Alteo : Ségolène Royal demande au préfet un nouveau tour de vis… et ne l’obtient pas

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le 26 Sep 2016
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À la veille de la commission de suivi de site sur les rejets en mer d'Alteo, de ce lundi, Ségolène Royal a écrit au préfet. Dans ce courrier que nous révélons, elle réclame un nouvel arrêté encadrant les rejets en mer de l'usine d'alumine afin de réduire les seuils de métaux lourds autorisés dans les rejets. Mais, dans un dossier tenu par le premier ministre, le préfet n'a pas donné suite à cette demande.

Crédit photo : ministère de l
Crédit photo : ministère de l'environnement.

Crédit photo : ministère de l'environnement.

Être là sans être là. Invitée par le maire de Gardanne Roger Meï à assister à la commission de suivi de site sur les rejets polluants en mer d’Alteo, Ségolène Royal intervient à distance et à sa manière. La ministre de l’Environnement a écrit au préfet de région Stéphane Bouillon vendredi 23 (courrier à lire en intégralité ci-dessous) en prévision de la troisième réunion de cette instance qui réunissait élus locaux et représentants d’associations, ce lundi.

Le délai est court mais les instructions sont des plus claires. Parmi elles, l’une se distingue :

Pour ce qui concerne les paramètres faisant l’objet d’une dérogation, je vous demande, au regard de leur impact sanitaire et environnemental, de prendre un arrêté préfectoral complémentaire sans délai pour abaisser les valeurs maximales autorisées fixées par l’arrêté préfectoral du 28 décembre 2015 dès lors que les résultats des contrôles réalisés montrent la faisabilité technique de respecter des valeurs se rapprochant davantage des normes nationales.

En clair, Ségolène Royal demande au représentant de l’État de prendre un nouvel arrêté encadrant l’exploitation de l’usine d’alumine de Gardanne. Celui-ci aurait pour but de limiter encore les dérogations dont bénéficie l’entreprise. Fin 2015, Alteo avait obtenu l’autorisation de rejeter au large du parc national des Calanques des effluents ne respectant pas les valeurs limites pour plusieurs métaux lourds.

Valeurs limites

En effet, lors de cette commission de suivi de site, Alteo a annoncé de “bons” chiffres, bien en dessous des normes fixées. Dès samedi, l’entreprise communiquait sur ce thème. “Pour les périmètres en dérogation, les concentrations sont en moyenne six fois plus basses que les seuils autorisés”. L’entreprise cite en exemple l’arsenic, mentionné également dans la lettre de la ministre, et affirme que les taux constatés sont “déjà très proches de la cible fixée pour 2021”. Une communication reprise par le député de la circonscription, François-Michel Lambert. Présent à la réunion, il s’est fendu d’une série de tweets, diagrammes à l’appui.

Très clairement, Ségolène Royal avait anticipé la communication d’Alteo sur ses résultats. Puisque l’entreprise parvient à des taux de métaux lourds bas, alors la dérogation dont il bénéficie doit baisser également. Pour les premiers mois de poursuite des rejets, Alteo n’avait pas réussi à tenir ses engagements et avait reçu une mise en demeure. Début septembre, en pleine polémique sur les rejets en mer à l’occasion d’un reportage de Thalassa, la préfecture annonçait que les résultats des analyses de contrôle réalisées dans le cadre de cette mise en demeure seraient connus à la fin du mois.

La mise en demeure a été levée, a annoncé le préfet Stéphane Bouillon à l’issue de la séance du comité de suivi qu’il préside. Les rejets sont maintenant conformes.” En revanche, il n’a pas annoncé d’abaissement des taux dérogatoires comme demandé par la ministre. “Nous allons voir avec l’industriel ce qui est techniquement possible”, ajoute-t-il à ce sujet.

En ce sens, il est bien moins catégorique que la ministre de l’Environnement. Par sa lettre que nous publions, Ségolène Royal continue en réalité à se camper en vigie, relais des inquiétudes des associations de protection de l’environnement. Elle occupe ainsi un terrain prisé par Europe écologie-les Verts dont les candidates à la primaire Cécile Duflot et Michèle Rivasi, ont manifesté ce lundi devant la préfecture à l’appel de plusieurs associations.

Mais le dossier reste très clairement piloté par Matignon. En décembre, le premier ministre avait joué un rôle direct dans le renouvellement de l’autorisation accordée à l’entreprise. Le 9 septembre, le député UDE François-Michel Lambert, était à ses côtés lors d’un déplacement à Marseille. Après la diffusion d’images où Ségolène Royal rappelait son opposition à la fois aux rejets en mer et à la décision de Matignon, Manuel Valls avait appelé à la “maîtrise de l’expression” sur ce dossier. Un appel qui sonnait comme une injonction à l’égard de sa ministre.

En guise de conclusion, le préfet a repris un élément de langage commun à tous les partisans de la solution transitoire en cours : “Il est important de faire en sorte que l’entreprise ne parte pas pour aller polluer un autre site, ailleurs dans le monde.” Plus tard dans la soirée, il rappelait par communiqué quelques mesures souhaitées par Ségolène Royal : Alteo s’est engagé à remettre “d’ici au 30 septembre son rapport détaillé en réponse à la demande de la Ministre de l’Environnement” afin de trouver une solution de traitement conforme aux normes nationales. Rapport qui sera complété par une étude sur le devenir des boues stockées à Mange-Garri, l’autre point noir du dossier boues rouges.

La lettre de Ségolène Royal : 

Actualisation à 19h42 : Ajout des résultats de la commission de suivi et de la déclaration du préfet annonçant la levée de la mise en demeure d’Alteo.

Actualisation à 20h30 : Ajout du communiqué du préfet.

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