe Constructa. En redressement judiciaire depuis novembre 2016, le journal La Marseillaise cherchait un repreneur pour une partie de son siège du cours d’Estienne d’Orves. Selon nos informations, le promoteur de la tour La Marseillaise, en construction de l’autre côté du Vieux-Port, a signé début juillet un protocole de négociations exclusives pour le bâtiment.

Lors de la reprise de l’entreprise par les Éditions des fédérés, en avril 2015, les salariés s’étaient félicités que le projet de la nouvelle direction conserve le siège historique, repris à la Libération au quotidien collaborationniste Le petit Marseillais. Mais depuis, la structure a considérablement fondu, contrairement à son loyer, 27 000 euros par mois, qui pèse sur les comptes. “L’objectif est de retrouver la pleine propriété des locaux dont nous avons besoin pour le fonctionnement du journal. Les locaux de la Marseillaise étaient considérables, au-delà de 5000 m2”, commente Alain Hayot, le président des Éditions des fédérés.

Fin 2012, alors que le journal connaissait déjà des difficultés, la précédente direction avait en effet signé un crédit-bail avec la Caisse d’épargne. Côté face, elle récupérait 2,5 millions d’euros – depuis longtemps envolés – ; côté pile, La Marseillaise devait rembourser jusqu’en 2024 pour retrouver la propriété de son siège. L’accord avec Constructa, lui permettrait de réupérer dès la signature finale une partie réduite des locaux, en pleine propriété.

Ballon d’oxygène

Quelle surface serait ainsi conservée par le journal ? Alors que les premières estimations tournent autour de 800 m2, Alain Hayot précise que “cela fait partie de la négociation”. En l’absence de communication officielle, Jean-Marie Dinh, délégué SNJ-CGT, ne peut que donner écho à la “préoccupation de savoir de quels espaces nous disposerons et l’incidence sur les conditions de travail”, tout en s’inquiétant d’une “gestion par la décroissance”.

À côté de la demande appuyée vers l’État d’une avance d’aides à la presse, la réduction rapide des charges locatives fait partie des pistes pour donner un peu d’air au journal et arriver à la fin de la période d’observation du redressement judiciaire, en novembre. En effet, comme nous le confirme Alain Hayot, il est question que Constructa prenne en charge le versement des loyers à la Caisse d’épargne “avant même la cession et les travaux”.

“On ne va pas le louer à Zara !”

Le projet immobilier s’étire, lui, sur un calendrier bien plus long que les échéances du redressement judiciaire du journal. “On en est au stade des études. On travaille là-dessus avec [l’architecte] Roland Carta, glisse Marc Pietri. Le plus important, c’est de faire le bon projet. On ne peut pas faire n’importe quoi avec ce bâtiment.” Lequel n’est déjà pas évident à appréhender : non seulement une partie appartient à une autre société, dont la Marseillaise est locataire pour certains de ses bureaux, mais il est également situé dans une zone de protection renforcée nécessitant de travailler étroitement avec l’architecte des bâtiments de France. Autre limite : l’Agora des galériens, l’ancienne imprimerie reconvertie depuis 2016 en lieu d’accueil d’événements. “C’est un outil essentiel pour nous, un point de fixation, de rayonnement”, affirme Alain Hayot. Sur ce point, l’accord pourrait s’orienter vers une simple garantie de mise à disposition régulière.

“Si on n’était pas Marseillais, on n’irait jamais sur cette opération”, assure Philippe Bega, directeur général de Constructa. Pour Marc Pietri, l’équation de base est “de respecter l’histoire, le patrimoine et en même temps de trouver une rentabilité des espaces en rez-de-chaussée.” Alors que le potentiel commercial du site a été identifié dans le cadre de la réflexion sur l’avenir de l’hypercentre menée par la mairie de Marseille, le promoteur des Docks village balaye l’hypothèse “d’en faire un centre commercial. On ne va pas louer ça à Zara !”

Son directeur général reconnaît toutefois “un potentiel assez impressionnant au rez-de-chaussée”, mais imagine plutôt un projet dans “l’esprit des Arcenaulx”, avec éventuellement “un espace muséal”, en tout cas “culturel et ludique”. Au premier étage, on trouverait les bureaux du journal et encore au-dessus “peut-être 25 logements avec services, plutôt haut de gamme”. De quoi donner des réunions de copropriété atypiques …

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Commentaires

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  1. Tarama Tarama

    Symboliquement c’est triste. Les affairistes Pietri et Carta, dont on n’abordera pas les compétences esthético-architecturales plis que limitées… qui mettent la main sur ce bâtiment pour en faire “du luxe” (comme tous les ‘projets’ qui fleurissent à Marseille).

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    • Magnaval Magnaval

      C’est quand même toujours mieux que de le laisser tomber en ruine, et cela permettra au journal de réduire ses charges, non ?

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  2. citoyen0013 citoyen0013

    Dommage, le rez-de-chaussée aurait pu être un rouage du “nouveau” modèle économique de La Marseillaise.
    Le journal continue irrémédiablement de perdre des plumes après les fermetures d’agences et les licenciements de journalistes, la vente du siège… Quelle est la prochaine étape ?
    En fait on assiste à une lente agonie… sans apercevoir une idée qui puisse vraiment assurer la pérennité de l’édifice. #tristesse

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